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Dans le pays de Montbéliard, pourvu d'une autonomie spéciale et que les relations de famille de ses seigneurs rattachaient à l'Allemagne, ce sont des artistes. allemands comme Schickardt qui sont venus apporter leurs plans et les faire exécuter, au commencement du XVIIe siècle notamment. M. Castan termine ce brillant exposé en parlant du Marmorbad de Cassel, œuvre considérable de sculpture exécutée au siècle dernier par un artiste franc-comtois, Pierre-Étienne Monnot (1).

M. le Président appelle l'attention des membres du Congrès sur un curieux édifice élevé à Neuchâtel en 1570, à l'époque de la souveraineté de la duchesse de Longueville, la Halle aux Draps. Il insiste sur le caractère particulièrement français que présente la décoration de ce monument (2).

M. É. Travers fait, au nom de M. Rodolphe de Bailliencourt dit Courcol, une communication relative à Jean Grusset, né à Champlitte en Franche-Comté, en 1541 et qui, neveu de l'évêque d'Arras Richardot, substitua à son nom celui de ce dernier et fut connu sous le nom du président Richardot, et à sa sépulture conservée, il y a quelques années, dans l'église de Sainte-Gudule de Bruxelles, et qui a disparu depuis 1860. M. de Bailliencourt, qui se rattache à la famille

(1) Voir sa biographie dans les Mémoires de la Société d'Émulation du Doubs.

(2) Lors de la visite à Neuchâtel qui a suivi le Congrès, M. le professeur Godet a bien voulu nous confirmer l'exactitude du rapprochement qui nous avait frappé, en nous faisant connaître que la Halle de Neuchâtel avait eu pour architecte un Français, du nom de Maniquet, dont nous n'avons pu retrouver le nom nulle part et qui était le frère d'un homme d'affaires de la duchesse de Longueville.

de Richardot, dont la femme était une Bailliencourt, a fait depuis des démarches inutiles pour faire replacer cette pierre tumulaire, qui est aujourd'hui dans les sous-sols de l'église, mais jusqu'à présent elles n'ont pu aboutir.

M. de Bailliencourt s'occupe à cette occasion d'un portrait du président Richardot, conservé au musée du Louvre, portrait où Richardot est représenté avec un de ses fils.

Attribué tantôt à Rubens, tantôt à Van Dyck, ce tableau dont M. Paul Mantz a donné la reproduction et l'historique dans le Magasin pittoresque de janvier 1891, ne peut, à cause de la date de la mort de Richardot (1609), être donné à Van Dyck. Aussi pour le conserver à ce maître les auteurs du dernier catalogue l'ont-ils débaptisé et qualifié de « portrait d'un homme et d'un enfant ».

M. de Bailliencourt, s'appuyant sur une notice publiée par M. Henry Havard, dans la Gazette des Beaux-Arts (2e série, t. XVII) sur Van Mierevelt, et renfermant un extrait de l'inventaire de ce peintre, né vers 1567 et mort en 1641, où figure: no 20 un portrait de Richardo, pense qu'on peut attribuer à ce maître de Delft le tableau du Louvre et rappelle que Mierevelt avait l'habitude de conserver des copies des portraits des personnages célèbres qu'il exécutait et qu'il en vendait souvent des duplicata.

M. Castan, qui s'est occupé également du portrait de Richardot, pense que rien ne s'oppose à ce que cette toile continue à être attribuée à Rubens et fait remarquer à ce propos que le frère de Rubens fut le précepteur d'un des fils de Richardot.

15. Donner un aperçu de l'état ancien des indus

tries locales de la Franche-Comté et du pays de Montbéliard, forges, papeteries, horlogerie et industries qui s'y rattachent. - Principaux centres commerciaux et foires. Valeurs successives et comparées des objets fabriqués.

M. L. Pingaud, professeur à la Faculté des lettres de Besançon donne lecture d'une étude sur l'état des industries et du commerce en Franche-Comté pendant le dix-huitième siècle.

M. le marquis de Vaulchier rappelle que, comme en Lorraine, les gentilshommes de la Franche-Comté exploitaient leurs bois pour la fonte du fer et qu'ils exerçaient sans dérogeance la profession de maitres de forges.

M. J. Gauthier présente le résultat de ses recherches sur les papiers et l'industrie des papeteries en Franche-Comté. Il rappelle que les premiers papiers, employés dans les documents d'archives, remontent au XIVe siècle, et signale à ce sujet le travail de M. Briquet, de Genève (1); il fait remarquer que le premier document où il soit fait mention des papeteries de Franche-Comté remonte à 1458 environ.

