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tique basilique; un architecte célèbre, consulté depuis, déclaré que l'église pouvait être réparée sans absorber des sommes exorbitantes; dans tous les cas, le conseil municipal de Saint-Germer, en appelant l'attention et la bienveillance du gouvernement sur cette église, n'a pas la prétention d'obtenir une restauration complète, il demande une simple consolidation : voici ce que je lis dans le procès-verbal de la séance du 9 août 1846.

"

« Le conseil municipal de la commune de St.-Germer, légalement convoqué et réuni selon la loi;

«Le maire expose que l'église exige impérieusement des << travaux de consodidation, tels que pans de murs à refaire,

«

reprises de contreforts, carrelage, terrassement pour « écouler les eaux, etc., que cet édifice est menacé d'une << ruine prochaine, si les travaux ne sont promptement «<et utilement exécutés. »

Vous voyez, Messieurs, d'après cet extrait, que les conseillers municipaux ne s'occupent que des réparations d'urgence; ils ne demandent pas que l'édifice recouvre sa fraîcheur et sa jeunesse primitive, mais ils demandent un appui pour soutenir sa vétusté. Il ne m'appartient pas de vous tracer le chemin que vous avez à tenir; en me bornant à conclure à la demande d'un vœu en faveur de ce monument, j'ai la confiance que la Société française pour la conservation des monuments historiques suivra, dans cette circonstance, comme toujours, ses généreuses inspirations et adoptera toutes les mesures qu'elle jugera convenables pour conserver l'antique église de Saint-Germer à la religion, aux arts et à l'histoire,

Un membre dit qu'avant toutes choses ou simultanément avec l'émission du vœu proposé, il faudrait adresser au ministre de l'Intérieur une demande pour lui recommander l'église de St.-Germer.

Cette proposition est adoptée et la rédaction d'une lettre au ministre est confiée à M. l'abbé Bourgeois pour être signée à la séance du lendemain.

Un autre membre demande que la somme de 500 francs mise à la disposition de l'assemblée par le bureau central de la Société soit immédiatement appliquée en tout ou en partie à cette destination, à titre de secours et comme démonstration qui ne doit pas être sans influence sur la détermination du gouvernement.

Sur l'observation de M. le docteur Rigollot, on pense qu'à la vérité le monument en question semble à la fois le plus nécessiteux et le plus digne d'intérêt pour le moment, mais que d'autres besoins pouvant être signalés d'ici à la prochaine séance, il serait prudent de ne pas prendre une résolution immédiate. En conséquence le vote est renvoyé au lendemain.

Une troisième proposition est faite sur ce sujet, par M. Jourdain, tendante à ce que la Société provoque une contreenquête, celle-ci officieuse, dans le but de ramener l'attention du gouvernement sur l'église de St.-Germer et d'examiner si vraiment elle est aussi peu susceptible de réparation que l'enquête officielle l'a affirmé d'abord, du moins dans l'opinion de la majorité des membres de la commission. M. Jourdain complète sa proposition en demandant que les frais de déplacement des membres de la nouvelle commission soient faits par la caisse de la Société, à moins que la commune de St.-Germer ne s'offre à les faire elle-même, ce qu'on a tout lieu d'espérer suivant M. Bourgeois.

représentant,

M. Jourdain raconte que le rétable d'autel, en scuplture enluminée d'un beau travail, la légende de St.Germer, avait été long-temps perdu et oublié lorsque, grâce à l'esprit investigateur de M. l'abbé Bourgeois, il fut retrouvé enfoui et mutilé parmi les remblais du cimetière voisin. A

cause de son mérite artistique et sous le prétexte de sa mutilation, ce précieux bas-relief fut d'abord destiné et bientôt transporté à je ne sais quel musée de Paris avec la promesse de le remplacer par un autre qui serait neuf et superbement fait. On comptait sur la complaisance du curé; mais on avait oublié de compter sur son zèle pour son église et pour les arts. Il réclama, et le remarquable rétable est rapporté, et sera bientôt réparé et rétabli. M. Jourdain propose de consigner au procès-verbal les félicitations que la Société adresse à M. le curé de St.-Germer pour le zèle éclairé dont il a fait preuve en cette circonstance.

