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(1678) fut livrée à des capucins et ses professeurs emprisonnés ou dispersés. La bibliothèque du château, que le comte Georges avait enrichie des plus rares monuments de la Réforme, et son fils Frédéric de beaux manuscrits qu'il avait rapportés d'Italie, fut pillée et jetée aux vents. Neuf grandes caisses de nos archives les plus précieuses furent transportées à Besançon. Dans une des tours du château avait été rassemblée une nombreuse collection d'objets d'art et d'archéologie, provenant surtout des fouilles exécutées dans la vieille cité gallo-romaine de Mandeure, sous la direction de Schickardt et de J. Bauhin: tout fut enlevé ou brisé. Les tombes mêmes des anciens comtes, dans l'église Saint-Maimbo, furent violées, et les monuments détruits. Au milieu de tous ces désastres, quelle place restait-il pour les études? Les guerres ramenaient l'ignorance et la barbarie; et après tant de calamités, il fallut attendre jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, jusqu'à ce que le traité de 1748 eût établi avec la France un modus vivendi à peu près tolérable, pour se reprendre à vivre et à travailler.

« Alors apparut une nouvelle pléiade de savants, mais ce furent surtout les sciences naturelles et l'instruction publique qui devinrent l'objet de leurs études.....

"Fondée en 1850, sous le titre de Société scientifique et médicale, la Société d'Emulation a pris en 1852 sa dénomination actuelle; elle a publié plus de 25 volumes de Mémoires, dans lesquels on rencontre de nombreuses études archéologiques.

«

C'est elle qui a la direction du Musée, qu'elle a enrichi de précieuses collections recueillies à la suite de fouilles faites à Mandeure depuis 1860 et dans d'autres localités des environs. >>

7. Temples protestants élevés dans le pays de Montbéliard et en Suisse. Dispositions de leurs chaires et autels; règles de leur construction; tribunes et escaliers y donnant accès. Vases litur. giques des temples.

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M. le Président signale l'intérêt que lui paraît présenter cette question en face du temple de Montbéliard, qui peut être considéré comme un des monuments les plus anciens construits pour l'usage du culte protestant.

Il rappelle qu'en général, partout où la Réforme s'est établie, les fidèles de la nouvelle religion se sont réunis dans des édifices consacrés au culte catholique, et que c'est ainsi, du reste, que, dans tout le nord de l'Europe, en Angleterre, dans les Pays-Bas, en Allemagne et dans les pays scandinaves, les plus belles églises ont été conservées par suite de leur affectation au culte réformé. Il paraît en avoir été de même en France dans le courant du XVIe siècle, et c'est seulement au XVIIe siècle, après l'édit de Nantes, que furent construits dans l'Ouest quelques édifices destinés à servir à l'exercice du culte réformé. M. le Président dit qu'il a fait appel à quelques-uns des érudits qui se sont occupés spécialement de l'architecture monumentale dans l'Ouest, et que les renseignements qu'ils lui ont transmis sont peu nombreux et montrent que ces constructions n'ont jamais eu que peu d'importance. Aussi M. le pasteur Lelièvre, conservateur de la Bibliothèque de Poitiers, écrit:

« Je crois que cette question n'amènera pas, en ce qui concerne la France, beaucoup de communica'tions.

<< Il y a chez nous extrêmement peu de temples an

ciens. Montbéliard doit la conservation du sien à des circonstances particulières que, mieux que personne, les Montbéliardais exposeront au Congrès.

<«< Au XVIe siècle, on n'osa pas construire, même dans les éclaircies, tant elles duraient peu. Ce ne fut qu'après l'édit de Nantes qu'on se mit à bâtir; mais, à sa révocation ou dans les années qui précédèrent, tous les temples, à de très rares exceptions près, furent démolis.

