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réunir les suffrages de l'assemblée, elle en a voté l'impres

sion (1).

Le Secrétaire,

Georges VILLERS.

SÉANCES TENUES A AMIENS.

Séance du 6 novembre 1846.

Etaient présents MM. de CAUMONT, directeur de la Société française; LEMERCHIER, docteur en médecine; RIGOLLOT, docteur en médecine, inspecteur des monuments de la Somme; l'abbé BOURGEOIS, curé de Grandvilliers (Oise); de CAYEUX, membre de l'Académie d'Amiens; Amable DUBOIS, id.; MAthieu, id.; BarBIER, docteur en médecine; GUÉRARD, président de la Société des antiquaires de Picardie; LE BOULLENGER, chanoine de la cathédrale d'Amiens; marquis de CLERMONT-TONNERRE ; de GESTAS, Ch. DUFOUR, DUVAL, JOURDAIN, membres de la Société française.

La séance est ouverte à 6 h. 112 du soir.

Sur l'invitation de M. de Caumont, M. le docteur Lemerchier occupe le fauteuil de la présidence, et M. l'abbé Jourdain remplit les fonctions de secrétaire.

La parole est à M. de Caumont, qui rend un compte sommaire de l'état actuel des travaux de la Société et expose le but de la présente réunion. Il dépose sur le bureau diverses

(1) V. dans le XII. volume du Bulletin le mémoire de M. Villers et les vers de M. Le Flaguais.

brochures qui témoignent du zèle, de la persévérance et du succès avec lesquels sont poursuivies les études archéologiques.

On y remarque 1°. le Coup-d'œil sur le Congrès archéologique tenu à Metz et à Trèves dont M. de Caumont fait hommage à la Société des antiquaires de Picardie et aux membres présents de la Société française.

2o. Un ouvrage ayant pour titre : Définition Elémentaire de quelques termes d'architecture. 180 dessins sur bois d'une très-belle exécution accompagnent la plupart des définitions, et rendent ce livre infiniment utile aux hommes qui veulent s'initier à l'étude de l'archéologie monumentale. L'auteur en confie un certain nombre d'exemplaires à la Société pour être distribués gratuitement aux écoles ou aux instituteurs primaires.

3o. La Table générale analytique et raisonnée des matières contenues dans les dix volumes formant la première série du Bulletin monumental, par M. l'abbé Auber. Cette espèce de dictionnaire encyclopédique de la science archéologique, telle qu'elle a été formulée et rendue classique depuis quinze ans, a dû coûter beaucoup de travail et de patience à M. l'abbé Auber. M. le directeur de la Société française en offre un exemplaire à la Société de Picardie en rendant hommage au zèle et au savoir qui la distinguent et qui donnent une impulsion efficace au goût et à l'étude des antiquités dans cette province. Il se plaît à encourager en particulier les travaux de MM. Duval et Jourdain qui ont communiqué quelques articles au Bulletin monumental, et il remet à ces messieurs un second exemplaire de l'ouvrage de M. Auber.

M. de Caumont développe ensuite le but de la présente réunion qui est 1°. de recevoir les communications des membres de la Société française résidant à Amiens; 2°. de mettre à leur disposition une somme de 500 francs pour porter se

cours aux monuments du pays qui en auraient un plus pressant besoin; 3°. de voter la pose d'inscriptions monumentales aux lieux rendus célèbres par quelque fait historique peu connu ou exposé à l'oubli par l'absence d'aucun signe qui le rappelle.

M. de Caumont témoigne, en finissant, du désir qu'a la Société française d'entretenir avec les Sociétés locales et avec cel'e de Picardie en particulier un lien de fraternité et de mutuel appui qui ne peut que profiter à la science, comme l'expérience l'a déjà prouvé.

M. Lemerchier répond, au nom de l'assemblée, à l'allocution qu'elle vient d'entendre, et assure que les membres de la Société française résidant à Amiens, ne retireront jamais leur sympathie ni leur concours à la compagnie dont ils ont l'honneur de faire partie.

Il donne ensuite la parole à M. le docteur Rigollot qui entretient l'assemblée des sculptures remarquables qui se voient en Saxe, à Freiberg et à Weschselbourg, dans lesquelles les archéologues allemands ont cru trouver les œuvres d'une école toute germanique qui, établie dans l'Erzgebirge saxonne au XII. siècle, aurait servi de modèle à Nicolas de Pise; tandis que d'autres n'y ont vu que l'ouvrage d'un artiste florentin du XV. siècle. L'auteur du mémoire demande en terminant ce qu'il faut penser de ces deux assertions si différentes.

