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les travaux des archéologues franc-comtois nous avaient fait connaître, ces stations si intéressantes d'Alaise et de Mandeure; mais, depuis cinquante-huit ans, que notre Société est fondée, elle n'est pas à moitié de son tour de France.

L'attention de notre fondateur, Arcisse de Caumont, n'avait pas laissé, du reste, que d'être appelée par votre pays et, il y a un demi-siècle, en 1840, il convoquait à Besançon, pour la huitième session du Congrès scientifique de France, les hommes qui, à un titre quelconque, s'intéressaient aux lettres, aux sciences et aux arts.

L'archéologie avait eu sa place dans cette session et on retrouve, dans le volume qui en renferme le compte-rendu, une dissertation de M. Duvernoy, sur Mandeure, un travail de M. Ravier, sur la Porte-Noire, un mémoire curieux de M. Bourgon, sur les agrafes trouvées dans les tombes franques et d'autres dissertations importantes.

Le temps est passé de ces réunions qui embrassaient l'universalité des connaissances humaines et l'Association pour l'Avancement des Sciences, avec sa puissante organisation et son nombre considérable d'adhérents, peut seule poursuivre encore un but déjà plus restreint, puisqu'elle ne s'occupe que des sciences et laisse de côté tout ce qui touche au domaine historique, littéraire et artistique.

Nous ne nous occupons que d'archéologie et surtout, disons-le, d'archéologie nationale, laissant à d'autres l'étude des antiquités classiques et orientales et nous voyons se réunir des Congrès qui ne comprennent qu'une partie de nos études. Les antiquités préhistoriques ont commencé par provoquer la réunion de Congrès internationaux spéciaux qui se sont tenus déjà dans la plupart des grandes villes d'Europe et doivent avoir l'an prochain leurs séances à Moscou. La semaine dernière, la Société royale de Numismatique de Belgique, voulant fêter son cinquantenaire, nous conviait au premier Congrès numismatique international tenu à Bruxelles et nous avions répondu à son appel,

venant les uns de France et des Pays-Bas, les autres de Suède et d'Italie. Les études celtiques ont déjà eu leurs Congrès et nous ne pouvons qu'applaudir à cette émulation qui, en fixant d'une manière plus précise les recherches des différentes branches de la science que nous aimons, ne peut que les rendre plus profitables à son développe

ment.

Je disais tout à l'heure que c'était la première fois que la Société Française venait dans la Franche-Comté, ce n'est vrai qu'à demi. C'est notre premier Congrès, mais il a été précédé, en 1880, d'une excursion organisée par M. Palustre et dont le souvenir nous est conservé dans un long article inséré dans le Bulletin Monumental, par l'un de nos secrétaires généraux, M. Jules de Laurière (1).

Malheureusement cette excursion n'avait réuni qu'un petit nombre de membres, groupés autour de M. Castan et de notre regretté confrère, le comte Georges de Soultrait.

Il n'en est pas de même aujourd'hui et nous sommes heureux de voir, dès notre séance d'ouverture, un grand nombre de nos confrères des départements et de l'étranger répondre à notre appel, ainsi que de nombreux adhérents appartenant à la Franche-Comté et au duché de Bourgogne.

Tous les ans, dans notre séance d'ouverture, nous avons l'habitude de jeter un coup d'œil rétrospectif sur l'espace qui s'écoule entre deux de nos Congrès. Nous rappelons ainsi les travaux d'un certain nombre de nos confrères, les succès de quelques-uns et nous ne laissons pas de donner un dernier souvenir à ceux dont les noms figurent pour la dernière fois sur nos listes.

Parlons d'abord des travaux de nos confrères. Toutefois, comme le temps nous presse et que vous avez hâte de visiter les monuments de Dole, décrits dans l'aperçu que M. J. Feuvrier a bien voulu rédiger pour vous, je serai

(1) Tome XLVII, 1881.

bref et me bornerai à vous citer les plus importants. L'an dernier, je vous avais parlé de la grande part prise par nos confrères à la direction de plusieurs recueils importants de Paris et de la province. Je ne referai pas cette énumération, mais je puis dire que tous ont continué à donner soit une direction habile, soit une collaboration active, à ces recueils.

Dans les Sociétés archéologiques de la province, beaucoup aussi jouent un rôle important : qu'il me suffise de rappeler que la Société des Antiquaires de Normandie a élu comme directeur, pour 1891, M. Gustave Le Vavasseur, et que la Société archéologique de Bordeaux a appelé à la présider M. le comte de Chasteigner. A Dax, dont vous n'avez pas oublié le chaleureux accueil, deux autres de nos confrères ont pris une part des plus actives à l'érection de la statue de Borda, et c'est M. Taillebois, un de nos inspecteurs, le modèle des secrétaires généraux de Congrès, si tous n'étaient excellents, qui a remis, au nom du comité d'organisation, la statue du grand mathématicien à sa ville d'adoption (1).

