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les associations scientifiques de récente création, dues au mouvement généreux qui se propage dans les provinces, la Société archéologique de Sens mérite une attention particulière. Il n'en est pas qui comprenne mieux la noble mission de rechercher et de décrire les monuments nationaux.

Nous avons sous les yeux son Bulletin de 1846, fort remarquable par les notices qu'il renferme et les excellentes gravures qui en éclairent le texte.

Nous trouvons d'abord un aperçu rapide et plein de lucidité, sur la pensée constitutive et les travaux de la Société, par M. Giguet. Après la description étayée de vues et de plans, de deux dolmens de l'arrondissement de Nogent-sur-Seine ( ferme de Montaphilan), par M. Chanoine, et celle du Menhir de Diant, près de Villethierry (Seine-et-Marne) par M. Vignon, viennent des études générales sur les monuments celtiques, par M. Prou. Cet érudit archéologue a résumé de main de maître tout ce qui a été dit sur cet important et difficile sujet, et pour cela s'est livré à de longues et laborieuses recherches.

M. Lallier s'est occupé des murailles gallo-romaines de la ville de Sens, et a divisé sa dissertation en six paragraphes. 1o. De l'état actuel des murailles gallo-romaines de Sens; 2o. Des inscriptions qu'on y a découvertes ;

3o. Des bas-reliefs;

4o. Des fragments d'architecture et de sculpture d'ornementation;

5o. De l'époque de la construction de ces murailles ; 6. De leur histoire et des variations qu'elles ont subies. Cette dernière partie est renvoyée au Bulletin prochain. Des planches nombreuses et d'un dessin aussi pur qu'il est, dit-on, fidèle, viennent doubler l'intérêt de ce recueil dont nous voudrions donner une analyse raisonnée, tant il est important et varié.

M. Vignon, que nous avons déjà cité plus haut, appelle l'attention des antiquaires sur l'église de Saint-Julien, bourg à six lieues de Sens, et présente le rapport de la commission chargée de rechercher les motifs les plus rationnels qui doivent faire supprimer ou conserver les jubés de la cathédrale de Sens.

Pour tous ceux qui connaissent ce bel édifice, c'est là une question on ne peut plus grave. Elle sera sans doute prochainement remise sur le tapis, et d'après le compte-rendu que nous venons de mentionner, on voit combien la controverse a déjà été vive et pressée.

Le Bulletin est terminé par un mémoire sur l'Agendicum des commentaires de César, par M. Auguste Allou. Cet auteur, après avoir rappelé les diverses opinions qui ont placé Agendicum à Sens, puis à Provins, les discute savamment l'une après l'autre, et conclut en faveur de la première de ces deux villes, tout en regrettant de n'avoir pu combattre pro aris et focis.

Qu'il nous soit permis en achevant cet aperçu si insuffisant, de féliciter la Société archéologique de Sens sur ce spécimen, du zèle qui l'anime et des puissants éléments dont elle se compose. Si elle continue, comme nous n'en doutons pas, à suivre la voie qu'elle paraît s'être tracée, nous aurons à enregistrer de nombreux et utiles résultats.

F. C.

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Portrait de M. Cauvin, inspecteur-divisionnaire de la Société française. On ne saurait assez honorer la mémoire des hommes dévoués et désintéressés qui ont travaillé avec courage à l'œuvre de la décentralisation. Dans un siècle oublieux, égoïste, ingrat comme le nôtre, il appartient aux Sociétés savantes des départements de conserver le souvenir

des hommes qui ont bien mérité de la province. La Société française, pénétrée de ce principe, n'a jamais cessé de payer sa dette aux membres qu'elle a perdus, en 'eur consacrant quelques lignes dans la chronique du Bulletin. Quand elle le pourra, elle reproduira les traits des hommes éminents qui ont rempli dans son sein les fonctions d'inspecteurs divisionnaires. Aujourd'hui nous donnons le portrait du vénérable octogénaire qui dirigeait il y a deux ans la division du Mans et qui avait pris une grande part à l'organisation de la Société française. Nous savons tout le prix qu'attacheront à ce portrait les membres de la Compagnie. D. C.

Conseil général académique.-Un conseil général académique a eu lieu à Tours les 4, 5 et 6 mars 1847, sous la présidence de M. de Caumont. MM. V. DE CUSSY, de Paris; RICHELET, du Mans; LUZARCHES; l'abbé Bourassé ; l'abbbé MANCEAU; CARTIER, d'Amboise; et plusieurs autres membres de la Société française assistaient à la réunion. MM. Noel Champoiseau, de Sourdeval, et Lambron de Lignim, secrétaires-généraux du Congrès, ont présenté les diverses questions qui formeront le programme du Congrès de 1847. Ce programme a été arrêté après deux jours de discussion.

NÉCROLOGIE. Mort de M. de La Fontenelle-de-Vaudoré, de Poitiers. C'est avec une profonde douleur que nous apprenons la mort de M. de La Fontenelle de Vaudoré, un des membres fondateurs de la Société française, inspecteur divisionnaire à Poitiers, correspondant de l'Institut de France, membre du conseil-général des Deux-Sèvres.

M. de La Fontenelle, d'une très-ancienne famille du BasPoitou (1), était un homme de progrès qui a donné des

(1) Il était cousin de M. de La Roche-Jacquelin. Un de ses ancêtres a fait construire une partie du château de Fontaine-Henri, dans le Calvados. (Voir la Statistique monumentale de ce département, t. 1o.)

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