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des tambours et des chapiteaux recueillis dans les excavations. Le théâtre de Besançon paraît contemporain de l'arc triomphal et de l'aqueduc d'Arcier et appartiendrait ainsi à l'époque de Marc-Aurèle.

L'Amphithéâtre, affecté aux combats de gladiateurs et aux représentations destinées à la grande foule, était situé en dehors de la presqu'île, non loin de la rive droite du Doubs, et il a donné son nom à tout un quartier, dont la rue principale s'appelle encore la Rue d'Arènes. Signalé par Chifflet dès 1618, il a été retrouvé en 1885, à la suite de travaux faits aux fortifications derrière la caserne d'Arènes. Un square archéologique est projeté pour en conserver les vestiges.

Le canal d'Arcier fut établi par les Romains pour amener à Besançon un cours d'eau, qui débouche par les cavernes d'Arcier, à dix kilomètres de la ville. Dans sa plus grande partie, ce canal reposait sur des flancs de montagnes; en deux points seulement, il fut établi sur des arceaux, d'où son nom d'aqueduc d'Arcier. On voit au musée la reconstitution d'une section de ce canal.

Le Pont romain, dit pont de Battant, était établi sur le Doubs pour faciliter le passage de la voie romaine qui reliait l'Italie aux provinces rhénanes. On en voit encore des arcatures enfermées dans les façades élargies du pont actuel.

MONUMENTS RELIGIEUX.

La basilique métropolitaine de Saint-Jean est aujourd'hui la seule des deux anciennes cathédrales élevées autrefois à Besançon. L'autre, qui portait le

vocable de Saint-Étienne et était élevée au centre du plateau de la citadelle, fut détruite par Vauban en 1676.

Saint-Jean est remarquable par son plan, qui comporte deux absides; l'entrée principale est sur le côté qui regarde la ville. M. Castan fait remarquer que ces dispositions, fréquentes dans les églises rhénanes, montrent l'influence germanique dans la plus ancienne reconstruction de cet édifice.

Bâtie et restaurée successivement par l'archevêque Bernouin, de 739 à 838, puis par Hugues Ier, de 1031 à 1067, la cathédrale fut renouvelée et consacrée en 1148 par le pape Eugène III. C'est à cette dernière construction que l'on peut attribuer les majestueuses arcades de la nef. Couverte d'abord en charpentes, celle-ci fut incendiée en 1213, et ce fut en 1237 seulement que l'on commença à voûter l'édifice.

Le clocher, qui s'effondra en 1729 et écrasa la seconde abside, fut déplacé et rebâti en 1756.

A l'intérieur, il faut signaler d'abord l'abside dite du Saint-Suaire, à cause d'une relique, apportée de SaintÉtienne et qui y était conservée. L'autel a pour retable la Résurrection de Carle Van Loo; d'autres tableaux de Natoire et de De Troy l'accompagnent et décorent les autels latéraux. Près de l'un d'eux est le tombeau de Ferry Carondelet, grand archidiacre, mort en 1528, monument sculpté à Bruges en 1543, puis les statues des derniers archevêques, le cardinal de RohanChabot (1842) et le cardinal Mathieu (1880).

Dans la petite nef d'amont est la chapelle de Notre-Dame du Rosaire, plus loin la chapelle sépulcrale des comtes-souverains de Franche-Comté (1057– 1200). Contre un des piliers de la grande nef, une

chaire à prêcher gothique, en pierre, donnée en 1469 par Pierre Grenier, archidiacre de Luxeuil.

Dans la petite nef d'aval, la Vierge et l'Enfant Jésus, avec un cortège de saints, et à ses pieds, le donateur Ferry Carondelet, tableau exécuté par Fra Bartolommeo, en 1511, et dont M. Castan a retrouvé, au musée de Stuttgart, le tympan qui avait été peint par Mariotto Albertinelli.

Dans le sanctuaire, maître-autel donné par Charles X, accompagné d'anges sculptés en 1768 par Luc Breton. Lutrin en cuivre du premier Empire, provenant de Notre-Dame de Paris.

