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la localité, M. Maulny, ornait autrefois l'une des verrières latérales, n'existe plus aujourd'hui on pourrait contrôler le degré de confiance que mérite notre suite de personnages, au point de vue iconographique.

Nous avons fait graver les deux panneaux de la rose qui représentent le duc Louis II. Le dessin, nous devons en prévenir nos collègues, a été fait au moyen d'une échelle de réduction, dans un moment où la verrière placée à notre portée, nous permettait de calquer les parties principales du sujet.

Le duc est représenté à genoux, la tête et les mains suppliantes, devant un prie-Dieu sur lequel est un livre ouvert; on ne distingue dans les caractères dont il est chargé que les mols nos nosti. Louis porte une dalmatique couverte du blason des armes d'Anjou et de Jérusalem; sa couronne est ducale, tandis que celle du comte du Maine, Charles III, est, d'après les règles du blason, d'un degré inférieur. La tapisserie qui occupe tout le fond du tableau présente, à la partie supérieure, une large bande, chargée de caractères, et rappelle en cela un usage oriental bien connu ; l'inscription, à la vérité, n'est pas complète, mais, d'après les vestiges qui subsistent, la partie gauche devait être identique avec celle des no. 3 et 4 dont nous allons bientôt parler. La partie droite est intacte; nous la donnons ici, reproduite dans des dimensions plus considérables et avec un degré d'exactitude plus grand que dans la vue d'ensemble.

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Voici la partie supérieure du vitrail qui représente Yolande d'Aragon, épouse de Louis II. L'inscription est symétrique, circonstance particulière à plusieurs légendes, très-bien orthographiées, employées dans l'ornementation de l'Alhambra ; les guêtres de l'abbé Ingon (1) présentaient aussi cette disposition.

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La bordure qui suit, est placée au-dessus du cardinal Filastre; sa partie gauche reste, pour nous, une énigme et nous aimons mieux la donner à deviner à nos collègues que d'exposer ici des hypothèses plus ou moins hasardées.

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Nous n'avons pas été plus heureux avec la suivante qui se fait remarquer au-dessus de la tête du chanoine Chaignon ; cette bordure singulière, espèce de rébus, composé d'ar

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(1) Willemin, Monuments français inédits, t. 1er, p. 15.

moiries, de lettres et d'animaux, se trouve reproduite, mais entièrement disloquée par la faute d'un maladroit vitrier, en tête de trois verrières placées dans la chapelle de la Vierge; ces trois vitraux existaient autrefois dans les fenêtres latérales du transept où nous espérons bien les voir replacés un jour.

Dans celle de ces fenêtres qui est la plus voisine de la nef, règne, au bas d'un immense vitrail, dont les bordures seulement et quelques accessoires sont colorés, une zone entièrement blanche, et d'aspect moderne: c'est là que nous avons découvert l'inscription qui suit, huit fois répétée dans autant de panneaux veufs de leurs personnages:

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C'était sans doute la partie supérieure de verrières semblables à celles de notre duc Louis II.

Un savant antiquaire, M. de Longpérier, a bien voulu, sur la communication que nous lui en avions faite, s'occuper de nos inscriptions dans un article fort intéressant de la revue archéologique (1), intitulé de l'emploi des caractères arabes dans les monuments chrétiens de l'Occident. Il y retrouve des caractères arabes imitant assez bien le commencement de El hhamdou lillah, louange à Dieu, surtout dans les trois premières (2).

(1) 2. livraison, 2. année, 15 février 1846, page 696.

(2) La dernière inscription qui n'est pas fleurdelisée, n'a pas été communiquée à M. de Longpérier; elle reste donc en dehors de la question, et paraît être une pure imitation arabe; nous ne l'avons découverte que dans ces derniers temps.

Ce point de vue indiqué tout d'abord par la place qu'occupe notre inscription et la figure bizarre des caractères, n'est pas cependant à l'abri de la critique; comment se fait-il, en effet, que des tapisseries sur les coins desquelles apparaissent ouvrées les fleurs-de-lys de France, présentent des caractères aussi hétérogènes, et pourquoi n'y chercherait-on pas, avec bien plus de logique, des caractères nationaux imitant, il est vrai, la forme des lettres arabes. Partant de là, nous nous sommes demandé si, tout en maintenant l'idée qu'un principe d'imitation a présidé à la disposition de cette tapisserie, l'on ne pourrait pas voir dans ces caractères la figure plus ou moins altérée des quatre lettres L. R. I. I. ? dans cette hypothèse, l'interprétation la plus rationnelle de notre légende devrait être LVDOVICVS REX SECVNDVS. On sait que Charles II, l'un des prédécesseurs de Louis, s'intitule sur les monnaies, CAROLVS SECVNDVS REX SICILIE ; l'on peut admettre, en effet, que le chiffre royal se soit rencontré sur les tapis servant à l'ornement des appartements du duc; le milieu du XV. siècle est l'âge d'or des chiffres et des devises; on connaît l'usage des initiales fleuries sur les monnaies et les meubles du temps de Charles VII, de Charles VIII (1) et de Louis XII ; quoi d'étonnant dès-lors que le peintre verrier, chargé de figurer des personnages historiques, ait tenu à les représenter entourés du luxe qui leur était particulier. L'on voit dans le livre d'heures des ducs d'Anjou, déposé à la bibliothèque royale, que l'usage

(4) Dans la chapelle du château de la Bourgonnière, près St.-Florent (Maine-et-Loire), la voussure d'un autel est semée exclusivement de la lettre K, répétée indéfiniment. Les vitraux présentent, encadrés dans des losanges, les monogrammes de Jésus-Christ et de Marie alternant avec les initiales C et L, unies ensemble ou séparées, qui paraissent être celles des noms des anciens possesseurs du château.

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