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parcours; ensuite il ne pouvait suivre la pente rapide de la montagne de Montjeu à Autun, puisque l'eau enfermée dedans aurait acquis une vitesse telle que la maçonnerie la plus solide n'aurait pu résister à sa furie. C'est pour obvier à cet inconvénient que l'ingénieur imagina de donner très-peu de pente à son aqueduc, et de le rompre de distance en distance par des chutes. L'eau tombait sur des plans inclinés revêtus de pierres de taille; ces espèces de cascades avaient de 230 à 2600 de hauteur; l'eau, ainsi battue et imprégnée d'air, acquérait une qualité supérieure.

« Les sources principales qui fournissaient l'eau à Autun sont situées entre les deux grands étangs de Montjeu, en tirant du côté du château. Ladone en parle elles étaient rassemblées par des tranchées dont on voit les vestiges; elles aboutissaient à l'entrée de l'aqueduc qui se trouve près de la chaussée du grand étang du bas; de là il passe sous l'étang neuf des Cloix; il coupe plusieurs fois la route de Montcenis, entre le pont de Montmin et celui de Saint-Georges; plus bas, il entre dans la vallée, la côtoie, adossé aux rochers à l'aide de contreforts, jusqu'à la montagne de Brisecou.

« A deux cents pas de la maison d'agrément bâtie en ce lieu, au nord-ouest, l'aqueduc aboutit au sommet de la montagne et se précipite par une pente très-rapide à l'entrée de fa vallée : arrivé là, il suit le ruisseau artificiel des moulins jusque au-dessous du petit Montjeu, pour entrer dans les jardins des maisons de St.-Blaise et l'ancien cimetière de ce faubourg : il s'introduit dans la ville au-dessous de la porte Matheron par l'établissement des écoles chrétiennes, suit la rue Chaffaud, la rue Ste.-Barbe, les caves du chapitre, le Terreau, et arrive entre les prisons et l'évêché. Dans cette partie, il est construit en fort belles pierres de taille ; après avoir fait une cascade dans cet endroit, il se dirige vers l'ancien théâtre en passant sous le grand et le petit séminaire.

Les eaux, après avoir servi ce monument important, tombaient dans le grand égout dont l'entrée se voit dans le mur de la ville près de la Maladrerie.

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« L'exécution de ce beau travail a dû trouver de grands obstacles par l'inégalité du terrain, les rochers sans nombre en granit qu'il a fallu trancher pour enterrer un aqueduc qui a 4,150 mètres ou plus d'une lieue de longueur, des sources de Montjeu au théâtre. Sa construction est faite en petits moellons de granit. Il a environ 0m90 de large. Dans la ville, où il est bâti en pierres de taille, il a 173 de large sur 1m93 de hauteur sous clef.

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Indépendamment des eaux du moulin, les sources de St.-Blaise, de la Mine, de Couhard, de Montmin, de Brisecou et autres lieux, étaient rassemblées avec soin et con

duites dans l'aqueduc par des tuyaux en terre cuite ou en plomb, et encore par de petits aqueducs comme celui qui conduisait les eaux de la Mine, dont on a trouvé les restes sous la chaussée nord de l'écluse du premier moulin de St.Blaise.

« Il est fort possible que l'aqueduc soit encore bien conservé depuis les prisons jusqu'à la porte de Matheron; dans ce cas il y aurait peu de travail à faire pour le rétablir dans les jardins de St.-Blaise; par ce moyen, on pourrait avoir dans l'intérieur de la ville l'eau du ruisseau de Couhard, en la prenant au premier moulin du petit Montjeu. Cette considération mérite que la ville d'Autun dirige un jour des recherches pour s'assurer si ma conjecture est fondée. La connaissance complète d'un si beau monument mérite de bien fixer l'attention des magistrats et d'occuper les archéologues.

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La Société Eduenne appréciant cette idée, chargea MM. de Charmasse, d'Esterno et de Fontenay, d'explorer non seulement le trajet du grand aqueduc dans la ville, mais encore les restes des autres aqueducs et égouts. Il résulte de leurs investigations que la ville entière est minée par des souterrains se ramifiant en tout sens; mais leur application aux nouvelles conduites d'eau en projet n'est guère possible, attendu qu'ils sont presque partout coupés par des constructions ou infectés par les immondices. Il est bon d'ajouter qu'une partie des beaux conduits voûtés ne datent que du moyenâge. Ainsi, un des plus beaux et des mieux conservés, qui, après avoir traversé le Terreau et la Cathédrale, va aboutir derrière les Tours par une ouverture dite le Trou du diable, est évidemment postérieur à l'époque romaine, car il est facile de remarquer que la muraille antique a été percée après coup pour fournir cette ouverture. On peut donc le considérer comme un chemin militaire du château.

Grand aqueduc entre le pont d'Arroux et le pont de SaintAndoche. Vers la fin de l'année 1833, la Commission des antiquités désirant vérifier le passage d'Edme Thomas, où il est dit que l'embranchement de la grande cloaque était entre le pont d'Arroux et celui de St.-Andoche, ordonna des fouilles qui offraient de grandes difficultés, parce que le mur antique qui longe l'Arroux entre les deux portes est, depuis des siècles, renversé, et avec lui la masse énorme des terres qu'il soutenait. Il a donc fallu, avant d'entreprendre le déblaiement de ces terres dans toute leur largeur, s'assurer, autant qu'il était possible, de la direction des aqueducs supérieurs. En conséquence, on a commencé par faire des sondages nombreux qui ont amené la découverte d'un petit aque duc d'embranchement se dirigeant du sud-ouest au nordouest. Il était recouvert de 2m33 de terre végétale, et offrait un débouché de 083 de largeur sur 150 de hauteur sous clef. Sa construction, qui est antique, offre un radier en béton et dallé avec de grands carreaux de terre cuite, deux pieds-droits en maçonnerie de moellons entremêlés de pierres de taille, et une voûte en plein-cintre d'un travail soigné. Toute sa masse est assemblée avec de bon mortier de ciment et présente une très-grande solidité.

Après avoir suivi cet aqueduc sur une longueur de 4600, on est arrivé à un point où il avait été anciennement détruit; mais il est probable que son prolongement se dirigeait sur le point où l'on avait supposé devoir trouver le grand égout. Plusieurs fragments de poterie romaine, une grande quantité de morceaux de marbre, corniches, frises, etc., et quelques médailles d'Antonin, de Constant et de Constantin, ont été trouvés dans le cours de ces travaux.

Autres aqueducs. - En 1841, M. d'Espiard s'attacha de nouveau à la recherche des aqueducs. Plusieurs tranchées

furent ouvertes dans une partie de l'ancienne ville. On rencontra au milieu du jardin du sieur Lorrain, situé au faubourg d'Arroux, une longue muraille large de 100 qui se dirigeait sur la grande voie impériale. Auprès étaient entassés des marbres, des débris de fresques et de mosaïques. De l'autre côté de la grande rue de Rome, au jardin du sieur Jeanny, existent des constructions d'une singularité remarquable. Plus loin, près du chemin qui conduit de St.-Jean-le-Grand à la porte d'Arroux en long ant les murs du parc, on découvrit un aqueduc principal se dirigeant du sud au nord. Il traverse le chemin et coupe l'angle du parc avant de se jeter dans la rivière.

Pendant le cours des premiers travaux, on a recueilli les objets suivants :

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Enfin, onze cents médailles en argent, grand, moyen et petit bronze.

Dans la fouille de l'aqueduc qui se termine au parc de St. Jean-le-Grand, on a trouvé un grand nombre de sta

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