« Je n'en connais qu'un seul dans l'Ouest qui ait échappé, c'est celui de Montignac-sur-Charente, bâti en 1634, devenu aujourd'hui l'église paroissiale. Il n'a rien de monumental et a plutôt l'air d'une bonne petite maison bourgeoise du XVIIe siècle. C'est sans doute à l'intervention des La Rochefoucauld, seigneurs du lieu, qu'il a dû de rester debout. »

M. Berthelé, archiviste des Deux-Sèvres, n'a pu nous signaler qu'un procès-verbal, récemment publié, de la démolition de treize temples des Deux-Sèvres et de Vendée, construits pour cette destination; mais ce procès-verbal ne renferme aucun détail intéressant au point de vue de l'architecture et on y mentionne seulement que, dans l'un, le pasteur avait son habitation au-dessus du temple.

M. le Président fait remarquer que le temple de Montbéliard offre une importance particulière par le caractère spécial de sa construction et par son ornementation.

Voici le texte de l'inscription qui rappelle la date de la construction de ce monument: ILLVSTRISS

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et au-dessous, en une ligne, le nom de l'architecte :

OPERA HENRICI SCHICKARDI HERENBERGENSIS ARCHITECTI.

M. le Président ajoute qu'on trouve dans l'Histoire de France d'après les documents originaux, de Bordier et Charton (1860), t. II, p. 194, une vue du Temple de Charenton, d'après une gravure de 1624. C'est une construction carrée, à deux étages de fenêtres et absolument sans caractère; au-dessus, un lanterneau de très petites dimensions. Une autre planche du même ouvrage (p. 282) reproduit une gravure de Sébastien Leclerc, représentant la destruction du même édifice en 1685. On y distingue en partie la disposition intérieure avec un rang de tribunes au premier étage.

Visite des Monuments.

Les membres du Congrès visitent ensuite les monuments que nous venons d'indiquer, en commençant par le Château, aujourd'hui transformé en caserne et dont l'intérieur a subi de nombreuses mutilations. Ils s'arrêtent devant la statue du grand naturaliste Cuvier, placée devant l'Hôtel-de-Ville et dont la maison natale, voisine de la place, est rappelée par une inscription commémorative, visitent le Temple de Saint-Martin, examinent avec intérêt la façade du bel hôtel dans laquelle Schickardt a accumulé et superposé toutes les ressources des ordres de l'architecture antique, entrent dans la nouvelle église catholique et parcourent les rues qui offrent encore quelques constructions anciennes remarquables surtout par leurs grilles en ferronnerie, dont quelques-unes peuvent lutter avec celles des maisons de Dole.

Le Musée, dont nous avons déjà parlé, attire spécialement leur attention.

DEUXIÈME SÉANCE DU 20 JUILLET.

PRÉSIDENCE DE M. LE COMTE DE MARSY.

La séance est ouverte à huit heures du soir, à l'Hôtelde-Ville.

M. le Président donne lecture de la question 4. réservée, en partie, pour être discutée à Montbéliard.

Faire connaître les découvertes d'objets romains, bronzes, céramique, monnaies, etc., effectuées depuis trente ans. Déterminer les limites et les conditions dans lesquelles on a trouvé les statuettes de Jupiter costumées à la gauloise et les taureaux votifs tricornus.

Le Musée de Besançon, dit M. le Président, possède le plus remarquable, par ses dimensions et son travail, des taureaux à trois cornes; c'est celui d'Avrigney, et on en lira avec intérêt la description, empruntée à l'Histoire et description des Musées de Besançon, de M. A. Castan p. 143).

«< TAUREAU A TROIS CORNES. Style gallo-grec. Bronze. H. Om 45. L. 0m 75.

« Ce taureau, auquel il manque les deux jambes de devant, l'une de celles de derrière, ainsi que la queue, fut trouvé en 1756, sur le territoire d'Avrigney (HauteSaône). L'archevêque Antoine-Clériadès de Choiseul l'acheta lors de sa découverte, puis le légua, par son testament du 23 janvier 1774, au président FrançoisXavier Chiflet. Le vicomte Ferdinand Chiflet, petit-fils de ce magistrat, a fait acte de patriotisme en accordant à la ville de Besançon une préférence de faveur

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