Au point central du presbyterium, on a scellé un marbre circulaire, creusé en forme de rose, provenant de Saint-Étienne. Au centre ressort en faible relief un chrisme que traverse une croix surmontée d'une colombe, avec les lettres A et Q, et au pied de la croix, un agneau debout. Autour, la légende métrique: Hoc SIGNVM PRAESTAT POPVLIS CAELESTIA REGNA. D'accord avec M. de Rossi, M. Castan reconnaît dans ce marbre l'autel primitif de Saint-Étienne, morceau antique faisant vraisemblablement partie du don fait par sainte Hélène, pour la construction de cette église.

L'église de Sainte-Madeleine située dans le quartier d'Arènes, presque au bout du pont de Battant, date du XIe siècle, mais elle a été entièrement reconstruite vers 1740 par Nicolas Nicole, architecte, de Besançon. Toutefois la Révolution vint interrompre les travaux encore inachevés et ce n'est qu'en 1830 que les deux tours furent élevées. On remarque dans cette église quelques bons tableaux.

Saint-Pierre, situé au centre du vieux Besançon, en face de l'Hôtel-de-Ville, auquel son clocher a toujours

servi de beffroi, remonte au IVe siècle, et on attribue sa fondation à l'évêque Eusèbe. Cet édifice fut reconstruit de 1782 à 1786, par l'architecte Bertrand. Dans la chapelle des Saints Ferréol et Ferjeux, la Résurrection de Lazare, de Martin de Vos; dans l'une des absides, une remarquable Pietà, de Luc Breton.

Saint-Maurice. Encore une église fondée au IVe siècle, mais reconstruite de 1712 à 1714. Style des Jésuites, belles boiseries dans le chœur; dans la sacristie, chasuble ayant appartenu à saint François de Sales et calice de vermeil (1784), provenant de la chapelle de l'Hôtel-de-Ville.

Notre-Dame, dans le quartier de Chamars, ancienne église bénédictine de Saint-Vincent, construite au XI° siècle. Malheureusement les colonnes romanes sont en partie enterrées dans le sol et leurs fûts sont masqués par des pilastres qui soutiennent les retombées de la voûte faite au XVIIe siècle. En 1808, le chœur a été décoré d'une colonnade grecque en hémicycle; au delà s'élève une chapelle de la Vierge à coupole, élevée par M. Alfred Ducat.

Saint-François-Xavier, ancienne église des Jésuites, élevée de 1680 à 1688, par suite du legs fait en 1628 par Gauthiot d'Ancier. Luxueux retable doré sur le maître-autel (1719); au centre, la Présentation au Temple, de Pietro de Pietri. Dans la sacristie, calice de 1636, provenant de l'abbaye de Luxeuil.

Saint-Ferjeux, dans la banlieue, église moderne de style roman, en construction d'après les plans de M. Ducat, comme souvenir de la protection accordée à la ville pendant la guerre de 1870-71 par saint Ferréol et saint Ferjeux, qui vécurent et furent ensevelis dans la grotte, sur l'emplacement de laquelle elle est construite.

Le Temple protestant du Saint-Esprit est l'ancienne chapelle de l'hôpital de ce nom, fondé en 1207. L'église, à une seule nef, est voisine de cette époque; le chœur et une chapelle latérale sont du XVe siècle. La porte d'entrée est en plein cintre.

Dans une cour contiguë à cet édifice se trouve encore une galerie de bois curieusement sculptée dans le style du XVe siècle; la colonne de pierre qui la soutient a l'allure d'un bâton noueux cerclé d'une sorte de briquet, par allusion aux emblèmes des ducs de Bourgogne. A côté, une grosse tour bâtie à la même époque.

Nous citerons encore la chapelle du Séminaire diocésain en forme de croix latine, construite de 1670 à 1688; l'église du Refuge, aujourd'hui chapelle des Hospices, élevée par Nicolas Nicole, de 1739 à 1745; l'ancienne église abbatiale de Saint-Paul, construite au XIe siècle, et réédifiée en partie à la fin du XIV siècle, servant actuellement aux magasins de la guerre ; les Grands Carmes, à l'angle de la Grande-Rue et de la rue de la Préfecture, édifice élevé de 1435 à 1472, aujourd'hui divisé en plusieurs étages et dont le Cercle militaire occupe une partie. Les bâtiments conventuels, encore conservés, sont supportés à l'intérieur par des portiques qui formaient le plus beau cloître de la Franche-Comté; leur construction date de 1685 à 1695. Trop vastes pour les Carmes, ces locaux furent loués fréquemment par eux et abritèrent ainsi l'Université de Besançon et la Confrérie noble de SaintGeorges.

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