La réunion pense que la question mérite d'être sérieusement étudiée et que M. Rigollot est plus à même que qui que ce soit de la résoudre à l'aide de sa grande et judicieuse érudition.

M. l'abbé Bourgeois lit ensuite un mémoire sur l'église de St.-Germer-en-Bray, département de l'Oise. Après avoir fait l'histoire et la description de ce monument, un des plus remarquables de l'époque du XI. siècle que nous pos

sédions en France, M. le curé de Grandvilliers expose l'état d'abandon où il se trouve et qui pourrait devenir pour lui une cause de ruine ou du moins de grave détérioration, et conclut à demander que la Société française émette auprès de l'administration supérieure le vœu de la conservation de ce monument, et qu'elle prenne pour en assurer la réalisation toutes autres mesures qu'elle jugera convenables.

DESCRIPTION DE L'ÉGLISE ABBATIALE DE ST.-GERMER ;

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A la limite occidentale du département de l'Oise, il existe un bourg célèbre par son site, ses souvenirs et les monuments qu'il possède encore, je veux parler de St.-Germeren-Bray, situé dans la vallée de Bray, si remarquable par la richesse et la variété de son paysage, dominée par des hauteurs d'où se déploie un magnifique panorama. St.-Germer, réduit maintenant à de bien modestes proportions, a eu, dans le moyen-âge, une importance historique, grâce à l'abbaye dont il fut doté; les murs d'enceinte avec leurs tourelles, dont plusieurs existent encore, l'ancienne porte ogivale, l'ancienne maison abbatiale avec sa corniche du XI. siècle, les débris des bâtiments claustraux transformés aujourd'hui en habitations particulières, l'étang et les jardins qui ont conservé leur beauté sous les auspices d'un riche propriétaire, tels sont les restes d'une antique splendeur, tel est l'entourage d'une église et d'une chapelle qu'on peut signaler comme des chefs-d'œuvre. L'église dont la longueur totale, dans œuvre, est de 67"., la largeur de 18, et la hauteur sous voûte de 19, est construite en craie dure de moyen appareil. Bâtie en 1036, sous la direction de Druen, qui

occupait le siége épiscopal de Beauvais, et qui était autorisé en vertu d'une bulle accordée à l'un de ses prédécesseurs, à toucher les revenus de l'abbaye, l'église de St.-Germer a la forme d'une croix latine dont les bras sont peu étendus, et la tête se termine en hémicycle; le chœur est extrêmement court comparativement à la nef, qui encore n'est pas complète aujourd'hui; car les tours et le portail ont été détruits par la garnison de Gournay, du temps de la guerre des Bourguignons ; le chœur n'a qu'une travée avec l'abside, tandis que la nef a neuf travées, en comptant celles des transepts: son plan se rapproche, à cet égard, de celui de plusieurs basiliques anciennes, telles que l'église de St.-Pierre-ès-Liens, dont le plan est dans le savant ouvrage de M. de Caumont.

On ne remarque pas de décroissement dans l'élévation des parties; le chœur, la nef et l'abside sont de même niveau; les collatéraux ne s'arrêtent pas aux transepts suivant la règle ordinaire des églises de cette époque, mais ils font complètement le tour du chœur ; contre l'usage encore, cinq chapelles rayonnaient originairement autour de l'hémicycle, aujourd'hui il n'en reste plus que trois, parce que l'une d'elles, celle de retro, fut supprimée dans le XIII. siècle pour ouvrir un magnifique atrium qui conduit à la Ste.-Chapelle; l'autre a pu être détruite pour faire place aux bâtiments claustraux, dont une partie était adossée au côté septentrional de l'église. Ces chapelles resserrées entre deux. contreforts ont, comme le chœur, une forme semi-circulaire ; les tours et les portails détruits n'ont pas été remplacés seulement la façade de la grande nef a été bouchée par une maçonnerie de briques, dans laquelle on a pratiqué une grande fenêtre à meneaux, ornée à sa base de l'écusson de Guy-de-Villiers de l'Isle Adam, frère de l'évêque de Beauvais et du grand maître de Rhodes, qui fut le dernier abbé régulier, car après lui l'abbaye passa en commande: cette

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