L'assemblée adopte à l'unanimité cette proposition.

L'ordre du jour appelle ensuite la question des inscriptions historiques.

M. Dusével demande une de ces inscriptions pour le champ de bataille de Rertry, arrondissement de Péronne, célèbre par la victoire de Pépin d'Héristal, en 687.

M. Jourdain, au nom de MM. Duval et Dufour, propose de rétablir sur le lieu où saint Martin divisa son manteau pour en vêtir un pauvre, la légende rimée française et les deux vers latins, qui disparurent avec l'église même de Saint-Martin-aux-Jumeaux, démolie à l'époque de la révolution. Cette double inscription est ainsi conçue :

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HAC ME VESTE MEUS MARTINUS TEXIT AMICUS
PERFUSUS SACRI SED ADHUC NON FONTE LAVACRI.

M. Dufour demande une troisième inscription qui aurait pour but de rappeler 1°. L'emplacement de la collégiale Saint

Nicolas qui existait bien avant la construction de la cathédrale; 2o. le mariage de Philippe-Auguste avec Engelburge, princesse de Danemarck, célébré dans cette église en 1193.

La discussion de ces propositions et de celles qui pourraient être faites dans le même but est renvoyée à la prochaine séance. La prochaine séance est fixée à demain 7 novembre. L'ordre du jour en est arrêté ainsi qu'il suit :

1o. Application et répartition des fonds pour les monuments et pour les inscriptions historiques.

2o. Discussion de cette question. Quels sont, dans l'état actuel de la science archéologique, les sujets d'étude qu'il est le plus à propos de proposer.

La séance est levée à huit heures et demie.

E. JOURDAIN,

Secrétaire.

Séance du 7 novembre 1846.

Sont au bureau : MM. DE CAUMONT; GUÉRARD; MATHIEU; l'abbé BOURGEOIS; DUFOUR; l'abbé LE BOULLENGER ; BarBIER; BOUTHORS; l'abbé DUVAL; DERMIGNY; l'abbé JOURDAIN.

M. Guérard est invité, par M. de Caumont, à présider la séance; M. Jourdain, à remplir les fonctions de secrétaire.

L'ordre du jour appelle l'application de la somme de 500 fr. mise, dans la séance précédente, à la disposition des membres de la réunion, pour secourir les monuments historiques de la province qui sont en plus mauvais état.

Les conclusions du mémoire de M. Bourgeois, en faveur de l'ancienne église abbatiale de St.-Germer, étant appuyées

par une lettre de M. Barraud, inspecteur des monuments de l'Oise dont M. de Caumont donne communication, et aucun autre monument n'étant recommandé d'une manière aussi pressante à la sollicitude de la Société française, la somme de 500 fr. est affectée tout entière aux réparations les plus urgentes de l'église St.-Germer.

Une commission est nommée pour diriger et surveiller l'emploi de ces fonds. Elle se compose de MM. Barraud, président, Bourgeois, Duval, Jourdain, Danjou.

Cette commission est chargée en outre de faire choix de trois ou quatre architectes et autres personnes compétentes pour composer une sous-commission, à l'effet de faire une contre-enquête sur l'état du monument. Le procès-verbal de cette contre-enquête sera adressé au Ministre de l'Intérieur.

On délibère ensuite sur le choix à faire entre les localités du pays célèbres dans l'histoire, pour lesquelles la Société française fait les frais de deux inscriptions monumentales.

Il est arrêté que, parmi les lieux qui sont signalés par plusieurs membres, la préférence sera donnée 1. à St.Valery où s'embarqua Guillaume-le-Conquérant pour aller soumettre l'Angleterre ; 2°. à l'emplacement de l'ancienne porte des Jumeaux où saint Martin divisa son manteau pour vêtir un pauvre au commencement du IV. siècle.

Ces inscriptions consisteront en plaques de fonte couvertes de lettres en relief.

Une somme de 100 fr. est allouée pour l'exécution des deux plaques en fonte et les frais de pose.

La commission chargée d'en diriger et surveiller l'exécution se compose de MM. Jourdain, Bouthors, Dufour et Guérard.

L'ordre du jour appelle l'examen de cette question: Dans l'état actuel de la science archéologique, quels sujets d'étude sont le plus à recommander?

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