Des trois fenêtres de la nef, une seule a conservé sa forme ancienne.

A la fin du XIe siècle, une simple chapelle recouvrait le tombeau de saint Désiré. Cette chapelle devint propriété de l'abbaye de Baume en 1083 (1). De cette époque date aussi la translation des reliques du saint patron dans une châsse et le transfert de son chef à Baume, dont l'abbé Bernard créait auprès de ces reliques un prieuré (2). La chapelle de 1083 était devenue, en 1153, dans un diplôme de Frédéric Barberousse, un monastère complet (3). C'est donc entre ces deux dates qu'on doit placer la construction de la crypte de l'église. La ressemblance parfaite des deux monuments de Baume et de Saint-Désiré me conduit à attribuer leur érection commune à un auteur unique, l'abbé de Baume, Albéric, probablement vers l'année 1120.

L'intérêt de cette église, rebâtie, à l'exception de l'abside, au dernier siècle, réside dans sa crypte, qui s'ouvre vers l'extrémité supérieure du collatéral, à droite, et s'étend sous la dernière travée des nefs, le choeur et l'abside. Les dimensions en sont restreintes (12 m. 60 de large sur 10 m. 60 de long). Les piliers, qui sont gros et carrés, avec une base à peine marquée,

(1) B. Prost, Abrégé de l'histoire du prieuré conventuel de StDésiré de Lons-le-Saunier, par dom Albert Chassignet (Bull. de la Soc. d'Agriculture..... de Poligny, 1867).

(2) Rousset, loc. cit.

(3) B. Prost et Rousset, opp. cit.

(4) Canton de Sellières (Jura).

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portent des voûtes d'arètes. Détail curieux: ces piliers sont cantonnés de pilastres et de demi-colonnes engagées; mais comme les voûtes n'ont jamais eu ni arcs doubleaux ni nervures, les pilastres et demicolonnes, dont la fonction est de supporter la retombée de ces arcs, n'ont aucun emploi; aussi sont-ils arrêtés à la naissance des voûtes; seuls les entrecolonnements des deux travées portent des arcs à

arêtes vives. L'abside centrale est percée de trois baies cintrées très étroites, mais ébrasées; les absidioles n'ont qu'une ouverture; deux autres baies latérales laissaient pénétrer un peu de lumière dans les nefs. L'extérieur forme deux étages, dont l'un comprend la crypte avec ses trois absides, et l'autre, l'abside de

l'église supérieure, dont la corniche est ornée d'arcatures.

Les caractères fort primitifs de cet édifice prêtent à l'attribution d'une date reculée; mais, averti du danger qu'il y a de trop avancer la date de ces monuments, je ne pense pas m'égarer beaucoup en assignant à la crypte de Saint-Lothain les dernières années du XIe siècle ou les premières années du XIIo.

Nous sommes, ici encore, en présence d'un prieuré de l'abbaye de Baume, qui nous ramène à des caractères identiques et par conséquent aux mêmes dates. Les gravures des plans me dispenseront, pour ce monument, aussi bien que pour les suivants, d'entrer dans de longs détails, dont la répétition deviendrait fastidieuse. Il me suffira de dire que l'église de SaintMaur compte trois nefs de cinq travées, sans transept; que les collatéraux sont voùtés à arètes et formerets, tandis que la nef principale n'avait primitivement qu'une charpente. Le chœur est formé de deux travées voûtées en berceau et un sanctuaire rectangulaire a pris au XVe siècle la place d'une abside en hémicycle. La tour carrée, très massive, s'élève sur la première travée du chœur ; mais elle a subi un remaniement complet en 1591. Quelques-unes de ces petites baies cintrées existent encore; la plupart ont été agrandies. La façade également est remaniée ; mais on en peut constater l'ordonnance ancienne, qui

(1) Canton de Conliège (Jura).