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d'une église, d'autant qu'elles sont surmontées d'autres fenestrages et terminées par un faisceau de clochetons. De chaque côté des deux pinacles principaux qui abritent le sire et la dame de Belin est un ange encensant d'une main et portant de l'autre une navette à encens. Ces quatre anges nimbés complètent la décoration du monument.

On a pu apprécier l'importance de notre pierre tombale au point de vue du costume: il nous serait également facile de vous faire comprendre qu'un monument qui résume, dans un espace restreint, la plupart des combinaisons architecturales du XIV. siècle est digne à cet égard aussi, de tout votre intérêt.

Voici ce que dit M. Pottier qui a illustré Willemin d'un texte si précieux, au sujet des détails d'architecture de la pierre tombale de PIERRE DERBICE, bourgeois de Troyes, décédé en 1348. - Pl. 124 de cet ouvrage.

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« Une remarque qui peut n'être pas sans intérêt, parce qu'elle témoigne jusqu'à quel point, au moyen-âge, << toutes les parties de l'art étaient intimement unies << entr'elles, et comment procédant d'un type commun « elles arrivaient à se formuler en productions variées, mais « non dissemblables, c'est que ces compositions architec«<turales employées sur les tombeaux à former l'entourage « des figures qui y sont représentées ont leurs types << correspondants dans les décorations analogues dont on << en encadrait, sur les vitraux, les personnages pieux ou « sanctifiés que l'église offrait à la vénération des fidèles; « c'est, en outre, que ces deux systèmes nés ensemble « d'une même donnée, fleurirent, se perpétuèrent de « siècle en siècle et moururent ensemble; de telle sorte « qu'à la vue des riches intailles couvrant les dalles « mortuaires, on peut établir à priori, quelle était, à « la même époque, la décoration adoptée pour l'enca

« drement des grandes figures peintes sur les vitraux et « réciproquement. »>

Nous ne pouvons mieux terminer cette notice qu'en rendant hommage au zèle qu'a déployé M. le curé Prémartin pour la conservation de notre monument.

Placée entre la sacristie et l'autel; et enchâssée parmi les dalles du sanctuaire, cette pierre était incessamment foulée au pieds; toutefois, le peu de largeur de la porte de la sacristie et d'autre circonstances favorables à sa conservation, avaient limité l'usure à une zône d'environ 30 ou 40c.

M. le curé la fit lever au mois de mars 1844 et placer verticalement dans le mur du sanctuaire; tous les amis des arts et des sciences historiques applaudiront à cette excellente

mesure.

Voici les deux procès-verbaux qui donnent les motifs et la date de ce déplacement :

Extrait du procès-verbal d'une séance en date du 1er janvier 1844, du conseil de fabrique de l'église de Saint-Ouen-en-Belin, canton d'Ecommoy, arrondissement du Mans, département de la Sarthe.

« Le lundi premier janvier mil huit cent quarante-quatre, «<le conseil de fabrique de l'église de Saint-Ouen-en-Belin, « dûment convoqué et réuni au presbytère, lieu ordinaire « de ses séances étaient présents M. Prémartin président; « MM. Bourge, maire; Gaignon, trésorier; Cornille, Chesneau « et Laiguillon, conseillers.

« M. le président ayant ouvert la séance, a proposé à « l'assemblée de faire lever la pierre tombale qui recouvre « le caveau où reposent les ossements de M. de Belin

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« avec ceux de son épouse; attendu que cette pierre est « continuellement détériorée par le frottement des pieds de « ceux qui entrent et sortent de la sacristie: et afin de « conserver aux arts et à la postérité un monument aussi précieux par la richesse de ses ornements que par le « fini de son travail, il serait bon de le lever et de l'adosser « à la muraille, directement au-dessus dudit caveau.

«

<< Cette demande ayant été prise en considération, le « conseil a jugé à propos de faire exécuter ce déplacement «<le plutôt possible, l'épitaphe (1) qui est adossée à la « muraille au-dessus dudit caveau sera enlevée et placée « au côté opposé, pour faire face à la pierre tombale. << Fait à Saint-Ouen-en-Belin, les mêmes jours, mois « et an que dessus. »

«

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Suivent les signatures.

Extrait du procès-verbal de levée de la sus-dite pierre.

« Le jeudi quatorze mars 1844, conformément à la « décision du conseil de la fabrique, en date du premier janvier même année, en présence de MM. Louis « Prémartin, curé de cette paroisse, Pierre-Julien Bourge, propriétaire, maire de la commune, Simon Gaignon, propriétaire du lieu de la Papinière, marguillier, François << Cornille, cultivateur au lieu de la Poissonnière, Louis Chesneau, rentier, domicilié au hameau du grand Chambron <«<et Louis, Laiguillon cultivateur au lieu du petit Aulnay, «< conseiller, le sieur Réné Rottier dit la Jeunesse, âgé « de 61 ans, maître maçon domicilié au lieu des petits Boulays commune d'Ecommoy, avec Jean Cartereau,

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(4) Cette épitaphe, dont nous n'avons pas parlé, est récente; elle présente peu d'intérêt.

"

journalier, domicilié au bourg d'Ecommoy, après avoir dégagé la pierre sus-mentionnée, l'enlevèrent de dessus « le caveau, vers les dix heures du matin. Le reste de « la journée se- passa à disposer la muraille pour recevoir << la pierre.

Le vendredi 15, les ouvriers disposèrent tous les « ustensiles nécessaires à la levée de la pierre, et le samedi « 16, vers onze heures du matin, elle fut levée sans « accident et placée debout où on la voit maintenant. Le « reste de la journée fut consacré à la sceller dans la « muraille; deux crampons en fer, forgés par le sieur << Leroux Maurice, maréchal au bourg, la retiennent à « la partie supérieure afin qu'elle ne puisse retomber en

«

a avant.

« La pesanteur de cette pierre, dont la hauteur est de & 2. 325, sur une largeur de 1" 315, est évaluée « par approximation à 850 kilog.

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C'est ici le lieu de manifester le vœu que MM. les curés du département de la Sarthe suivent l'exemple de M. PRÉMARTIN, et s'empressent de faire placer, dans les murs de leur église, les pierres tombales qui seraient encore enchâssées dans les dalles. Nous ne voulons pas croire, bien qu'on nous l'ait assuré, que l'un deux fait battre, chaque année, sa graine de trèfle sur une tombe offrant l'effigie bien conservée d'un ancien curé de la commune.

NOTICE

SUR

L'ÉGLISE DE LA RIVIÈRE;

(Lettre adressée à M. de Gaumont)

Par M. Léo DROUIN,

Inspecteur de la Société française pour la conservation des Monuments, à Bordeaux.

Dans une de mes dernières promenades artistiques et archéologiques j'ai rencontré, près de la route de Fronsac à St.-André-de-Cubsac, département de la Gironde, une trèspetite église de campagne qui m'a paru digne d'attirer l'attention. Son aspect peu ordinaire, son clocher à triple pignon, son nom même m'ont fait présumer que j'étais en présence d'un des plus anciens monuments de la Gironde. Je veux parler de l'église de La Rivière.

D'abord, et à cause seulement de son nom, elle doit être antérieure aux deux églises qui l'avoisinent et qui sont en partie romanes: l'une, à l'est, se nomme St.-Michel de la Rivière, dont l'abside et le chœur sont du roman tertiaire ; l'autre, à l'ouest, St.-Germain de la Rivière, dont la façade est romane et le reste de la fin du XIII. siècle. Il me paraît donc évident qu'il faut accorder la priorité à l'église de

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