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semble justifier cette dernière étymologie. Quelquefois même on faisait usage d'une espèce de litre en velours, damas, drap, serge, futaine ou autres étoffes, mais seulement audedans des églises. Ces sortes de litres ne demeuraient suspendues aux murs que pendant un an et un jour. Après le service anniversaire du défunt, l'étoffe appartenait à la fabrique qui pouvait en disposer à son profit.

« Les ceintures funèbres peintes sur la muraille dont nous parlons ici, pouvaient être conduites, non-seulement audedans, mais encore au-dehors de l'église, et cela sur tout le pourtour de l'édifice, quand même il se fût trouvé audehors un bâtiment adossé au mur. Dans l'intérieur, la litre du fondateur ou patron était placée au-dessus de celle du seigneur haut-justicier; mais au-dehors, la litre du seigneur haut-justicier était placée au-dessus de celle du patron. Quelques jurisconsultes ont même prétendu que les patrons n'avaient pas le droit de mettre leur litre à l'extérieur. Les litres placées à la clef de voûte du chœur ou au frontispice du portail indiquaient droit de patronage. Le fondateur d'une chapelle faisant partie d'une église, pouvait aussi faire poser des litres dans l'intérieur de sa chapelle; mais il ne devait pas les étendre au-dedans du chœur, ni dans la nef, ni audehors de l'église. Cependant le patron de l'église faisant apposer des litres sur tout l'édifice, pouvait comprendre le dedans et le dehors d'une telle chapelle. Il avait même la préséance sur celui qui en était propriétaire, c'est-à-dire que sa litre et ses armes étaient placées au-dessus de la litre de ce dernier.

« La largeur des litres variait suivant les dignités. La litre patronale et seigneuriale ne devait pas être plus large que de deux pieds. Il n'y avait communément que celle des princes qui excédât cette largeur leurs écussons étaient aussi plus rapprochés ; ils devaient être peints à la distance de deux

toises les uns des autres; les convenances exigaient qu'ils fussent plus éloignés sur les litres des autres seigneurs.

« On doublait les litres tant à l'intérieur qu'à l'extérieur pour les seigneurs titrés, ou qui avaient quelque grande dignité, comme les ducs, les maréchaux de France, les princes, les connétables. L'une était pour le fief, l'autre pour la dignité. On les triplait pour les souverains, et la troisième marquait leur souveraineté.

« Nous ferons observer avant de terminer, que pour avoir droit de litre, comme seigneur haut-justicier, il fallait être propriétaire de la seigneurie. Les usufruitiers, les douairières et les engagistes des domaines du Roi n'avaient pas ce droit. Les seigneurs moyens et bas-justiciers n'avaient pas non plus le droit de litre, à moins qu'ils ne fussent fondés en titre ou en possession contraire. Il est aussi à remarquer que le droit de mettre des armoiries en une église était personnel et inhérent à la famille du fondateur, en sorte qu'il ne passait point, cum universitate fundi, en la personne de l'acquéreur. Mais un gentilhomme qui avait un fief à rente d'un ecclésiastique, avec le droit de patronage, pouvait faire mettre sa litre avec ses armes au-dedans ou au-dehors de l'église. Il en était de même des patrons ecclésiastiques qui représentaient les fondateurs d'une église; ils jouissaient du droit de litre, comme les patrons laïcs, avec cette différence cependant qu'ils ne devaient pas faire peindre les armes de leur famille, mais celles de leur bénéfice. »

(Extrait du Bulletin de la Commission archéologique du diocèse de Beauvais.)

SÉANCES ADMINISTRATIVES.

SÉANCE TENUE A CAEN,

Le 21 octobre 1846,

PAR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE POUR LA CONSERVATION DES

MONUMENTS.

Présidence de M. E. LAMBERT.

Le 21 octobre 1846, la Société française pour la description des monuments a tenu à Caen une de ses séances.

Sur l'invitation de M. de Caumont, directeur de la compagnie, M. Lambert occupe le fauteuil de la présidence; M. Villers remplit les fonctions de secrétaire.

