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Ces deux églises

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furent bâties, on le

voit, quinze ans seu

lement après celle de Saint-Anatoile de Salins, et pourtant elles sont du style ogival primaire le plus pur. Leur plan montre trois nefs sans transept, un sanctuaire à pans et des collatéraux terminés par un mur droit. Les nefs ont deux étages : le premier, formé de grandes arcades, qui reposent sur des piliers cantonnés de quatre colonnes à chapiteaux de feuillages; le second, se composant de fenétres à lancettes.

des monastères franccomtois de l'ordre de Cluny aux XIII-XVe

siècles, d'après les actes de visites et des chapitres généraux, no VIII, p. 18 (Extrait des Mém de la Soc. d'Émulation du Jura, 1877).

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·EMONTs d'obres M. LESIEVR

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Ces deux monuments ont entre eux la plus grande affinité ; les chapiteaux surtout ont une facture tellement semblable, qu'ils doivent être l'œuvre des mêmes ouvriers. L'église des Jacobins sert aujourd'hui de halle aux blés ; celle de Vaux a été restaurée avec une scrupuleuse exactitude, pour le service du petil séminaire installé dans le prieuré.

La date et les formes de ces deux monuments nous obligent à reconnaître que le style gothique s'est définitivement implanté dans le Jura, dans le dernier quart du XIIIe siècle.

ÉPOQUE GOTHIQUE XIV XVIIE SIÈCLES.

Dans la plupart des régions, les différences chronologiques de style cessent avec le XIIIe siècle. Il n'en est pas ainsi dans le Jura, et, avant de terminer, je dois signaler des divergences très sensibles avec les autres régions, dans nos monuments élevés depuis le XIVe siècle jusqu'à la Renaissance.

L'église du couvent des Cordeliers, à Dole, est un édifice fort élégant, avec ses colonnes soutenues par des culs-de-lampe à oves et feuillages. Les archéologues n'hésiteraient pas à la dater de la fin du XIII© siècle, ainsi que l'ont fait plusieurs des membres de la Société française d'Archéologie au dernier congrès ; pourtant il est indubitable qu'elle n'a été construite qu'en 1372, date de l'érection du couvent (1). NotreDame d'Arbois retarde également sur sa date de 1382; on la croirait bien plutôt du commencement du XIVe siècle.

(1) Rousset. Dict. hist. des communes du Jura, t. II. p. 526.

venue

L'église Saint-Pierre, aujourd'hui cathédrale de SaintClaude, exemple curieux d'église fortifiée, fut commencée au XIVe siècle et on la croirait d'une seule abstraction faite de sa hideuse façade Louis XV si l'on ne savait qu'une bonne partie de ses nefs ne fut achevée qu'en 1727 (1). C'est à l'exécution intégrale de son plan primitif que ce beau monument doit le caractère imposant et grandiose de son intérieur.

Mais un exemple plus frappant encore nous est fourni par l'église de Dole. On ne trouve, ni dans sa structure, ni dans son ornementation, la moindre trace de la Renaissance c'est le style du XVe siècle, sans mélange. Et pourtant une inscription nous apprend que la première pierre du chœur fut posée le 9 février 1509, tandis que les nefs s'élevèrent de 1540 à 1572 et que le clocher ne fut même commencé qu'en 1578 (2).

Il ne faut plus s'étonner, après cela, si la plupart des chapelles de nos églises, élevées jusqu'à la fin du XVIe siècle, sont conçues dans le style flamboyant, avec ses voûtes à pendentifs, ses nervures compliquées et son ornementation capricieuse.

La structure gothique se retrouve encore dans les voûtes à nervures et pendentifs de la chapelle des Carmélites, à Dole, qui fut construite en 1614 (3), et dans celles de la chapelle de Notre-Dame-Libératrice, à Salins, qui fut consacrée en 1662 (4). C'est la dernière manifestation de la longue domination du style gothique dans le Jura.

(1) C'est la date que porte la clef de voûte de la dernière travée du collatéral de droite.

(2) E. Michalet, Not. hist. sur l'église de Dole, 1858, in-12. (3) Rousset, op. cit., t. II, p. 540.

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CONCLUSION

Il m'eût été facile d'apporter à ma démonstration des exemples plus nombreux. Ceux que j'ai cités me semblent suffire à mon but, qui était de donner une simple vue d'ensemble sur la marche de l'architecture dans notre contrée.

Le fait caractéristique. c'est la lenteur continue à quitter les procédés en usage, pour adopter les méthodes nouvelles. Nos églises du XIIe siècle sont d'un roman très primitif, et que partout ailleurs on attribuerait au XIe siècle; pendant les deux tiers du XIIIe siècle, c'est le style de transition qui domine; les formes gothiques primitives empiètent à leur tour sur le siècle suivant; enfin, le style flamboyant maintient sa prépondérance incontestée jusqu'au milieu du XVIIe siècle.

Essentiellement traditionnel et retardataire, tel nous apparait donc le synchronisme de l'architecture religieuse dans les monuments du Jura (1).

(1) Le Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques et scientifiques a publié avec ce mémoire les plans des églises de Baume-les-Moines, de Saint-Anatoile de Salins et de Dole, et les coupes de Saint-Anatoile, des Jacobins de Poligny et de Dole, que M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts a bien voulu mettre à la disposition de la Société française d'Archéologie. Nous prions M. le Ministre de recevoir ici l'expression de notre respectueuse reconnaissance.

XVI

LES INCUNABLES

de la Bibliothèque de Besançon

D'APRÈS LE CATALOGUE DE M. AUG. CASTAN (1)

Par M. le comte de MARSY.

Au moment où il nous montrait avec amour les richesses de la Bibliothèque de Besançon, dans laquelle il avait passé les meilleures années de sa vie, et où il ne songeait guère qu'il tomberait bientôt mortellement atteint, M. Auguste Castan appelait spécialement notre attention sur la collection d'incunables dont il préparait alors le catalogue. Cette collection est, pour le nombre et pour l'importance, une des plus précieuses que possède notre pays, car elle contient près de mille numéros (985).

M. Castan venait d'achever alors la rédaction de ce

(1) Catalogue des Incunables de la Bibliothèque publique de Besançon, par Auguste Castan. Publication posthume faite sous les auspices de la Société d'Émulation du Doubs. Besançon, Dodivers, 1893, in-8° de xx-816 p., pl. et fig.

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