profitant des faveurs de la mode. C'est un livre plus durable, érudit, grave et sincère comme la science, et que nous n'hésitons pas à recommander à nos lecteurs. R. BORDEAUX.

Les églises de la Seine-Inférieure; par M. l'abbé Cochet (1). L'ouvrage de M. l'abbé Cochet sur les églises des arrondissements du Hâvre, et qui doit successivement s'étendre à toutes les églises du diocèse de Rouen, présente un véritable intérêt. Les trois volumes déjà publiés, remarquables par la forme et l'élégance du style autant que par le fond, ont obtenu de l'Institut de France une mention trèshonorable et mérité les encouragements du conseil-général de la Seine-Inférieure et du Ministre de l'Intérieur. Sa Sainteté Pie IX vient à son tour de témoigner à l'auteur, notre confrère, sa satisfaction dans le bref suivant, dont nous nous empressons d'offrir la traduction aux lecteurs du Bulletin.

A notre cher fils Jean-Benoît Cochet, prêtre à Rouen.

PIE IX, PAPE.

<< Cher fils, salut et bénédiction apostolique. Il nous a été << remis un livre écrit par vous en français, ayant pour titre : « Les Eglises de l'arrondissement de Dieppe » : cet ouvrage « était acccompagné d'une lettre dans laquelle vous nous « faisiez l'hommage de votre livre et nous donnez l'assurance « de votre respect et de votre piété filiale envers nous. Vous nous annoncez aussi que depuis long-temps vous travaillez « à faire l'histoire et la description des grandes et belles églises « de notre pays, nous ne pouvons qu'applaudir à cette entreprise vraiment dignes d'éloges. Nous vous remercions, «< cher Fils, de l'offrande que vous avez bien voulu nous

(1) Rouen, Le Brument, libraire, quai de Paris.

« faire de votre œuvre, et nous conjurons humblement le « Dieu très-grand et très-bon de répandre sur vous ses dons « et de vous couvrir de sa protection spéciale: et comme «gage de cette faveur du ciel, nous avons voulu, cher Fils,

vous accorder notre bénédiction apostolique, et nous vous « la donnons du fond de notre cœur paternel.

« Donné à Rome, à Sainte-Marie Majeure, le 23 mars de « l'an de grâce 1848, de notre pontificat le 2e.

« PIE IX, pape. »

NECROLOGIE.Mort de M. le général de Chambray.

Nous apprenons la mort de M. le général mis. de Chambray, membre de l'Institut des provinces, inspecteur-divisionnaire de l'Association Normande. M. le général de Chambray, auteur d'un ouvrage estimé sur la Retraite de Russie, avait aussi beaucoup écrit sur l'agriculture; on trouve plusieurs articles intéressants sortis de sa plume, dans le journal d'Agriculture Pratique et dans le Moniteur de la propriété. M. de Chambray a publié il y a trois ans le traité pratique des arbres résineux, beau volume rempli de recherches et fruit de longues observations : c'est ce beau travail qui l'avait fait nommer membre de l'Institut des provinces (classe des sciences naturelles). M. de Chambray avait siégé au Congrès central d'agriculture, comme délégué de l'Association Normande; il habitait, durant l'été, un château situé près de Damville, arrondissement d'Evreux : il faisait partie du conseil-général de l'Eure et avait obtenu à plusieurs époques un grand nombre de voix pour la députation.

On annonce aussi la mort de M. Lhuillier de Hoff, officier d'état-major, un des plus anciens membres de la Société française, et celle de Mme, la baronne de Caillaud, du Mans.

Nous avons, l'année dernière, décrit sommairement et figuré plusieurs tissus du moyen-âge assez curieux; nous avons continué de réunir des dessins de ceux qui nous ont été signalés; nous allons, en attendant que nous ayons pu faire graver les divers spécimens que nous possédons, donner une esquisse de quelques objets de ce genre très-intéressants, qui n'ont pas encore été, que nous sachions, publiés avec des figures.

Un de ces tissus fait partie du trésor de la cathédrale de Metz: c'est la chape dite de Charlemagne.

CHAPE DE CHARLEMAGNE.

La chape dite de Charlemagne est, sans contredit, un des tissus les plus curieux et du plus beau style que nous possé

(1) Voir un premier article sur le même sujet dans le Bulletin monumental, tome XII, p. 23 et suivantes.

dions en France. M. Bouet l'a dessinée et peinte à ma demande. C'est d'après ce dessin que la gravure précédente a été faite; elle rend assez bien l'objet sauf les teintes.

Le fond de la chape est en soie rouge; les couleurs employées dans les broderies sont le jaune, le bleu, le vert.

Quatre aigles symétriquement disposés, comme le montre le dessin, occupent une grande partie du vêtement; les deux aigles qui occupent le centre et qui sont superposés l'un à l'autre sont moins grands, on le conçoit, que ceux qui sont figurés de côté et qui se développent sur presque toute la hauteur de la chape.

Ces aigles, tous quatre nimbés, le corps de face et le cou droit, ont, sur leurs ailes, des médaillons renfermant des animaux chimériques. Le style de ces animaux a beaucoup de rapport avec celui de certains animaux brodés sur d'autres tissus fort anciens, notamment sur le tissu que j'ai figuré l'année dernière et décrit p. 38 du XII. volume du Bulletin.

La figure suivante montre le détail d'une des broderies

répétée plusieurs fois sur la chape entre le aigles du

centre et ceux qui occupent les cotés. Cette autre figure est celle de la tête des monstres qui mordent les jambes des deux grands aigles. Ces deux figures grossies font voir comment les fils de la broderie sont couchés et fixés sur le tissu de soie.