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vite captivés. J'en appelle à ceux qui ont lu son Histoire de la baronnie de Gayrosse et qui ont gardé le souvenir de ses descriptions d'intérieurs aux deux derniers siècles, et vous auriez grossi ce bataillon de cinq cents auditeurs qui suivait ses conférences.

L'un de nos doyens, M. Léonce de Glanville, directeur honoraire de l'Association Normande, vient de publier un ouvrage considérable et de la plus haute importance sur le prieuré de Saint-Lô de Rouen. Deux gros volumes remplis de textes! Notre confrère nous donne encore l'exemple et nous montre quelle puissance de travail possèdent les hommes de sa génération.

Et à ce propos, permettez-moi de vous communiquer une remarque. J'ai eu la curiosité de rechercher, non pas combien de nos fondateurs figurent encore sur notre liste, il n'y a plus je crois que M. Gaugain qui, depuis près de cinquante-huit ans, dirige nos finances, mais combien de nos confrères y étaient déjà inscrits il y a cinquante ans.

Ils sont encore au nombre de DOUZE, et vous verrez que tous continuent à donner, chacun dans leur sphère d'action, des preuves de leur zèle et de leur activité, pour la science autant que pour les affaires publiques. Ce sont MM. Chevereaux, à Boscmesnil; Gaugain, trésorier de la Société, à Caen; de La Sicotière, sénateur; Henri Hardouin conseiller honoraire, à Quimper; Anatole de Barthélemy, membre de l'Institut; l'abbé Le Maczon, à Nantes; l'abbé Auber, à Poitiers; Léonce de Glanville, à Rouen; Langlois, architecte, à Rennes; Audren de Kerdrel, sénateur; le vicaire général Desnoyers, directeur du Musée archéologique, à Orléans, et Avril de La Vergnée, à Saintes.

Je ne doute pas, Messieurs, que vous ne vouliez vous associer à moi afin de leur envoyer nos félicitations à l'oc casion de ce jubilé demi-séculaire.

Pendant que MM. Joseph Berthelé, le baron de Rivières et Léon Germain continuent à décrire toutes les cloches de leur région et recueillent les matériaux qui finiront un

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jour par permettre d'en dresser un corpus pour la France, M. le capitaine Espérandieu réunit, pour différentes provinces, les inscriptions romaines et nous donne pour chacune d'elles une bibliographie très complète. Le Poitou, le Limousin, ont paru, l'Angoumois doit suivre. De plus, M. Espérandieu publie, dans la Revue de l'Art Chrétien, un bulletin des inscriptions chrétiennes, qui sera utilement consulté.

Observateur consciencieux, M. le baron de Baye a entrepris, depuis quelques années, un ensemble de publications sur l'art chez les Barbares. Après de premières études sur les Lombards et les Anglo-Saxons, il a poursuivi ses recherches en Suède et en Russie, et cette année en Autriche-Hongrie.

Déjà d'importantes communications, faites par lui à la Société des Antiquaires de France et devant l'Institut, lui ont permis de faire connaître les premiers résultats de ses recherches.

Deux de nos inspecteurs ont consacré leurs soins à l'étude des vitraux de deux des cathédrales les plus importantes de la France. M. de Florival a achevé sa belle publication des vitraux de Laon, accompagnée des dessins. exécutés par le regretté M. Midoux; M. des Méloizes, continuant l'œuvre des PP. Cahier et Martin, entreprend, avec grand luxe et dans un format exceptionnel, la description des vitraux de Bourges postérieurs au XIIIe siècle. M. Eugène de Beaurepaire, l'un de nos secrétaires généraux, a promis d'écrire l'introduction de ce bel ouvrage.

A côté d'eux, je rappellerai que M. Jules de Lahondès vient d'inaugurer la collection de la Toulouse chrétienne, en nous donnant une monographie très complète de la cathédrale de Saint-Étienne.

M. Alcius Ledieu, l'un de vos lauréats de l'an dernier, vous envoie une luxueuse publication, l'album des reliures historiques de la bibliothèque d'Abbeville; dans l'Eure, M. l'abbé Porée, qui a donné une très large collaboration

au compte-rendu de notre Congrès, en ce moment à la veille d'être distribué, a fourni à la Société des Amis des Arts de l'Eure le texte destiné à accompagner un atlas de photographies des clôtures de la cathédrale d'Évreux.

A côté de lui, M. Louis Régnier décrit, dans l'Eure et les départements voisins, les églises les plus curieuses, dresse la bibliographie critique des ouvrages nouveaux et vient d'analyser la curieuse exposition de dessins archéologiques organisée l'an dernier par la Société des Amis des Arts d'Évreux.

