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aux écoles municipales de Vesontio et à celles de Lug dunum. Quant à la culture des arts en Séquanie durant la période gallo-romaine, rien ne nous permettrait de distinguer sûrement entre les objets qui nous restent de cette période, ceux qui pourraient dériver d'une fabrication locale. Comme artiste gallo-romain, originaire de la Séquanie, nous ne connaissons qu'un habile stucateur, qui exerçait à Lugdunum sa profession et y traçait en ces termes touchants l'épitaphe de sa jeune femme:

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« Aux dieux Mânes el à la mémoire éternelle de << Blandinia Martiola, jeune femme pleine d'innocence, <«< morte à l'âge de dix-huit ans, neuf mois et cinq jours Pompeius Catussa, de la cité des Séquanes, artiste stucateur, à son épouse incomparable, remplie de bonté à son égard, qui a vécu avec lui cinq << ans, six mois et dix-huit jours, pure de toute souillure, a élevé ce tombeau, et aussi pour lui-même, et l'a « dédié sous l'ascia.

་་

«Toi qui lis ces lignes, va au bain d'Apollon, ce << qu'avec ma femme j'ai souvent fait et voudrais faire << encore si cela était possible. »

XI. RÉSUMÉ.

En somme, la cité des Séquanes dut à son voisinage de la Germanie de subir tout d'abord l'occupation romaine dans toute sa rigueur. Le service qu'elle rendit à Rome en battant Sabinus fut reconnu par certains procédés d'adoucissement, et peut-être par l'agrégation d'une colonie romaine à Vesontio, sa capitale. Il finit par en résulter pour les Séquanes la concession du droit de petite latinité, c'est-à-dire le privilège pour

leurs magistrats annuels d'obtenir la cité romaine. Toutefois, cette faveur, annulée par le décret de Caracalla, qui accordait la cité romaine à tous les hommes libres de l'Empire, ne paraît pas avoir longtemps profité aux magistrats des Séquanes, car nous n'avons pas le nom d'un seul d'entre eux accompagné d'une mention de tribu romaine. Plus tard, la constitution de la Provincia Maxima Sequanorum transforma la Séquanie en cité métropolitaine Vesontio, sa capitale, devint la résidence d'un président de province (præses) et d'un chef militaire ayant la qualité de dux. Mais ce fut en un temps où l'orage grondait du côté de la frontière, en annonçant la ruine prochaine de la Séquanie. Et voilà comment, par la fatalité de sa situation topographique, peut-être aussi par le fait d'un léger défaut d'esprit collectif chez ses habitants, la cité des Séquanes, devenue la Franche-Comté, a toujours obtenu trop tard les avantages qui. arrivés en temps utile, auraient pu la rendre prospère.

II.

LES ÉGLISES ROMANES

DU JURA

Par M. l'abbé P. BRUNE

L'archéologie monumentale du moyen âge dans le Jura n'a tenté jusqu'à ce jour aucun de nos historiens. Cet abandon tient apparemment au très petit nombre de nos monuments restés debout après les désastres de nos guerres des XVIe et XVIIe siècles. Je comprends que les goûts et les recherches se dirigent avec plus d'attrait du côté des antiquités celtiques ou galloromaines, qui partout couvrent notre sol : les résultats étant plus nombreux et plus satisfaisants, stimulent davantage le zèle des explorateurs. Mais faut-il pour autant se montrer injuste envers nos monuments du moyen âge? Ainsi que l'écrivait naguère un de nos plus érudits confrères : « Si notre pays n'a pas conservé ou plutôt n'a pas produit une seule de ces œuvres gigantesques et magnifiques si multipliées dans les régions du nord et du centre, et dont une seule suffirait à la gloire des artistes du moyen âge..., dans sa pauvreté relative, il peut montrer encore une série

nombreuse d'œuvres intéressantes, quoique secondaires, suffisantes à contenter l'amour-propre de notre patriotisme local » (1).

C'est cet « amour-propre » ou ce « patriotisme local » qui m'ont engagé à décrire et à mettre sous les yeux du Congrès les plus anciennes de nos églises. La revue que j'en vais faire ne sera ni longue ni fertile en découvertes; mais ce n'est point une raison pour laisser ces monuments intéressants dans un injuste oubli Cette vue d'ensemble aura l'avantage de contribuer à donner à notre province la place qui lui convient dans la série des écoles d'architecture romane de la France.

Je commencerai par la description sommaire de neuf églises, conservées plus ou moins intégralement; puis j'indiquerai celles qui n'ont gardé que quelques fragments de leurs constructions primitives et celles qui passent à tort chez nos historiens pour appartenir à l'époque romane. Ma conclusion présentera le résumé des caractères des monuments décrits.

I. · ÉGLISE ABBATIALE de Baume-les-MOINES (2).

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Je commence par cette église, parce que, connaissant la date très approximative de sa construction, je m'en servirai comme d'un point de repère et de comparaison.

Suivant l'opinion aujourd'hui la mieux justifiée, l'abbaye de Baume doit sa fondation à saint Colomban,

(1) Jules Gauthier, Les Monuments du moyen âge en FrancheComté (Mémoires de l'Académie de Besançon, 1874).

(2) Baume-les-Messieurs, canton de Voiteur (Jura).

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