Page images
PDF
EPUB
[graphic][merged small]

LE CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE DE FRANCE
DANS LES RUINES DU THÉATRE DE MANDEURE

(21 Juillet 1891)

Phot. d'Edgar MARCUSE

Excursion à la ville romaine de Mandeure

Mardi 24 juillet 1891

La dernière journée du Congrès a été consacrée à une excursion en voiture à la ville romaine de Mandeure, excursion faite dans de nombreuses voitures, malheureusement par une trop grande chaleur.

Nous commencerons par douner le résumé historique sur Mandeure qu'a bien voulu rédiger M. Ch. Duvernoy qui y a poursuivi, depuis plus d'un demisiècle, les fouilles qui avaient été inaugurées il y a près de trois cents ans par Schickardt et le célèbre médecin Jean Bauhin, et qui avaient amené la réunion d'une nombreuse collection d'objets d'art et d'archéologie conservée dans une des tours du château de Montbéliard et dispersée lors de l'occupation française de 1676, comme on l'a vu plus haut.

Mandeure, l'ancienne Epamanduodurum.

Epamanduodurum est la localité archéologique la plus remarquable des environs de Montbéliard.

Cette ville paraît avoir eu une importance assez considérable, particulièrement à l'époque des Antonins; mais les objets recueillis établissent son existence dès les temps préhistoriques. On a trouvé dans ses ruines des haches, des pointes de flèches en silex, puis des kelts. en bronze et des monnaies gauloises en grand nombre, particulièrement aux types de Togirix, de Q. Doci, de Cantorix, de Kaletedon, etc. Quatre temples, dont

l'architecture est parfois d'une richesse remarquable, ont été reconnus comme appartenant à l'époque romaine. D'autres monuments: un arc de triomphe, un amphithéâtre, des bains, etc., remontent à la même période. Cette ville, brûlée à plusieurs reprises par les Barbares, parait s'être relevée, du moins partiellement, dans les premiers temps du moyen âge. où son nom figure encore dans quelques documents.

Ainsi que nous avons déjà pu le constater dans la plupart des localités où se trouvaient des ruines romaines de grande importance, les habitants sont allés chercher, comme sur un chantier, les matériaux dont ils avaient besoin pour construire leurs modestes demeures. Aujourd'hui on voit à Mandeure des linteaux de portes faits avec des bas-reliefs antiques et soutenus par des colonnes délicatement travaillées.

Le théâtre. dont le périmètre est parfaitement visible, a ses gradins en grande partie recouverts de terre, mais l'acoustique n'en est pas moins bonne.

Avec son amabilité ordinaire, M. Mareuse a photographié les membres du Congrès dans les ruines de Mandeure et, malgré le soleil, ce groupe rappellera à nos confrères le souvenir d'une charmante excursion, la dernière journée passée en France par le Congrès de 1891.

L'époque des invasions germines nous a laissé surtout des tombeaux. Du reste, les stations archéologiques sont nombreuses dans le pays. A l'époque préhistorique appartiennent particulièrement les camps du Chataillon, du Mont-Bard, du Mont-Vaudois, du mont de Desaudans, de Roches. Sur presque toutes les hauteurs formant promontoire aux confluents des rivières, on a rencontré des débris de cuisine et des

instruments en silex, quelquefois aussi dans les grottes et les creux de rochers taillés dans les abrupts. Les outils de bronze sont plus rares. On les a trouvés à Mandeure, à Chataillon, au Mont-Bard, à Gouvillars, et les bracelets et colliers dans les tombeaux gaulois, à Bart et à Blupaizeaux. Les villas et stations romaines. se rencontrent en quantité de lieux : à Bavans, à Longevelle, à Montbéliard, à Sainte-Marie et en beaucoup d'autres points. La voie romaine, qui longeait le Doubs, est encore visible dans une grande partie de son parcours, et de temps à autre on y trouve quelques monnaies ou ferrailles.

Après l'époque barbare et les tombeaux du temps, semés un peu partout, mais particulièrement à Allenjoie, à Morvillars, au Giémont, à Montenoy, etc., il se fait un grand vide, et les monuments archéologiques disparaissent complètement. On cite de l'époque mérovingienne deux triens frappés à Allenjoie, et c'est tout. Le moyen âge ne nous a rien laissé. Nos pays ont été si souvent la proie des envahisseurs et des pillards de toute provenance qu'il ne nous est rien resté, et les ruines même n'ont survécu que parce qu'elles étaient à l'état de ruines.

[ocr errors]

P. S. Depuis notre visite à Mandeure, de nouvelles découvertes y ont été opérées et des mesures ont été prises pour le dégagement du théâtre ainsi que nous l'annonçait M. Duvernoy, dans une lettre du 21 mars 1892:

<< Depuis votre départ, nous n'avons pas tout à fait perdu notre temps. Un petit caveau funéraire a été ouvert à Mandeure, non loin du pont que vous avez traversé, et au milieu de nombreux débris de poteries, nous avons pu recueillir quinze ou dix-huit urnes

« PreviousContinue »