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permettre probablement de l'enchâsser dans un reliquaire. La plaque d'argent doré, qui lui est attachée par quatre bandes de cuivre doré et huit clous, présente l'effigie en buste du saint, avec son nom écrit ainsi: OA (ytos) AKINAHNOC. Cette plaque me paraît être un ouvrage du Xe siècle. Le saint est représenté tenant de la main droite une petite croix. Il porte les cheveux longs et bouclés, la barbe en pointe. Sa physionomie est jeune. Il est bien tel qu'il devait être figuré suivant les règles du fameux Manuel de la peinture, édité par Didron «< jeune, la barbe en pointe » (1).

Aucun doute, je le répète, n'est possible sur l'identification de cet objet avec celui qui est désigné dans la description de 1714. Il a dû être jeté en 1793 à la voirie, comme le dit fort bien M. J. Gauthier dans une note communiquée à l'abbé Guichard, par quelque malfaiteur, voleur du coffret d'argent qui le contenait, ou par quelque poltron hésitant, après les avoir sauvées. de la destruction révolutionnaire, à garder chez lui d'aussi compromettantes dépouilles.

Le calendrier grec mentionne trois saints du nom d'Akindynos. Le plus connu des trois, sans contredit, est celui dont l'église orthodoxe célèbre la fête le 20 avril; celui-là fut un saint byzantin très populaire. Témoin du martyre de saint Georges, sous Dioclétien, dit la légende, il se déclara chrétien avec quatre autres païens et fut aussitôt décapité avec eux à Nicomédie.

L'église des deux saints anargyres Côme et Damien, qui a conservé jusqu'en 1204 la relique de Rosières,

(1) P. 324 du Manuel d'Iconographic chrétienne, grecque et latine, de Didron, traduit du manuscrit byzantin, Le Guide de la Peinture (Paris, 1845). Je possède quelques sceaux byzantins au droit desquels figure cette même effigie du saint asiatique.

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avait été fondée par l'empereur Justin et l'impératrice Sophie sa femme. Elle s'élevait dans la partie de la capitale appelée τὰ Βασιλίσκα, à cause du palais de l'empereur Basiliscus qui s'y élevait. Elle en avait pris le nom d'église des saints Côme et Damien èv tois Baoλίσκου.

Il m'a semblé que la découverte de cette relique d'un saint asiatique du IVe siècle, signalée dès l'an 1200 dans une église de Constantinople, mentionnée à nouveau, en 1714, dans l'inventaire d'un monastère franc-comtois, disparue dans la tourmente révolutionnaire, retrouvée cette année même, était de nature à intéresser l'Académie.

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XIV.

LES TAUREAUX TRICORNUS

NOTE

Par M. le comte de MARSY.

Le Bulletin de la Société des Antiquaires de France, de 1890, renferme deux intéressantes communications relatives aux taureaux tricornus que nous croyons devoir signaler comme complément aux discussions qui ont eu lieu sur ces monuments à Besançon et à Montbéliard.

La première (p. 186-190), due à M. Ant. Héron de Villefosse, porte sur un taureau trouvé en 1885 sur l'emplacement de Glanum (Saint-Remy, Bouches-duRhône), appartenant à M. Rochetin. Voici la description qu'en donne notre savant confrère :

«Le taureau de Saint-Remy est d'un assez mauvais style et manque de modelé. Il reproduit un type connu, mais qui a fini par se déformer complètement à force d'être copié et recopié. L'animal est représenté marchant à droite avec une certaine majesté ; il a une épaisse et forte encolure; il porte la tête haute. Les

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