Sont présents MM. de CAUMONT; baron de LA FRENAYE; LAMBERT; de LA CHOUQUAIS; GAUGAIN; de CAIX; RICHELET; de BONNECHOSE; GUY; DAN DE LA VAUTERIE; LE FLAGUAIS; HARDEL; BOUET; DOUIN; PELFRESNE et GEORGES VILLERS.

M. de Caumont prend la parole et consulte l'assemblée relativement à l'impression des procès-verbaux des séances tenues à Autun, après le Congrès de Metz, et qui doivent figurer à la suite des mémoires recueillis dans la réunion scientifique

dont cette dernière ville a été le centre. Ces procès-verbaux s'imprimeront à Caen, mais comme la partie relative au Congrès de Metz n'est pas encore éditée dans cette localité, ce retard paralyse l'impression des mémoires d'Autun, vu qu'il faudrait connaître la pagination avant de commencer, à Caen, le même travail. Cependant cette difficulté pourrait disparaître si l'on affectait aux séances d'Autun une pagination spéciale; mais alors le volume serait divisé en deux parties, ce qui ne laisserait pas que d'être regrettable dans un ouvrage consacré dans son ensemble au même objet. Aussi ce motif engaget-il à reporter l'impression des séances d'Autun après celle du compte-rendu de Metz, dont, au reste, on s'efforcera d'accélérer l'achèvement, autant que possible.

Dans le courant de l'année 1845, la Société avait voté diverses sommes pour l'érection de bornes monumentales et la pose d'inscriptions sur plusieurs points des départements de l'Aisne, de la Marne et des Ardennes, notamment à Attigny. M. de Caumont donne communication du procèsverbal de la pose de l'inscription qui a été placée à Attigny. Cette cérémonie a eu lieu avec beaucoup de solennité et en présence du clergé et des autorités de la contrée.

En témoignage de satisfaction de l'empressement apporté dans l'accomplissement de cette œuvre, la Société vote des remerciements à la commission qui y a présidé et notamment à M. Beglot, un de ses membres.

M. Digot, de Nancy, annonce à la Société qu'il s'occupe de préparer un rapport sur la statistique monumentale de la Meurthe.

La Société archéologique du Grand-Duché de Luxembourg demande à échanger ses publications avec la Société française pour la conservation des monuments.

Le Conseil accepte avec empressement cette offre flatteuse.

M. Des Moulins annonce qu'il s'occupe de sa publication sur le Périgord, dont l'intérêt grandit tous les jours; il a découvert, ignorées dans les campagnes, de curieuses églises à coupoles; dans quelques mois il espère offrir à la Société les premières livraisons de son ouvrage.

M. Gustave Levavasseur, récemment élu membre de la Société, à Argentan, écrit pour offrir ses remerciements. M. de Blois, de Quimper, envoie des renseignements sur les vases découverts dans les tumulus de la Bretagne.

On sait que plusieurs antiquaires Anglais ont parlé de vases émaillés comme ayant été trouvés en Bretagne et à Carnac. La constatation de ce fait, ignoré en France, a éveillé la curiosité de M. de Caumont, qui pour savoir à quoi s'en tenir sur ce point important de l'art céramique, s'était enquis près de plusieurs archéologues bretons, de la véracité de l'assertion émise par les savants anglais; jusqu'ici aucuns renseignements adressés à la Société, ne sont venus confirmer les assertions faites, et c'est également dans un sens négatif qu'écrit M. de Blois qui fait parvenir sur ce sujet des notes de M. de Freminville et de plusieurs antiquaires bretons.

Sur l'invitation de M. de Caumont, M. de Caix donne des renseignements sur les travaux qu'on se propose d'exécuter à l'église de Mathieu; M. de Caix, qui a fait construire d'après ses plans, sur sa propriété de Bernay (Orne), une charmante chapelle gothique, dans le goût du XIII. siècle, a bien voulu rédiger des projets pour l'église de Mathieu, notamment le plan d'un clocher, d'architecture romane, qu'il soumet à la Société. La Société signale quelques modifications à introduire, et en félicitant M. de Caix de son zèle, elle le prie de surveiller les travaux que l'on doit faire à Mathieu.

M. Gaugain met sous les yeux de l'assemblée un projet de chœur, conçu pour l'église de Boulon par l'agent-voyer

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