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et le curé m'a assuré que les habitants ont trop d'amour propre pour laisser inachevée une si belle et si louable entreprise. J'ai demandé grâce pour le clocher, j'ai demandé grâce pour l'arc doubleau, pour la façade, pour tout, rien probablement ne me sera accordé, peut-être que si cette notice était insérée dans le bulletin, j'obtiendrais quelque chose avec le numéro en main.

Je ne connais pas le projet de l'architecte, mais il est probable que son clocher ne sera nullement en rapport avec le style du reste de l'église et que probablement il coûtera fort cher. Je vous envoie un projet que j'ai fait moi-même à la hâte et d'après l'avis de MM. de Gourgue et Des Moulins; c'est du roman pillé sur les églises des environs de La Rivière et un clocher porche dans le style de ceux de notre pays; les moulures seraient exactement copiées sur celles de l'église et la corniche qui est au-dessus du portail actuel servirait pour orner la façade du clocher, car il est probable qu'il faudra démolir ou du moins cacher le pignon. Je ne suis pas architecte et par conséquent il faudrait, dans le cas où vous jugeriez mon projet

convenable, que je le fisse exécuter, avec un devis, par un architecte; si vous ne le jugez pas bon', ayez la bonté de me dire quelles seraient vos idées à cet égard. Je crois que muni d'un projet joli, bien conçu et peu cher, jobtiendrais quelque chose du maire et du curé.

Ils ont fait une cloche trop grosse pour le clocher actuel, il leur faut donc un clocher pour leur cloche; ils n'en démordront pas, mais je voudrais conserver le petit bijou qui existe.

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NOTE

SUR DES CARREAUX DE TERRE CUITE

EMPLOYÉS

AU PAVAGE DE DEUX ÉGLISES

DU XIo. SIÈCLE;

Par M. A. DIGOT,

Membre de l'Institut des Provinces, Inspecteur de la Société française pour la conservation des Monuments historiques, à Nancy.

Le numéro 5 du Bulletin monumental, publié au mois d'août 1848, renferme des détails curieux sur les carreaux en terre cuite et vernissée que l'on employait, au moyenâge, pour former le sol des édifices religieux et même civils. J'ai pensé que l'on accueillerait, avec intérêt, une note sur des carreaux analogues, que j'ai découverts dans deux églises construites avant la fin du XI. siècle. Il est évident, en effet, que les questions qui se rattachent au pavage des églises anciennes, n'ont pas encore été suffisamment étudiées, et tout ce qui peut servir à résoudre ces questions doit être reçu favorablement. D'un autre côté, les carreaux que j'ai trouvés, me semblent plus

anciens que ceux dont le Bulletin monumental a reproduit la figure.

La chapelle que la célèbre comtesse Sophie éleva vers l'année 1080, dans le château que les comtes de Bar possédaient à Mousson, et qui renferme un font baptismal publié dans le Bulletin (tome III, 2 série), la chapelle de Mousson, dis-je, paraît avoir été pavée en carreaux vernissés, dès l'époque de sa construction. Je n'ai pu retrouver dans le pavé actuel que deux de ces anciens carreaux; mais on voit les débris de beaucoup d'autres sur le petit plateau où s'élève la chapelle.

Ces carreaux ont environ 14. sur chaque face; leur épaisseur est d'un peu plus de 2o. Ils sont couverts d'un vernis fort brillant et très-bien conservé. L'un de ces carreaux offre des feuillages d'un jaune pâle, sur un fond brun. Au milieu de l'autre, on voit représentés, également en jaune pâle, mais sur un fond brun-rouge, deux oiseaux d'une forme assez singulière, qui paraissent becqueter une fleur

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placée entr'eux. Dans les angles du carreau se trouvent d'autres ornements peu remarquables.

Je ne sais si les archéologues partageront mon opinion, mais ces carreaux vernissés me semblent remonter au XII. siècle; je serais même porté à les croire aussi vieux que la chapelle castrale, et dans cette hypothèse, ils remonteraient au XIe siècle.

Je suis tenté de rapporter aussi à la même époque

les carreaux que l'on voit encore aujourd'hui dans l'église de l'ancien prieuré de Laître-sous-Amance. Cette église, que je me propose de faire connaître aux lecteurs du Bulletin monumental, fut consacrée, en 1076, par l'évêque de Toul, Pibon; elle est assez importante pour l'histoire de l'art au moyen-âge. Les carreaux en question au nombre de quarante à cinquante, ne sont pas vernissés, mais chargés d'ornements qui ont été imprimés sur l'argile, avant

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qu'elle fût desséchée. Ces ornements ont été tracés sur les carreaux au moyen d'une espèce de griffe ou de timbre.

Les briques de Laître peuvent se diviser en deux catégories; les unes sont carrées et les autres oblongues. Les briques carrées sont elles-mêmes de grandeurs différentes. La plupart ont 9c. en tous sens; les autres en ont 14, comme les carreaux de Mousson.

En général, les ornements qui les couvrent sont géométriques, et presque tous se composent de courbes diversement enlacées. D'autres briques, et ce sont les plus grandes, présentent des ornements plus compliqués. Les briques oblon

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gues ont 9. de hauteur sur 18 de longueur. Elles offrent soit des lignes droites, qui se coupent de manière à former

des carrés, soit des rinceaux d'assez bon goût, enfermés entre deux bandes chargées de hachures.

Toutes ces briques étant engagées dans le pavé actuel de l'église, je n'ai pu constater leur épaisseur.

Il me semble certain que ces carreaux se disposaient de la manière suivante, qui présente de l'analogie avec nos parquets actuels.

Les briques oblongues formaient des encadrements, dans lesquels on rangeait l'une à côté de l'autre un certain nombre de briques carrées. Et il est bon de faire remarquer ici que le rapprochement de ces briques produisait des courbes et des cercles qui devaient être d'un fort bon effet.

Le dessin seul de ces carreaux peut fournir quelques indications sur l'époque à laquelle ils ont été fabriqués; mais il me semble évident qu'ils portent tous les caractères du style roman, et qu'on peut, sans témérité, admettre qu'ils sont contemporains des petits édifices dans lesquels ils ont été placés dans tous les cas, on ne peut nier qu'ils soient fort anciens.

Je n'en dirai pas davantage au sujet de ces briques curieuses; les archéologues ne pourront malheureusement puiser beaucoup de lumières dans cette note; cependant j'ai cru utile de la publier, parce que, en pareille matière, tout document nouveau peut avoir quelque valeur.

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