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paroissiale qu'elle dominait de toute part, son sol étant surhaussé de quelques marches au-dessus des nefs et même du sanctuaire, par suite de la déclivité de la rue avoisinante. La richesse de décor est du reste le caractère général de l'architecture à la fin du XIVe siècle, telle que l'introduisirent au comté de Bourgogne les maîtres des œuvres de Philippe le Hardi dans les châteaux du domaine et leurs chapelles, et l'esprit d'imitation dans les édifices religieux de la province. Citons comme œuvres contemporaines les nefs de l'abbaye de Saint-Paul à Besançon, l'église de Chaux-lez-Châtillon (Doubs), le chevet de l'église de Cour-lez-Baume, etc.

De 1380 à 1520, c'est-à-dire pendant 140 ans, aucune trace de construction nouvelle ou de remaniement important n'apparaît dans l'édifice.

Au début du XVIe siècle, une véritable fièvre de construction se répandit dans la Franche-Comté de Bourgogne, au lendemain de guerres qui y avaient détruit la moitié des châteaux ou des églises. Partout à la fois, des Vosges au Jura, maçons et architectes se mirent à l'œuvre; les chantiers principaux de Dole et de Gray eurent une singulière activité et exercèrent sur la région une influence artistique incontestable soit dans le choix, soit dans l'emploi des matériaux. Placé entre ces deux villes, Pesmes, peuplé d'une bourgeoisie commerçante et dont le château avait pour maîtresse une des plus grandes familles du pays, bénéficia de ce voisinage et fut entraîné dans le mouvement général. Cet entraînement se traduisit, en 1524, par un plan d'agrandissement ou plutôt de reconstruction totale du sanctuaire de l'église paroissiale, mais l'entreprise eut un caractère exclusivement populaire, car le seigneur de Pesmes, Jean de La Baume, sympa

thique aux idées de la Réforme, allait manifester ses sentiments en pillant aux environs d'Auxerre l'abbaye cistercienne de Pontigny (vers 1528). Les jets commu ́naux, les quêtes et les corvées de tous les paroissiens formèrent les ressources nécessaires. Le plan arrêté en 1524 fut le suivant: on enleva le mur du fond de l'ancien sanctuaire, en abattant la voûte et l'on créa dans l'axe du sanctuaire une seconde travée, puis un chevet à trois pans; enfin, la base du clocher, formant, nous l'avons vu, le prolongement de la nef, fut voûtée à la nouvelle mode. Le chevet et les deux travées du sanctuaire au chœur reçurent des voûtes en compartiments à étoiles, dont les nervures furent reçues, pour les formerets, les arcs et le doubleau voisins du chœur par des colonnettes engagées, sans chapiteau, pour les autres doubleaux par de simples pilastres également sans chapiteau. Quant au clocher, il fut voûté en croisée d'ogives, en réservant à la place d'une clé une ouverture circulaire pour passer les cloches ou les sonner. Un certain nombre de blasons décorant les voûtes du chevet et de la travée adjacente sont restés frustes, mais, dans la travée voisine du clocher, un écusson porte une main ouverte et apaumée, armes parlantes de Pesmes (Palma); un second, la croix de SaintAndré chargée d'un rabot, armoiries communes aux deux Bourgognes sous les derniers ducs, portées exclusivement par le comté de Bourgogne sous la maison. d'Autriche.

Pour inonder de lumière le sanctuaire ainsi agrandi et les deux travées aveugles qui le précédaient (celles du clocher et la première travée du choeur), quatre fenêtres d'égale hauteur (830), mais de largeur et de décors variés, furent percées dans les trois pans du chevet et dans le mur de droite de la travée voisine. La

fenêtre principale, aujourd'hui masquée par le retable du maître-autel, est partagée en trois baies trilobées par deux meneaux prismatiques, supportant trois quadrilobes flamboyants cantonnés eux-mêmes sur chaque flanc de deux flammes bilobées. Par une anomalie curieuse, les deux fenêtres latérales sont inégales, celle de gauche n'a qu'un meneau et par conséquent deux baies trilobées, soutenant un quadrilobe flamboyant et deux flammes, celle de droite a deux meneaux et par conséquent trois baies soutenant trois quadrilobes et quatre flammes (Pl. 2). Le décor de la quatrième fenêtre est identique à celui de la fenêtre du pan de gauche. Passant au dehors. nous trouvons chacune des fenêtres entourée d'une archivolte saillante et prismatique, dont les retombées sont généralement soutenues par des culs-de-lampe avec petits anges accroupis, écussons (la plupart vides) ou simples choux. De la pointe de ces archivoltes émergent des figurines grossièrement sculptées à mi-corps. Les trois pans du chevet et de la travée avoisinante sont surmontés d'une corniche à double larmier profilée en moulures; quatre contreforts à triple étage, indiqué seulement par des cordons prismatiques de forte saillie, soutiennent les angles de la maçonnerie et sont couronnés tous quatre de clochetons en pyramide quadrangulaire; leur arête est ornée de trois étages de choux, et leur sommet se termine en pinacle. Un de ces contreforts placé à l'est du chevet, porte l'inscription suivante, réservée dans un cartouche :

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