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fenêtres fortement ébrasées à l'intérieur; mais celle du centre a fait place à une large fenêtre à meneau, qui défigure l'ensemble. Dans le mur, entre le chœur et l'absidiole de droite, un arcosolium abrite le tombeau du saint ermite, patron de l'église.

L'extérieur a souffert de restaurations successives; il est facile néanmoins de le reconstituer dans son premier état. La façade comprenait une porte centrale, surmontée d'un oculus et deux petites baies rectangulaires éclairant les bas-côtés. La porte actuelle et son porche sont du XVe siècle. Douze arcatures, séparées de deux en deux par des bandes verticales qui partaient du soubassement, ornaient la façade; elles se continuaient sur le pourtour entier de l'édifice. La grande nef n'a pas d'ouvertures; celles des collatéraux consistent en de petites baies rectangulaires comme des meurtrières. qui s'ébrasent à l'intérieur par des retraits successifs. La tour surmonte la coupole du transept; de carrée qu'elle est à la base, elle devient ensuite octogone, selon le mode bourguignon; mais l'étage des fenêtres est moderne et on a jugé à propos de terminer la tour par un dôme analogue à ceux dont sont gratifiées la plupart de nos églises.

VII. ÉGLISE DE SAINT-LUPIÇIN.

L'église de Saint-Lupiçin offre une analogie frappante avec la précédente. Le plan en est identique ; cependant ses dimensions sont plus vastes et ses proportions plus heureuses. Ajoutons qu'elle est de toutes nos églises romanes la mieux conservée. Les piliers de

(1) Canton de Saint-Claude (Jura).

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ses trois travées sont alternativement ronds et carrés; les premiers ont leur assise supérieure taillée sur les quatre faces en forme d'écussons larges et arrondis, rappelant de loin la forme cubique des bords du Rhin. Une voûte ogivale très régulière a remplacé la toiture en charpente de la grande nef en 1639: c'est la date qu'on lit sur l'une des consoles qui la supportent. Les voûtes des bas-côtés paraissent aussi de cette époque; mais elles ont dû succéder à des voûtes d'arêtes, comme dans nos autres églises romanes. Les deux bras du transept, dont la saillie est de deux mètres seulement, ont des voûtes en berceau. Les quatre grandes arcades de la croisée supportent en encorbellement quatre autres arcs, sur lesquels est construite une élégante coupole hémisphérique, percée de quatre ouvertures: cette disposition est très curieuse. A la suite, vient une petite travée, voûtée en berceau, puis l'abside semicirculaire, éclairée par deux fenêtres et ornée d'une galerie aveugle de cinq arcades, avec pilastres et soubassements. Les deux absidioles ont pour ornement de petites arcatures séparées de deux en deux par des pilastres.

La façade a conservé sa porte primitive, dont toute l'ornementation consiste en une arcade cintrée à arêtes vives et deux colonnettes, dont le chapiteau est formé d'un double tore. Un oculus central et deux petites fenêtres complétaient la façade. Les corniches des absides sont décorées d'arcatures, qui devaient se poursuivre aussi le long des nefs, de même qu'à SaintHymetière, car on en voit encore des restes sur la face du transept nord. La tour carrée est assise sur la croisée; un léger retrait la sépare en deux étages; le premier correspond à la hauteur de la coupole; le

second est percé, sur chaque face, de deux fenêtres géminées à colonnettes et chapiteaux supportant des arcs doublés à plein cintre. La corniche el la flèche sont de date récente.

Il serait grandement à désirer que cette église, l'exemple le plus complet de l'architecture romane dans nos régions, fût classée sans retard parmi les monuments historiques: nous avons vu les plans d'une prétendue restauration, dont elle est menacée, restauration qui la rendrait, à grands frais, absolument méconnaissable.

VIII. ÉGLISE DE MONTEVILLARD, A POLIGNY.

De cette église, construite au faubourg de Poligny, appelé Montévillard, ou Moutier le Veillard, de son ancien nom, il ne subsiste qu'une partie du transept avec le choeur, privé de son abside. On sait toutefois, par d'anciennes descriptions (1), que c'était un édifice à plan basilical, à trois nefs, dont les piliers étaient les uns ronds, les autres carrés, avec charpente apparente. La partie centrale du transept porte sur quatre arcades à plein cintre la tour du clocher, dont la voûte est à ogives et nervures sur plan carré. Le transept de gauche, également conservé, est voûté en berceau et est éclairé par une baie très étroite au dehors, mais dont l'ébrasement intérieur forme trois lobes à son sommet. Le chœur se compose de deux travées séparées par un arc doubleau et couvertes d'un

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(1) Voyez Chevalier, Mémoires historiques de la ville et seigneurie de Poligny, 1757, t. II. p 96; du même auteur, ms. de notes hist., conservé à la Bibliothèque de Poligny, f. 24 vo.

berceau; son abside terminale, ainsi que les deux absidioles qui l'accompagnaient, ont été remplacées par des chapelles, au XVe siècle.

Le premier étage du clocher carré est percé de quatre baies étroites et cintrées; le second possède sur chaque face deux fenêtres géminées, ornées d'archivoltes et de chapiteaux. Un document découvert récemment par M. Bernard Prost fixe la construction de la tour à l'année 1228. Mais il ne s'agit apparemment ici que de l'étage supérieur et de la voûte de la croisée du transept: on remarque, en effet, entre les deux étages, une reprise de maçonnerie très apparente.

L'église de Montévillard devait être construite avec plus de pureté et d'élégance de formes que nos autres monuments, à en juger par les belles proportions des arcades qui subsistent.

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Cet intéressant petit monument ne m'arrêtera pas longtemps, car il a eu la bonne fortune d'une monographie de M. J. Gauthier (2). Il me suffira de dire que son plan présente trois nefs de cinq travées, un transept peu marqué, un chœur rectangulaire, éclairé par trois fenêtres, posées 2-1, et accosté de deux absidioles semi-circulaires. Des charpentes apparentes, rempla cées malheureusement depuis peu, couvraient les nefs. Toutes les ouvertures et les arcs sont à plein cintre. La

(1) Canton de Dampierre (Jura).

(2) J. Gauthier, L'église prieurale de Courtefontaine (Jura) (Bull. de l'Académie de Besançon, année 1885). ́

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