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l'ordonnance de cette façade avait beaucoup de rapport avec celle de l'église de Civray, et l'on peut, en se reportant à cet édifice, rétablir par la pensée l'élévation de N.-D. de Parthenay.

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Des différences notables distinguaient pourtant les deux édifices; car il n'y avait qu'une porte à Parthenay et l'on n'y trouve pas au rez-de-chaussée les deux arcades bouchées qui existent à Civray; mais on y voit comme dans la façade de cette dernière église, au-dessus de l'espace qu'auraient occupé ces arcades latérales, si elles eussent été construites, deux arcs dont l'un renfermait une statue équestre et l'autre un personnage affourché sur un quadrupède dont il n'est pas facile de déterminer l'espèce. Il ne reste plus que la trace de ces bas-reliefs qui ont été détachés et dont le jardin voisin renferme quelques débris. Les archivoltes de ces deux arcades sont admirablement sculptées; c'est de l'une d'elles que sont tirées les moulures flabelliformes dont j'ai présenté l'esquisse (p. 128).

La porte centrale ornée de quatre archivoltes à personnages, comme celle de Civray, offre un grand intérêt.

Dans l'archivolte extérieure on voit les vieillards de l'Apocalypse au nombre de six, vêtus de longues robes, ayant de longues barbes et

une couronne sur la tête, tenant de la main la plus voisine du tympan une longue fiole et de l'autre un violon à trois cordes ; ces figures ont le plus grand rapport avec celles de la porte de Chartres.

Dans la seconde archivolte sont d'abord deux personnages montrant une figure dont il ne reste plus que la place (peut-être l'image de la Vierge) et foulant aux pieds des animaux ; quatre autres personnages, deux de chaque côté, portant le casque en tête, des boucliers arrondis en-dessus pointus en bas, et revêtus de jacques de mailles, tenant de la main droite une épée à deux tranchants, représentent, ainsi que je le disais tout-à-l'heure (p. 199), les vertus terrassant les vices.

Au troisième rang se voient six anges, les uns la tête en bas, les autres debout. Les deux anges placés au sommet de la courbure tiennent un médaillon au centre duquel est l'agneau le pied sur le livre des sept sceaux : c'est au moins ce que je crois avoir distingué, malgré la détérioration de la pierre à cet endroit.

Au quatrième rang on distingue, au sommet, J.-C. la main droite levée et un livre dans la gauche, encadré dans un médaillon que des anges soutiennent.

Toute l'ornementation est traitée avec une rare perfection.

Les chapiteaux des colonnes du portail sont couverts de petits personnages très-bien sculptés, mais déjà rongés par le temps.

La partie supérieure de la façade, aujourd'hui détruite, était, à ce qu'il paraît, ornée de plusieurs statues dont les débris sont dans le jardin du couvent voisin (1).

Comme on le voit, les archivoltes du portail de N.-D. de La Coudre ont beaucoup de rapport avec celles du portail de Civray.

Ces deux églises, les cathédrales de Chartres, d'Angers et du Mans, et quelques autres édifices, fournissent les exemples les plus anciens de

(1) C'est proħablement de quelques pilastres de l'église que proviennent deux chapiteaux, incrustés aujourd'hui dans les piliers de la porte du couvent sur l'un est représenté le sacrifice d'Abraham; au moment où Abraham va frapper son fils Isaac qu'il tient de la main gauche par les cheveux, un ange lui amène un bélier qu'il tire par les cornes. La laine de l'animal ressemble assez à des écailles. Sur F'autre chapiteau est un cheval bridé et sellé (on distingue la boucle de la sangle et les étriers). Un guerrier éperonné, couvert d'une jacque de maille, et armé d'un bouclier oblong et d'une épée à deux tranchants paraît frappé mortellement au front par une pierre que son adversaire dont le bouclier est à terre lui a probablement Tancée. Peut-être serait-ce le combat de David contre le géant Goliath. On ne voit pas de cheval à côté de David, et le géant était decendus du sien pour combattre son adversaire à pied..

l'emploi des statuettes tapissant les voussures des arcades, système qui se développa surtout au XIII. siècle dans les portails du style ogival.

PORTAIL ST.-TROPHIME A ARLES. Le portail de St.-Trophime forme saillie sur le mur occidental de l'église et se termine par un fronton dont la corniche porte sur des modillons.

Une porte unique divisée en deux parties par une colonne s'ouvre au milieu de ce corps avancé. Dans le tympan, J.-C. sur son trône tient la main droite élevée et la gauche appuyée sur le livre fermé les quatre animaux symboliques occupent leurs places ordinaires autour du cadre elliptique qui entoure la figure du Christ.

Dans la première voussure sont des anges en adoration, et au haut de l'arc d'autres anges sonnant de la trompette pour annoncer le Jugement dernier.

Des colonnes en nombre égal de chaque côté de la porte, soutiennent une frise couverte de figures sur la partie de cette frise qui occupe le diamètre de l'arcade, sous le tympan que je viens de décrire, se voient les Apôtres; là, comme au Mans et ailleurs, ils paraissent former le conseil de Dieu. Le prolongement de cette

frise, à droite du spectateur et à gauche de J.-C., montre les réprouvés enchaînés avec une même corde dont le démon tient l'extrémité, et marchant au milieu des flammes : les élus occupent le côté opposé, à droite du Christ (à gauche du spectateur).

Au-dessous de la frise, entre les chapiteaux des colonnes, sont d'autres bas-reliefs représentant différents sujets, la plupart ayant rapport à l'histoire de J.-C. (la Nativité, l'adoration des Mages, la fuite en Egypte, etc., etc.). Des statues sont placées entre les colonnes et les bases de celles-ci, ornées de diverses moulures, reposent sur un piedestal continu.

Comme on le voit, je ne fais qu'indiquer la disposition générale sans parler des détails qui sont tous très-intéressants; mais cette description m'entraînerait trop loin, le portail de St.-Trophime a d'ailleurs été décrit plusieurs fois et l'on en possède plusieurs gravures et lithographies. M. Du Sommerard se propose d'en publier une vue qui l'emportera sur toutes les autres.

St.-Trophime est de la seconde moitié du XII. siècle (1154).

PORTAIL DE ST.-GILLES. Le portail de St.Gilles est bien plus remarquable encore que

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