Page images
PDF
EPUB

plus voisins de l'autel furent affectés aux rites de la prothèse (1) et à la diaconique (2).

Les vastes dimensions de cette basilique, la nouveauté de sa forme, les richesses que renfermaient ses murs à l'intérieur, étonnèrent les contemnporains et leur arrachèrent un cri d'admiration. L'historien Procope et Paul Silentiaire n'ont pas hésité à l'appeler une œuvre parfaite et à la ranger parmi les merveilles du monde. Sans discuter la vérité ou l'emphase des descriptions des écrivains, sans approuver ni blâmer la critique sévère que l'on a faite plus tard de l'architecture de cet édifice, on peut tenir pour certain que la forme en est remarquablement belle. Justinien bâtit sur le même plan, l'église des Sts.Apôtres, et de St -Michel archange à Constantinople, celle de St.-Jean à Ephèse, etc., etc. (3). Bientôt St.-Sophie devint le type que l'on essaya d'imiter pour les grandes églises de l'Orient. Le plan que j'ai figuré montre la disposition générale de ce temple, et en quoi il diffère des basiliques d'Occident.

(1) Table ou petit autel à quelque distance de l'autel principal, sur lequel on préparait tout ce qui était nécessaire pour la célébra tion de la messe.

(2) Lieu dans lequel on serrait les vases et les ornements sacrés, espèce de sacristie.

(3) Procope de ædif., etc., lib. 1, cap. 14, et lib. v, cap. 1. – Sera di Falco Delie Chiese Siculo-Normanne.

Ce qui avait surtout frappé dans cette belle construction, c'était le parti qu'on avait su tirer de l'emploi des voûtes hémisphériques, et le bel effet de la coupole centrale. On s'efforça donc de la reproduire dans les temples moins considérables, soit qu'on leur donnât la forme d'une croix grecque; soit qu'ils offrissent simplement un carré, ou une enceinte arrondie. Plusieurs églises présentèrent, comme quelques temples antiques, une coupole reposant sur un octogone entouré d'une galerie représentant les ailes des basiliques, et la coupole ou voûte hémisphérique couvrait ainsi la presque totalité du temple. Les églises de St.-Vital, de Ravenne et d'Aix-la-Chapelle, appartiennent à ce dernier type.

Appareils. Le système de construction suivi dans les plus anciens édifices religieux est absolument le même que l'on observe dans les murailles romaines (1). Le petit appareil formé de pierres présentant une surface de trois à quatre pouces sur tous les sens, séparées les unes des autres par une couche de ciment assez épaisse, et parfois saillante, est celui que l'on voit le plus souvent.

(1) V. la 3o. partie de mon Cours d'antiquités.

L'appareil composé de pierres plus larges que hautes, se rencontre moins fréquemment. Il en est de même de l'appareil moyen (voyez dans la seconde partie de mon Cours d'antiquités la description et la classification des appareils).

Le grand appareil n'a été employé que rarement dans les premières constructions religieuses de la France occidentale, si l'on en juge par ce qu'il nous en reste aujourd'hui.

La brique avait été fréquemment employée dans les constructions romaines de petit appareil; elle y avait été disposée par zônes horizontales pour maintenir le niveau des assises, et aussi pour l'ornement extérieur des édifices; ainsi on avait souvent remplacé les moulures et les corniches par des cordons de brique dont la couleur rouge se détachait sur le fond gris ou blanchâtre des murs (1). Le même système se perpétua durant plusieurs siècles du moyen âge; on fit même de cette opposition de couleurs un des éléments de la décoration extérieure des édifices et des briques de différentes formes furent incrustées dans les murs de manière à produire des dessins symétriques.

(1) V. la 3o. partie de mon Cours d'antiquités.

[ocr errors]

Quelques églises sont entièrement construites en briques, on remarque alors entre chaque assise une couche épaisse de mortier; ce mode de construction a été général en Italie, où, depuis l'empire romain jusqu'à nos jours, on a fait un grand usage de la brique.

Colonnes et pilastres. A Rome et dans les anciennes villes où les monuments romains. pouvaient fournir des colonnes, on les employa à soutenir les arcades des nefs; nous en trouvons une prodigieuse quantité en Italie, mais dans nos contrées beaucoup moins favorisées sous ce rapport, on remplaça souvent les colonnes par des piliers carrés (pl. VIII, fig. 1), comme on en voit à l'intérieur de plusieurs églises antérieures au X. siècle, notamment dans celles de St.-Martin d'Angers (pl. IV), et de la Basse-OEuvre à Beauvais, etc., etc. Les piliers dont je parle offraient de simples prismes carrés, pourvus de leurs corniches, mais qui n'étaient point couverts de ces demi-colonnes engagées dont l'usage devint presque général dans la suite.

Entablement. Les altérations qui s'étaient manifestées dans l'entablement des édifices au IV. siècle ne firent qu'augmenter dans les premiers siècles du moyen âge; partout on vit les

arceaux des voûtes reposer sur les chapiteaux des colonnes souvent on supprima les frises et les architraves, pour ne conserver que des corniches supportées quelquefois par des consoles ou modillons.

Dans bien des monuments ces modillons ne portaient aucun ornement et figuraient simplement l'extrémité d'une poutre taillée en biseau (voyez le modillon no. 1, pl. VIII).

Les modillons offraient ainsi beaucoup de rapport avec ceux que l'on voit dans les monuments romains des derniers temps, et même dans ceux du III. siècle : les bains de Dioclétien à Rome en présentent qui ressemblent tout-àfait à ceux de nos anciennes églises.

Fenêtres. Les fenêtres, toujours cintrées étaient d'une dimension moyenne (environ deux, trois ou quatre pieds de hauteur, sur un pied et demi ou deux pieds de largeur) ayant ordinairement en hauteur le double de leur largeur (voyez la pl. VIII, fig. 1-3 4). Elles n'offraient point de colonnes à l'extérieur, et le cintre qui les couronnait reposait presque constamment sur les pieds-droits de la maçonnerie. Ce cintre lui-même était d'une grande simplicité et rarement décoré de moulures; on n'y voyait le plus ordinairement qu'un rang de pierres symétriques (pl. VIII, fig. 3).

« PreviousContinue »