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des mots Vosegi saltum atque secreta. Vosagi lustra et Vosagi latissimam vastitatem sont des expressions employées par l'auteur anonyme de la vie de Louis-le-Débonnaire.

A une époque plus récente, le massif des montagnes ne renfermait encore qu'un petit nombre d'habitants. Lorsque l'évêque de Metz Thierry I commença, en 980, la fondation de la ville d'Epinal, en y construisant une église dans laquelle il transféra le corps de saint Goëric, il n'y avait dans ce lieu que cinq mansiones, qui dépendaient de la paroisse de Dognéville. Bruyères n'était qu'un hameau appartenant à l'abbaye de Remiremont. Le château d'Arches ne date que de 1080. Au XI. siècle, Rambervillers n'avait d'autres fortifications que des haies et des palissades. Les écrivains du moyen-âge ne nomment guère les Vosges, sans joindre au mot Vosagus la qualification de bois, de désert, de forêt (1). Le moine Richer, que nous avons cité plus haut, a tracé une description de ces montagnes, et cette description prouve qu'au XIII. siècle elles étaient. encore bien désertes et bien sauvages.

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« Est autem, dit-il, terra ista excelsis montibus occupata, « rupibus immanissimis veluti quædam castra in ipsorum << montium cacuminibus naturaliter positis, ipsos montes « faciunt suo aspectu horribiliores. Inter ipsos arduos, « ut diximus, montes, quadam valles profundissimæ cer« nuntur, quæ nemoribus abietinis ista consitæ sunt, «< ut sua nigredine etiam horrorem plurimum incutere vide« antur : prætenduntur enim dicti montes in longum per quatuor dæitarum spatium, in latitudine vero vix sex <«< milliaribus vel septem dirimuntur (2). »

(1) V. Schoepflin, Alsatia illustrata, t. I, § 5. (2) V. Chronicon Senonense, lib. I, cap. 2.

NOTICE

SUR

UNE PIERRE TOMBALE

DE SAINT-QUEN-EN-BELIN ;

Par M. HUCHER,

Membre de l'Institut des Provinces et de la Société française.

A Messieurs les Membres de la Société française.

MESSIEURS,

J'ai cru vous être agréable, en vous présentant le calque fidèle, d'un monument fort remarquable et généralement inconnu.

Il est surprenant, sans doute, qu'à deux myriamètres au plus de notre cité il ait existé un objet de cette importance, sans que les historiens du pays, Le Paige, Pesche, etc., en aient même signalé l'existence. Que de richesses de ce genre sont encore enfouies dans nos campagnes ! A mesure que les arts du dessin se répandront dans les masses, les

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procédés d'estampage et de moulage se perfectionneront et nos musées s'enrichiront ainsi de chefs-d'œuvre ignorés, en même temps que l'histoire du pays se complètera par les monuments encore inconnus ou imparfaitement étudiés.

En effet, que peut le crayon, même le plus habile, en présence de notre pierre tombale ? J'imagine que plus d'un touriste archéologue, jeté par un heureux hasard dans la petite commune de Saint-Ouen, en aura tenté la reproduction par le dessin; mais bientôt le temps, ce maître souverain, lui aura fait jeter bien loin son crayon rebelle, et c'est tout au plus s'il aura pu emporter une idée fugitive et fort incomplète de notre chef-d'œuvre.

L'estampage, au moyen de la pierre noire ou de la plombagine, abrège l'opération et donne à la reproduction une fidélité qui laisse loin derrière elle les meilleurs dessins.

Le calque que j'ai l'honneur de vous présenter a été obtenu par le frottement de la pierre noire du charpentier sur le papier.

Je préfère à tout autre ce dernier moyen, comme le plus expéditif et le plus précis, et parce qu'il est praticable en tous lieux, même dans les plus minimes bourgades.

Il n'a pas été nécessaire, d'ailleurs, d'opérer sur la feuille entière. Le calque a été fait sur 24 morceaux de papier de la dimension ordinaire, ce qui a rendu son transport très-facile; et c'est rentré chez moi, que j'ai réùni les éléments divers. Au moyen de quelques points de repère l'assemblage a pu s'effectuer assez parfaitement pour rendre invisibles les lignes de soudure.

Je n'ai pas besoin de vous faire remarquer qu'une semblable opération n'est praticable que si la pierre tombale a perdu le mastic bitumineux qui remplit d'ordinaire ses intailles ; dans le cas présent, M. le curé de Saint-Ouen avait, de longue date, dégagé la pierre des derniers vestiges d'enduits

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qui pouvaient s'y trouver. Ce ne serait pas ici le lieu de lui faire un crime d'une opération qui a rendu possible notre travail d'estampage.

La pierre tombale est divisée, comme vous le voyez, en deux arcatures ogivales, trilobées; de riches pinacles présentant les distributions habituelles à l'architecture du XIV. siècle, abritent deux personnages en costume d'apparat: celui de gauche, représentant un chevalier armé de toutes pièces, est André d'Averton, sire de Belin, l'autre est Isabeau de Breinville (sic), sa femme.

Voici ce que dit Le Paige de ces deux personnages; on n'est pas plus laconique :

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« André d'Averton, sire de Belin par héritage en 1312, épousa Isabeau de Brainville on voit leurs tombeaux « dans un caveau situé sous le grand autel et partie sous « le sanctuaire de l'église de Saint-Ouen-en-Belin, avec une inscription gravée sur une tombe transportée, en 1768, « dans la chapelle de Belin, attenante à l'église à la réquisition du seigneur de Belin, par ordonnance du seigneur évêque du Mans, pour la décence du sanctuaire « et la commodité du service divin. »

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On pourrait croire que Le Paige a vu notre pierre tombale; les expressions que nous avons soulignées semblent l'indiquer, ou bien n'a-t-il écrit son article généalogique des sires de Belin que sur des notes et des mémoires qui lui auraient été communiqués ? Quoi qu'il en soit, il est certain que nos pères ne sentaient pas, comme nous, l'importance qui s'attache aux monuments historiques et le parti qu'on en peut tirer pour la connaissance des mœurs, et du costume au moyen-âge; aussi trouvons-nous à glaner derrière eux, bien des faits qu'une étude plus sévère et une critique plus exercée leur aurait fait recueillir avec empressement.

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