bras nus jusqu'au coude une allure toute moderne, à la tête cette grâce un peu mièvre que le XVIIIe siècle imprimait à toute rénovation de l'antique.

La statue du Temps, qui fait face à celle de l'Histoire, est, au contraire, une œuvre tout à fait personnelle de Breton. Un grand vieillard, que ses longues ailes ployées font reconnaitre, s'approche, d'une allure pleine de mouvement, du sarcophage, que sa faux vient de briser. Il est complètement nu, quoiqu'une longue draperie. sorte de suaire, soit jetée sur son épaule droite et tombe derrière lui en larges plis; tandis que son bras droit retient le couvercle du sépulcre, le bras gauche allongé éteint sur les débris d'une corniche une torche encore fumante : la tête, pareille à celle de ces fleuves limoneux dont sont peuplés les parcs de la Régence, est heureuse d'expression, quoiqu'un peu banale; rejetée en arrière, elle fixe son regard sur un médaillon de Charles-Ferdinand. Cette statue vraiment académique est d'un grand style, grâce à son anatomie et son modelé irréprochables, à sa musculature vigoureuse et exacte, à son attitude noble et gracieuse à la fois.

Du sarcophage entr'ouvert s'échappent, capricieusement mêlées et jetées en bronze doré, les marques des dignités et des emplois obtenus par la maison de La Baume colliers de la Toison-d'Or d'Espagne, de l'Annonciade de Savoie, du Saint-Esprit de France, ancre d'amiral, bâton de maréchal et de vice-roi de Naples, mitre et crosse d'archevêques et d'abbés, chapeau de cardinal. Sur le flanc du sarcophage et sur les deux avant-corps du stylobate apparaissent les armoiries si connues des La Baume : d'or à la bande vivrée d'azur.

Inspirée quelque peu du tombeau du maréchal de Saxe, que le magistral ciseau de Pigalle venait de terminer pour l'église Saint-Thomas de Strasbourg, le monument des La Baume, œuvre capitale de Breton, serait encore une des maîtresses pages de la sculpture provinciale du XVIIIe siècle, si sa masse imposante et ses armoiries seigneuriales n'avaient choqué les stupides destructeurs qui anéantirent, il y a cent ans, tant de trésors artistiques. L'année 1793 le vit détruire d'une façon tellement complète, qu'on a peine aujourd'hui à retrouver la place qu'il occupait dans la chapelle des Grandson.

NOTES EPIGRAPHIQUES SUR L'ÉGLISE DE PESMES

Outre les inscriptions relevées au cours de cette notice, une vingtaine d'épitaphes peuvent se lire encore sur les tombes qui pavent les trois nefs de l'église. Voici les plus intéressantes parmi les plus anciennes :

+Ci giset Ctaude Davadans... es q trespassa le V. jo. d'avril mil CCCC et VII et Pernate sa feme qui trespassa le IIII jo ̄ d'octobre mil CCCCV. Dieu ait leurs ames Amen. (Nef gauche).

Cy git devant honorable et discrete psone

Hubert Pa

gerel jadis bourgois de Pesmes fud[ateur] de ceste chappelle le quel trespassa le V jo du mois de iulet l'an mil CCCC et XXIII et mes Iehan Pagerel pbre fils dudit Hubert jaidis chappelein de ceans le quel a fude a ceste dicte chappelle deus messes chescunes semane pptualemt savoir le samedi et le dimache lequel trespassa le

s'est a

l'an

mil CCCC IIIIxx et VII Eor anime reqescat in passe .

Amen (Incrusté dans le mur de la nef droite).

Cy gist discrette psonne. messire

curé de Mala qi

Hugue. de. Sornay

trespassa le mardi V · jour d'avril avant Pasque l'an· M · CCCC· LIIII. Priez Dieu pour l'ame de luy] (Figure gravée d'un ecclésiastique vêtu d'une chasuble sur une aube longue. Nef gauche).

de

Cy gist honeste psone Jehan Vauley de Mala cleč et notaire de la court de Besançon qi · trespassa le may l'an mil IIII© LXVIII. Priez Dieu pour l'ame de li qui lui face merci. Amen (Figure gravée représentant ce notaire vêtu d'une robe courte, mains jointes; phylactère effacé dans le champ de cette tombe très fruste. Nef gauche).

Cy git Pierre de Rigne. jadis [escuier] lequel trespassa le XVIIe jor dv mois de fevrier mil V ct. XVIII · (Quatre écus gravés (dont trois frustes), aux encoignures de la dalle; celui qui survit porte une bande chargée de trois couronnes royales (RIGNEY).

Cy devant gisent [nobles seigneurs] Pierre Movchet a son vivant [seigneur de Chastel] Rovillavlt elc et damoiselle Jehane de Reigney. sa feme qui trespassaret. asçavoir • ledict seigneur le 28. de febvrier · 1546 · et ladite damoiselle le 25 de mars 1530 avs ames· desqvels · Diev · face paix Amen (Inscription gravée sur un titulus en pierre rouge de Sampans, encastré dans le mur du collatéral gauche, sous une fausse arcade en léger relief, où étaient sculptés et sont encore à demi visibles deux écus mutilés trois mouchets posés deux et un (qui est MOUCHET) et une bande chargée de trois couronnes (qui est RIGNEY). Nef gauche.)

XI.

LA

MAISON FORTE D'ORCHAMPS

(Jura)

Par M. le comte A. de DION.

Orchamps est une des stations du chemin de fer de Dole à Besançon. Le village de 800 habitants est situé sur les bords du Doubs. On y voit au-dessus de l'église les ruines d'un château-fort de médiocre importance. Il y a peu d'années, on voyait aussi dans le bas du village une haute et massive construction signalée et décrite plus ou moins exactement dans tous les Guides, sous le nom de la Maison forte d'Orchamps. Ce genre de monument étant assez rare, j'en offre aux membres du Congrès les plans et croquis pris en 1869. Ne pouvant y joindre aucun document historique et ignorant ce que d'autres ont pu en dire avant moi, je terminerai par quelques notions générales sur les maisons fortes.

L'édifice d'Orchamps est une masse rectangulaire d'un peu plus de 20 mètres de long sur 14 de large. Les grands côtés ont 17 à 18 mètres de haut sous l'é

gout du toit; les petits côtés se terminent par des pignons qui atteignent peut-être 28 mètres, le double de la largeur de la base.

L'appareil est grand, mais fort irrégulier. J'ai compté

à un angle quarante-cinq assises, ce qui pour 18 mètres, fait une hauteur d'assise moyenne de 40 centimètres. Dans le reste du mur, ces grosses pierres sont remplacées par de forts moëllons dont les lignes de pose ne sont pas toujours horizontales. Des pierres de fort échantillon servent de linteaux aux fenêtres qui