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religion, des sanctuaires accessibles seulement aux prêtres et à quelques élus; le peuple n'y pénétrait pas (1). L'éloignement que les premiers chrétiens avaient pour tout ce qui rappelait l'ancien culte, influa sans doute aussi sur le choix qu'ils firent des basiliques; car ces édifices ayant une destination toute civile, étaient, à leurs yeux, exempts de la souillure dont ils croyaient les temples entachés.

Les basiliques une fois transformées en églises, il ne fut pas difficile d'adapter les cérémonies religieuses à la disposition du local.

L'évêque ou le prêtre qui officiait entouré des prêtres assistants se plaça au fond de l'hémicycle appelé tribune, où siégeaient auparavant les juges, sur un siège cathedra, ordinairement en marbre, et qui s'élevait au-dessus des bancs en pierre adossés à l'apside, destinés aux autres prêtres de là il dominait et présidait l'assemblée (2). L'espace réservé aux avocats entre l'hémicycle et les nefs devint une enceinte

:

(1) Mémoire de M. Quatremère de Quincy, sur les temples antiques.

(2) Il existe des siéges épiscopaux au fond des apsides de plusieurs églises de Rome; mais beaucoup ont été refaits à diverses époques: celui du pape Silvestre que l'on montre dans le cloftre St.-Jean de Latran et celui qui est à St.-Etienne-le-Rond dans une chapelle peuvent être cités comme exemples de la plus ancienne forme usilée.

privilégiée pour les chantres et les ecclésiastiques, par suite de cette circonstance il prit le nom de chour; l'autel fut placé à peu près entre le chœur et le presbyterium ou tribune.

En avant de l'autel on plaça une chaire que l'on appela ambon, dans laquelle on montait de deux côtés différents et où l'on venait lire l'épître et l'évangile.

Dans quelques églises de Rome on voit encore deux ambons (St.-Clément, St.-Laurent, St.Marie in Cosmedin, etc.), mais il paraît que dans l'origine il n'y en avait qu'un seul.

M. l'abbé Barraud, de Beauvais, auteur de recherches intéressantes sur l'ancienne liturgie, remarque que saint Cyprien mentionne seulement un ambon qu'il appelle pupitre. Dans l'ancien ordre romain il n'est également question que d'un ambon, soit pour chanter les répons, soit pour lire l'épître et l'évangile (1); j'ajouterai que dans les nombreux renseignements que nous fournit Anastase, le bibliothécaire, sur les anciennes basiliques de Rome, il n'est jamais fait mention que d'un ambon : il n'y avait aussi qu'un ambon dans les églises élevées à Ravenne au V. et au VI. siècle.

(1) Pour lire l'épître, on montait par l'escalier placé du côté droit, et par l'escalier gauche pour lire l'évangile : l'ambon était quelquefois intérieurement divisé en deux parties répondant aux deux escaliers.

Ainsi les ambons placés dans quelques églises de Rome, l'un à droite, l'autre à gauche, soit dans le chœur soit dans la nef, ne sont probablement pas aussi anciens qu'on l'a supposé. Ils sont à pans coupés ou carrés et ne ressemblent guère à ceux de Ravenne dont l'ancienneté ne peut être révoquée en doute: ces derniers sont cylindriques avec deux ouvertures garnies de panneaux (A, B) faisant l'office de parapets et répondant à deux escaliers, comme le montre

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cette esquisse de l'ambon que l'on voit dans l'église du St.-Esprit (1).

(1) On croit que cet ambon remonte au VI. siècle, le soubasse ment et les deux escaliers par lesquels on montait ont été détruits. Il existe dans l'église métropolitaine de Ravenne un autre ambon en marbre, beaucoup plus riche et dont la date est certaine,

Les galeries ou nefs des basiliques furent occupées par les fidèles: le côté droit était celui des hommes et le gauche celui des femmes. Une portion de la galerie centrale était réservée pour les cathécumènes qui ne participaient pas encore à la célébration des mystères, mais qui venaient seulement écouter les instructions.

Lorsqu'il y eut deux ordres de colonnes dans la nef centrale, et qu'il régna une galerie audessus du premier ordre, ces espèces de tri

puisqu'une inscription atteste qu'il fut fait par l'évêque Agnellus, qui vivait au VI. siècle : il est orné sur chaque face de 36 cadres ou panneaux quadrangulaires en bas-reliefs, disposés sur six lignes parallèles (V. la pl. 1re. bis); dans chacun de ces cadres on a représenté des animaux symboliques: le même animal se trouve répété dans les 6 cadres disposés sur la même ligne; ainsi : Dans le rang supérieur sont six agneaux;

Au second rang six paons;

Au troisième rang six daims;

Au quatrième rang six colombes ;

Au cinquième rang six oiseaux ressemblant à des canards;

Et au sixième rang six poissons.

Dans l'église St.-Jean et St.-Paul, il existe un autre ambon qui fut fait à la fin du VI. siècle par un certain Adeodatus, premier écuyer de l'Exarque. Il est décoré absolument de même, excepté que St. Jean et St. Paul ont été figurés en regard dans les deux cadres qui commencent et terminent la première ligne.

Dans une des églises d'Ancône, j'ai observé un ambon de la même forme que celui de l'église du St.-Esprit de Ravenne, et qui remonte au temps du pape Sergius (peut-être Sergius II qui vivait au IX. siècle). Aucun de ces ambons n'affecte la forme de ceux des églises de Rome.

bunes furent réservées aux veuves et aux vierges qui se consacraient à la prière (1).

Pour rappeler les temps de persécution où les fidèles célébraient les mystères dans les catacombes, sur les tombeaux des martyrs, on creusa sous l'autel un caveau dans lequel on déposa les restes des chrétiens morts en odeur de sainteté.

Ce caveau fut appelé la confession, en mémoire des martyrs qui avaient versé leur sang pour confesser la foi chrétienne, et dont il contenait les reliques,

Enfin on ajouta à quelques églises une cour carrée entourée de portiques, dans laquelle les cathécumènes se retiraient pendant la célébration des cérémonies auxquelles il ne leur était pas encore permis d'assister.

Les basiliques adaptées de cette manière au culte chrétien, devinrent le type de presque toutes les églises qui furent construites en Occident, au IV. siècle (2). Leur forme reçut

(1) On voit à Rome des galeries dans les églises de St.-Agnės, de St.-Laurent hors les murs, dans celle des Quatre-Saints couronnés, etc.; mais un grand nombre de basiliques en étaient dépourvues, et les colonnes du premier ordre supportaient un mur droit dans lequel s'ouvraient les fenêtres.

(2) Quelques églises seulement furent construites sur d'autres

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