Il est parmi nous quelques fouilleurs intrépides qui consacrent le meilleur de leur temps à rechercher patiemment. ces trésors que nous révèlent les sépultures de diverses époques. Ils cherchent laborieusement, relèvent, avec la conscience d'un praticien faisant une saisie, l'emplacement de chaque fibule, le nombre des épingles ou des ornements de parure, et le plus souvent, heureux de leur modeste moisson, abandonnent à d'autres le soin de tirer des conclusions générales des faits révélés par ces minutieuses enquêtes. Félicitons-les de leurs résultats. Rappelons les noms de M. Counhaye, de Suippes, l'un de nos doyens, de M. Morel, toujours heureux dans ses découvertes, du comte Raymond de La Guère, qui a trouvé une épée en fer, plus longue que toutes celles qui sont jusqu'ici connues. Mais je me bornerai à ajouter à ces noms celui de M. l'abbé Guichard, curé de Pupillin près Arbois. un des plus laborieux chercheurs de votre département, dont le succès a plus d'une fois couronné les recherches. Comme le P. de la Croix, comme l'abbé Hamard. de Hermes, comme le curé d'Houlbec-Cocherel, il fouille de ses mains, et découvre ces jolies statuettes de bronze que nous étions heureux de voir dernièrement à la réunion des Sociétés savantes de la Sorbonne.

Dans cette réunion, Messieurs, nos confrères étaient nombreux et si je voulais vous rappeler leurs communica tions, il me faudrait transcrire près de la moitié de l'ordre

du jour des sections d'archéologie et d'histoire, ainsi que de celui de la réunion des Sociétés des Beaux-Arts.

Nos relations avec les sociétés étrangères revêtent chaque jour un caractère plus intime et nous ne saurions assez nous en féliciter. En août dernier, près de vingt de nos confrères assistaient, avec M. Palustre et moi, au Congrès de la fédération des Sociétés historiques de la Belgique, à Liége, et, cette année, j'espère que leur nombre ne sera pas moindre à Bruxelles, le 2 août. J'en ai pris l'engagement en votre nom, à la dernière réunion de la Société d'Archéologie de Bruxelles, en invitant les membres de cette association à venir à Dole. Je les vois au milieu de nous et si je ne les remercie pas d'être venus, c'est que j'étais sûr d'eux. A notre tour de répondre à leur cordiale invitation.

Si nos amis des Iles normandes sont ici, les délégués de l'Institut royal archéologique de la Grande-Bretagne ne sont représentés cette année que par leurs regrets, ils nous demandent, en revanche, de venir les rejoindre au 15 août, à Édimbourg, et nous envoient un programme des plus attrayants. Je ne doute pas qu'il ne se trouve parmi nous quelques personnes prêtes à profiter de cette circonstance exceptionnelle pour étudier les monuments et les antiquités de l'Ecosse.

L'Académie royale de l'Histoire de Madrid, ne pouvant cette année se faire représenter par un de ses membres titulaires, a bien voulu conférer cette délégation à l'un de ses correspondants, M. Émile Travers.

Pour la première fois, nous allons franchir les montagnes du Jura et descendre en Suisse. Nos confrères des Sociétés helvétiques veulent bien, ainsi que les membres du corps universitaire et les conservateurs des collections de Bâle, de Neuchâtel. de Neuveville, etc., nous assurer d'un sympathique accueil.

Qu'ils en reçoivent dès aujourd'hui nos remerciements bien sincères.

Il y a longtemps que la France et la Suisse ont signé des traités d'alliance. Bien que d'un nouveau genre, celui que nous allons négocier ne sera pas, je l'espère, le moins fructueux pour les deux parties.

Avec la Suisse, comme avec la Belgique et avec l'Espagne, nous ne pouvons que gagner de part et d'autre à échanger nos observations et à poursuivre en commun nos recherches dans des pays que souvent une limite conventionnelle, tracée avec une chaîne d'arpenteur, vient seule séparer, coupant en deux une villa romaine ou un cimetière franc.

Comme chaque année, je dois payer un tribut de regrets aux membres décédés de la Société française d'Archéologie. En les nommant, vous me permettrez de rappeler sommairement les travaux de ceux qui ont pris une part active à l'existence de notre compagnie. En accomplissant ce devoir et en adressant ce nécrologe aux associations qui partagent nos travaux, il me semble que je renouvelle l'usage de ces rouleaux des morts qui, au moyen âge, portés d'abbayes en chapitres, faisaient connaître les noms des associés et des bienfaiteurs que chaque communauté venait de perdre.

M. E. Flouest, ancien procureur général, que des événements politiques avaient, il y a plus de dix ans, privé de ses hautes fonctions, avait, à partir de cette époque, repris avec beaucoup plus d'ardeur les recherches archéologiques, qui n'avaient été jusqu'alors qu'une distraction de ses travaux judiciaires. Il s'était particulièrement attaché à l'étude de l'archéologie gauloise et avait publié d'intéressantes dissertations sur le Dieu au Marteau, le signe en S et d'autres points de la mythologie gauloise. Dessinateur de talent, observateur soigneux, M. Flouest avait, dans ses cartons, plusieurs mémoires prêts à voir le jour et dont il a confié la publication à M. H. Gaidoz, son confrère et son ami. Lorsqu'il nous a été donné de parcourir ces portefeuilles, au nombre de plus de vingt, remplis de dessins et de photographies formant une véritable encyclopédie de

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