Dans la région du Sud-Ouest, nous comptons aussi, au nombre de nos confrères les plus laborieux, M. le chanoine Pottier, qui a su donner à la Société archéologique de Tarn-et-Garonne une impulsion toute particulière.

Sous sa direction, la Société de Tarn-et-Garonne a, non seulement entrepris d'importants travaux, mais de fréquentes excursions. Après avoir fixé son attention sur tous les monuments archéologiques du département, étendant au-delà le cercle de ses recherches et comprenant qu'en archéologie l'étude comparative est des plus importantes, elle a d'abord porté ses pas dans les départements voisins, puis entraînée par un beau zèle, elle a fait en

(1) Depuis cette époque, nous avons eu le malheur de perdre M. Taillebois, décédé en septembre 1892, dans sa cinquantième année.

Italie un voyage d'études, et en projetait en Espagne un semblable que des circonstances particulières l'ont forcée à ajourner. Mais, l'an dernier, elle se rendait, en suivant les bords de la Garonne, jusqu'à Bordeaux, et là, avec les sociétés savantes de cette ville, étudiait les monuments de la métropole de l'Aquitaine dans des conférences auxquelles prenaient une part brillante plusieurs de nos confrères, notamment MM. Paul de Fontenilles, le marquis de Fayolle, le baron de Rivières et Piganeau.

Il y a peu de jours, M. le chanoine Pottier avait la grande satisfaction de fêter le vingt-cinquième anniversaire de la société qu'il dirige depuis sa fondation, par une série de réunions dont la moins intéressante ne fut pas la visite de Moissac.

Le ministre de l'Instruction publique, voulant témoigner de son intérêt dans cette circonstance à la Société montalbanaise, s'y faisait représenter par M. le comte de Lasteyrie, et s'il ne m'a pas été possible de répondre à l'invitation de notre confrère, M. le baron de Rivières, notre délégué, en portant un toast au banquet, a pu rappeler que c'était à l'instigation de notre fondateur, M. de Caumont, et à la suite du Congrès archéologique tenu à Montauban en 1865, qu'avait été fondée la société qui célébrait ses noces d'argent (1).

Ces réunions, qui comptent tant de nos excellents confrères, ne sont-elles pas un peu les nôtres et ne semblentelles pas ressusciter ces assises archéologiques qu'organisaient, il y a trente ou quarante ans, à l'instigation de M. de Caumont, Félix de Verneilh, le comte A. d'Héricourt, Charles des Moulins, le comte de Mellet, etc.

Si je ne craignais d'être accusé de partialité, je vous citerais aussi les excursions fréquentes et souvent fructueuses que fait la Société historique de Compiègne et qui la conduisent de la Normandie à la Champagne, mais... il y

(1) Voir Bulletin Monumental, t. LVII, p. 235.

a trop de Compiègnois au Congrès et on pourrait leur reprocher de vouloir renouveler les invasions des Normands.

L'an dernier, vous ne l'avez pas oublié, à la suite du Congrès de Brive, les membres de la Société archéologique de Touraine nous avaient, eux aussi, conviés à venir fêter leur cinquantenaire. Une remarquable exposition avait été organisée sous la direction de notre confrère, M. Léon Palustre, et réunissait tout ce que la Touraine et les provinces voisines offraient de plus remarquable au point de vue archéologique et artistique. Un superbe album, comme notre directeur honoraire sait les faire, perpétuera le souvenir de cette réunion unique d'objets d'art. Tous, nous avons emporté une profonde impression de ces quelques jours, pendant lesquels nous avons vu Loches et l'abbaye de Beaulieu, les châteaux de Langeais et de Montsoreau, l'église de Candes et la ville de Chinon.

Au Congrès de Brive, M. Émile Travers vous rendait compte de l'exposition de Roanne et vous présentait les nombreuses photographies qui accompagnaient le catalogue. Un excellent rapport de M. Jeannez est venu compléter ce recueil et lui donner un nouvel intérêt.

L'hiver, en général, se prête peu aux réunions et aux expositions, du moins dans nos régions, mais quand on a pour soi le soleil du Midi, et pour cadre un château comme celui de Pau, on peut se permettre d'organiser une exposition rétrospective au mois de mars. C'est ce qu'ont fait les Béarnais, et nous devons dire que notre confrère, M Adrien Planté, a eu une large part dans l'organisation de cette exposition et dans le choix des objets qui la composaient (1).

C'est lui que je regrette de ne pouvoir vous donner pour guide dans cette visite; avec sa grande connaissance de l'histoire locale, son style brillant et coloré, il vous aurait

(1) Un très bel album a éte aussi publié à la suite de cette exposition.

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