(1) Mémoires de la Société des Antiquaires de France, t. XLVI. Depuis le Congrès, M. Jules Gauthier a mis en œuvre avec succès un moyen pratique pour reproduire mécaniquement les marques, les filigranes et les pontuseaux du papier. Nous croyons utile de reproduire ici la note qu'il a présentée à cet égard au Congrès des Sociétés savantes :

Placer sous le filigrane, (ce dernier étant disposé de façon que la dépression en creux soit tournée en haut) une feuille de papier au ferro-prussiate; mettre ensuite une plaque de verre sur le papier. Exposer le tout en plein soleil, en lui donnant, s'il est possible, une légère inclinaison. Quinze cu vingt minutes suffisent pour que le filigrane, agissant comme un cliché

6. Signaler les principaux monuments d'architecture religieuse aux différentes époques et les caractères particuliers des édifices romans, gothiques et de la Renaissance Indiquer la date à laquelle

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cessé l'emploi du style gothique.

M. l'abbé Brune, curé de Brainans, lit en réponse à cette question un mémoire sur les églises romanes du Jura. mémoire qu'accompagnent de nombreuses photographies et dont voici les conclusions:

<«<Le Jura est assez pauvre en monuments anciens ; la cause en est surtout aux luttes longues et meurtrières que la Franche-Comté eut à soutenir contre la France. dans les XVIe et XVIIe siècles, pour défendre son indépendance. Ces monuments néanmoins suffisent à permettre de déterminer la part que prit la région au mouvement architectural du moyen âge.

« Dans ce mémoire, j'ai décrit dix églises romanes. toutes situées dans le département du Jura; ce son!

photographique, ait tracé ses moindres détails, ainsi que les « pontuseaux » et « vergaures » qui l'avoisinent sur le papier au ferro-prussiate Celui-ci, au sortir du chassis-presse, est immédiatement plongé dans l'eau et soumis à un soigneux lavage sous un jet de fontaine pendant quelques minutes; on le fait sécher ensuite en le plaçant sous du papier buvard, la face bleutée appliquée sur celui-ci, sans l'exposer, durant ces manipulations, aux rayons directs du soleil.

« Un châssis presse d'assez fortes dimensions, tel qu'il est usité pour le tirage des épreuves photographiques, servira pour les filigranes des feuillets détachés. Pour ceux qui se trouvent sur les feuillets d'un manuscrit, il sera bon de créer un appareil particulier basé sur les données nécessaires pour: 1o rendre au moyen d'une pression suffisante le papier du filigrane parfaitement isse; 2° empêcher tout déplacement du cliché et de l'épreuve pendant la durée de l'exposition au soleil. D

les églises de Baume-les-Moines, Saint-Désiré de Lonsle-Saunier, Montévillard de Poligny, Courtefontaine, Saint-Lupicin, Saint-Hymetière, Gigny, Saint-Maur et les cryptes de Saint-Désiré et Saint-Lothain. Ces monuments offrent une grande analogie de formes. Le plan basilical à trois nefs terminées par des absides couvertes par des voûtes en cul-de-four; des piliers massifs, alternativement octogones, ronds et carrés; pas de chapiteaux, mais de simples tailloirs, aux angles desquels vont s'amortir les chanfreins des piliers; des fenêtres étroites à ébrasement intérieur et sans moulures; pour seul ornement, de petites arcatures lombardo-rhénanes, à l'intérieur des absides et le long des corniches extérieures; tels sont les caractères distinctifs des églises romanes du Jura, caractères empruntés à l'école architecturale qui, partant de Ravenne, émigra en Suisse et sur les bords du Rhin. Les basses-nefs étaient seules voûtées, à arêtes avec ou sans arcs-doubleaux; un plafond couvrait primiti-. vement les grandes nefs; mais il a été remplacé plus tard par des voûtes ogivales. Les clochers carrés ou octogones, à coupoles, avec leurs fenêtres géminées et leurs colonnettes à chapiteaux de feuillages, dérivent de l'école bourguignonne.

Les églises romanes du Jura se rattachent donc à deux écoles d'architecture, l'école rhénane et l'école bourguignonne. Leurs formes lourdes et massives, l'absence d'ornements devrait, semble-t-il, les reporter au XIe siècle; mais la date de quelques-unes, que l'on est parvenu à découvrir, ne permet pas de faire reculer leur construction au delà du XIIe. C'est un retard d'un siècle environ sur le centre de la France. »>

M. l'abbé A. Bouillet lit une notice accompagnée de

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