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Quoique les architectes aient tiré un grand parti des arceaux croisés pour la consolidation des voûtes, ils ont souvent aussi négligé de s'en servir; beaucoup d'églises du Poitou et de la Saintonge (St.-Hilaire et N.-D. de Poitiers, St.-Eutrope à Saintes ) ne m'ont présenté que des arcs parallèles dans les voûtes cintrées que M. Willis nomme voûtes en wagon; je pourrais en dire autant de beaucoup d'églises de l'Auvergne, du midi de la France, etc,, etc.

Les arceaux croisés diagonalement produisent le meilleur effet dans les voûtes, et l'on peut encore les considérer comme un des éléments de la décoration de nos églises; le plus souvent ils sont taillés en forme de tores ou boudins (voir la figure déjà citée). Dans quelques églises, à St. Germer, par exemple, ces tores sont même enrichis de moulures (galons, zigzags, broderies, etc., etc.).

quelques parties de la villa Adriana près de Tivoli, prouvent que la voûte avait joué un grand rôle dans les constructions romaines.

Mais c'est une question de savoir, si jamais les Romains ont consolidé leurs voûtes, comme l'ont fait nos architectes du XII. siècle, au moyen d'arceaux. Plusieurs auteurs ont avancé qu'on ne trouve pas la moindre trace d'arceaux diagonaux dans ces édifices; j'ai pourtant remarqué dans une des salles des bains de Dioclétien à Rome, des espèces d'arceaux croisés diagonalement et formés de briques; mais peut-être avaient-ils pour objet la décoration plutôt que la consolidation des voûtes.

A St.-Maurice d'Angers, les arceaux sont couverts d'une guirlande de petites rosaces du meilleur effet, que j'ai retrouvées dans d'autres constructions de la fin du XII. siècle ou du commencement du XIII.

Quelquefois, quoique très-rarement, les points d'intersection des arceaux sont ornés de fleurons formant clef de voûte.

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Les arceaux les plus remarquables que j'aie observés sous ce rapport, se trouvent dans le choeur de la belle église de St. Germer près Gournay.

L'un de ces fleurons refouillé avec une hardiesse qu'on trouve d'ailleurs dans les autres moulures de la même église, offre au centre un animal fantastique assez fréquemment figuré au XII. siècle et au XIII.

Plus loin, ce point d'intersection des arceaux est orné d'un fleuron et de quatre têtes humaines.

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Pour diminuer la poussée, on a, dans quelques églises, eu soin d'exhausser les voûtes et de leur donner la forme d'un fer à cheval. Il m'a paru que les voûtes des ailes, dont la por

tée était beaucoup moins considérable et qui ne présentaient pas la même difficulté, ont été disposées de manière à soutenir la voûte centrale. Ces ailes ont en effet, dans les églises dont je parle, une hauteur presque égale à celle de la grande nef et semblent avoir été élevées jusqucs-là pour servir de contreforts à la voûte principale. Cette intention est bien manifeste à St.-Eutrope de Saintes et dans beaucoup d'autres églises, où la voûte des ailes ne forme qu'un quart de cercle (1) qui vient s'appuyer en arcboutant sur les murs de la nef, un peu au-dessous du niveau des impostes (voyez la fig. 11, pl. IX ).

On ne peut méconnaître dans cette disposition l'origine des arcs-boutants qui jouent un si grand rôle dans l'architecture à ogives.

Au centre du transept, où il y avait ordinairement une tour comme je le dirai tout-àl'heure, les voûtes prenaient souvent la forme ovoïde et se rapprochaient plus ou moins des coupoles, adoptées en Orient; mais il est fort rare de trouver les coupoles employées pour voûter les nefs et les transepts. Nous en

(1) M. Mérimée a vu, de son côté, un grand nombre d'exemples du même fait dans ses tournées d'inspection. Voir les différents rapports publiés par cet habile et savant observateur.

avons pourtant des exemples, et peut-être doiton y voir une imitation des coupoles de St.-Marc de Venise ou des monuments de l'Orient. On trouve des nefs voûtées en coupoles dans les cathédrales d'Angoulême, de Périgueux et de Cahors, dans l'église de Souillac (Lot), dans celle de Loches (Indre-et-Loire) et dans plusieurs autres. Il paraît aujourd'hui certain que ces voûtes ne remontent aucunes à une époque antérieure à la première croisade; que toutes sont du XII. siècle.

Je vais seulement décrire celles de Périgueux. Le plan figuré n°. 1, pl. XI, montre que la forme de cette cathédrale est celle d'une croix grecque, et qu'elle peut se diviser en 5 carrés de grandeur égale, 1, 2, 3, 4, 5, avec des espèces de bas-cotés ou de galeries dans chaque branche de la croix a a a a.

Au dessus de ces carrés, les voûtes se terminent par des coupoles. Ces coupoles s'élevaient primitivement au-dessus du toit et se manifes taient extérieurement par des espèces de pyra

mides.

Dans la suite elles ont été enveloppées sous un toit en charpente; mais en montant dans les greniers de l'église, on les retrouve intactes et l'on peut voir en même temps l'ancien toit qui

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