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La forme insolite du monument est donc

suffisamment expliquée.

Cathédrale de Trèves. La vénérable cathédrale de Trèves date en partie du IVo. siècle, car il paraît certain qu'elle fut d'abord construite par l'impératrice Hélène et par Constantin; mais il est probable qu'elle fut gravement endommagée lors de la grande irruption des Barbares en 407, et réparée dans le V°. siècle : ainsi la partie ancienne de cette église appartiendrait à plusieurs époques. Cette partie commence au-delà des deux grandes tours occidentales et s'arrête du côté opposé au gable qui précède la courbure de l'apside orientale : celleci paraît appartenir au XII. siècle. L'apside occidentale (1), en-deçà des tours, est l'œuvre de l'évêque Popo qui vivait au XIo. siècle (2).

C'est donc le corps de l'église, occupé par une portion de la nef et du chœur, que l'on doit regarder comme la partie ancienne de la cathédrale, mais il faut faire abstraction des décorations, des placages qui ont été appliqués au XII®.

(1) Nous verrons plus loin que les apsides occidentales ne sont pas rares dans les églises de l'Allemagne.

(2) J'ai remarqué plusieurs fragments antiques employés dans la construction de cette partie de l'église.

siècle sur les murs intérieurs et qui masquent ou défigurent la primitive ordonnance; elle se révèle aux yeux de l'observateur qui veut examiner les tribunes surmontant la voûte des bas-côtés : on y voit distinctement où s'arrêtent les placages du XII. siècle et l'on peut se rendre compte de la disposition des voûtes anciennes (1). L'examen des murs extérieurs montre aussi le mode de construction de l'édifice on reconnaît qu'il est presque tout entier en briques d'appareil, liées les unes aux autres par d'épaisses couches de ciment, à peu près comme les murs de l'ancien palais de Constantin, placé tout près de là, et que j'ai figuré dans le 3o. volume de mon Cours d'antiquités (pl. XXXIX bis). Les fenêtres ont leurs archivoltes formées d'un double rang de briques. A l'inté rieur de la grande nef, on remarque dans les murs latéraux du nord et du sud, des chapiteaux corinthiens en partie incrustés dans la muraille et surmontés de quelques portions d'entablement; selon l'opinion commune, ces chapiteaux

(1) Il faudrait des coupes et des plans pour faire comprendre cette ancienne disposition des voûtes des ailes : il y a lieu d'espérer que tôt ou tard on donnera une description de la cathédrale de Trèves, avec de bonnes planches.

appartiennent à la basilique élevée par l'impératrice Hélène; il paraît qu'un grand nombre de colonnes semblables ornaient encore, au XI®. siècle, la partie du choeur refaite au XII. : et près du portail on voit un fût brisé en granite, qui provient de l'une d'elles.

Il est probable qu'il ne reste de la basilique de Constantin que les colonnes dont j'ai parlé, et qui ont été incrustées dans les murailles en briques, au V. siècle; il est néanmoins assez difficile de décider absolument ce qui appartient à l'une et à l'autre époque.

Dans les combles qui surmontent les voûtes actuelles, on distingue quelques peintures à fresque évidemment anciennes, et sur l'âge desquelles je n'oserais cependant me prononcer (1).

Murs du baptistère de Ravenne. J'ai déjà dit que ces murs entièrement construits en briques, et dont la partie ancienne de la cathédrale de Trèves vient de nous fournir un exemple, ont été constamment en usage dans plusieurs parties de l'Italie notamment à Ravenne; l'esquisse que voici du revêtement extérieur de l'une des huit faces du baptistère

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(1) J'ai eu l'avantage de visiter la cathédrale de Trèves avec M. le baron de Paffenhoffen, M. l'abbé Dupré et M. Despinose, membres de la Société pour la conservation des monuments.

de cette ville, fournit encore un spécimen de ce genre d'appareil.

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quelques monuments du midi de la France. J'ai fait connaître la date du baptistère de Ravenne en parlant des mosaïques qui le dé

corent.

Eglise St.-Eusèbe. L'église St.-Eusèbe, au sommet d'une éminence sur la rive gauche de la Loire, à Gennes, arrondissement de Saumur, offre une nef ruinée dont la maçonnerie en petit appareil romain est divisée horizontalement par des cordons de brique. Du côté du Nord se voient une porte (pl. IX, fig. 1) dont l'archivolte est formée de pierres et de briques placées alternativement, et dans la partie supérieure du mur un rang de très-petites arcades semi-circulaires, aujourd'hui bouchées, formées de pierres et de briques. Chacune de ces fenêtres devait ressembler en petit à l'orifice d'un four. Leur diamètre intérieur n'était que de dix pouces environ.

Savenières. L'église du bourg de Savenières, sur la rive droite de la Loire, à trois lieues à l'Ouest d'Angers, comprend plusieurs époques bien distinctes. Le chœur et la tour ne peuvent être reportés au-delà du XIIo. siècle, le bas-côté ajouté du côté gauche est du XV*.; mais la façade de l'Ouest (pl. IV) et une partie du mur latéral de la nef, côté droit, remontent probablement au VIo. ou au VIIo. siècle.

Le parement des murs de cette façade est en pierres carrées, noires ou grises, de marbre et de silex, d'un volume uniforme, comme dans les constructions romaines en petit appareil. On

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