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cette forme s'est conservée dans les tours des églises de Rome.

Par une exception très-remarquable, on avait adopté à Ravenne la forme cylindrique pour les tours les plus anciennes.

Ornements. Il serait difficile, en considérant le peu de monuments anciens qui nous restent, de donner l'énumération précise des moulures employées dans la décoration des édifices religieux de la première époque. On peut affirmer cependant que les figures d'ornement qui se voient dans les mosaïques et les édifices de l'ère gallo-romaine (1), ont été reproduites plus ou moins correctement par les artistes chrétiens. Ils durent en introduire peu de nouvelles.

Les incrustations en pierre de couleur et en terre cuite, les arcades sans ouvertures, à plein cintre, les niches et les fausses fenêtres surmontées d'un fronton triangulaire, furent encore des ornements employés tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des monuments des premiers siècles du moyen âge.

(1) Voir la 8. partie de mon Cours d'antiquités.

Les murs extérieurs offraicnt du reste une grande simplicité : on en jugera par cette

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esquisse représentant les murs latéraux d'une église très-remarquable, St.-Apollinaire in

classe, près de Ravenne, entièrement construits

en brique (1).

Décoration intérieure. Cette simplicité de l'extérieur contrastait avec la richesse de l'intérieur : là les murs étaient plaqués de marbres couverts de peintures, incrustés des plus riches mosaïques.

Les mosaïques principalement employées pour la décoration des apsides, des coupoles et de leurs pendentifs, des murs latéraux, etc., etc. (1), étaient formées de petits cubes en émail opaque de différentes couleurs et souvent

(1) Cette église a subi diverses réparations; elle avait, dans l'origine, été élevée par Julien Argentarius, et consacrée par l'archevêque Maximien en 549. La tribune fut décorée intérieurement par l'archevêque Damien, qui occupa le siège de Ravenne pendant seize ans, et mourut en 705, car on y lit encore: DAMIANVS ARCHIEPISCOPVS FECIT. Des réparations considérables furent faites à cette église par le pape Léon III, mort en 816. D'autres réparations eurent lieu à différentes époques bien moins anciennes ; et il n'est pas certain que les murs que je figure ici soient du VI. siècle ; mais comme ils offrent une identité parfaite avec ceux de plusieurs autres églises de Ravenne, incontestablement du Va. et du VI®. siècle, ils peuvent tout aussi bien que ces derniers être cités comme exemple du mode de construction alors en usage.

(1) Quelquefois même les mosaïques ont été employées à l'ornementation extérieure, dans les façades on les voit ainsi à San Frediano de Lucques, à Ste.-Marie Transtévérine à Rome, St.-Marc de Venise, à la cathédrale de Spolette, etc., etc., mais ces mosaïques ne sont probablement aucunes antérieures au XIIa. siècle.

dorés. Le bleu, le vert, le noir, le rose, le blanc, le brun, le grisâtre sont les couleurs qu'on a le plus employées dans la composition des tableaux ainsi formés de fragments vitrifiés.

Nous n'avons plus en France de ces belles mosaïques en verre, bien qu'elles y aient été nombreuses durant l'ère mérovingienne, ainsi que le prouvent des témoignages incontestables; on a détruit les derniers restes de la mosaïque de l'église de la Daurade, à Toulouse, la seule peut-être qui existât encore en France au siècle dernier; mais on en trouve en Italie, quoiqu'on en ait beaucoup détruit depuis le XVI. siècle pour leur substituer des peintures modernes d'un effet bien pauvre, comparative

ment.

Pour citer quelques exemples, il existe à Ravenne plusieurs mosaïques fort remarqua

bles.

La voûte du baptistère faite, à ce qu'il paraît, dans le V. siècle, par l'archevêque Néon (1), en est ornée toute entière; on y voit

(1) Fontes Ursianæ ecclesiæ pulcherrimè decoravit (Néon, circa 451) musivo et auratis tesselis apostolorum imagines et nomina cameræ circumpinxit parietes. Agnel. pontif. part. 1, p. 237, de sancto Neone.

Jésus-Christ dans le Jourdain, recevant le baptême des mains de St. Jean-Baptiste autour de lui sont les douze apôtres, et plus bas quatre pupitres sur lesquels reposent les livres des saints évangiles, des sièges épiscopaux et d'autres ornements.

La voûte de l'église de St.-Marie in Cosmedin, autre baptistère octogone du VIo. siècle, est revêtue d'une mosaïque représentant aussi le baptême de Jésus-Christ, et les douze apôtres. en pied. Ce sujet paraît avoir été consacré pour les baptistères.

Le sanctuaire de l'église St.-Vital qui date du VI. siècle a conservé ses mosaïques. On voit au fond de la tribune le Sauveur assis sur un globe, ayant deux anges à ses côtés. A droite, St. Vital reçoit la couronne du martyre; à gauche St. Ecclésius offre le saint sacrifice dans le temple qu'il a fondé. Sur la paroi de droite on distingue l'empereur Justinien, suivi de guerriers et de courtisans; près de lui est l'archevêque, St. Maximien, accompagné de deux prêtres. Sur la paroi de gauche, l'impératrice Théodora est représentée suivie des dames de sa cour.

Près de St.-Vital, la petite église bâtie dans la première moitié du V. siècle, par Gallia Placidia, fille de Théodose, est revêtue de

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