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leurs présents à Jésus qui les bénit. Derrière les Mages on voit leurs chevaux et leurs palefreniers. -19° Joseph emmène Marie et Jésus en Egypte. 20° Le massacre des Innocents 1; ce sujet est fort remarquablement sculpté, mais aussi très-mutilé.

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Pour avoir la suite de l'histoire évangélique, il faut retourner au chambranle de droite de la porte royale, en suivant jusqu'au clocher-vieux; on trouvera: 1° Jésus est présenté au Temple et reçu par le saint vieillard Siméon; cette scène est fort curieuse. 2° Jésus âgé de douze ans va au temple de Jérusalem avec Marie et Joseph. 3o Jésus, retrouvé dans le Temple, retourne à Nazareth avec son père et sa mère. 4° Cependant Jésus est arrivé à l'âge de trente ans, il se fait baptiser dans le Jourdain par Jean-Baptiste; deux anges assistent au baptême. -5° Jésus s'est retiré dans le désert, où un horrible démon vient le tenter. 6o Le traître Judas s'entend avec un prêtre juif pour livrer son Maître. 7° Jésus a réuni ses Apôtres dans le Cénacle pour manger la pâque avec eux; il institue le sacrement admirable de son corps et de son sang. Ce groupe est le mieux rendu du porche. — 8° Après la Cène, Jésus s'est rendu avec ses apôtres au jardin des Oliviers; c'est là que Judas vient avec une troupe de soldats; le perfide disciple trahit son Maître par un baiser, et les soldats s'emparent du Fils de Dieu; en même temps, Pierre coupe l'oreille de Malchus. 9° Il y a ici un anachronisme; le sculpteur y a placé la fête des palmes. Jésus monté sur un âne bénit de la main droite, et tient une palme dans la main gauche; ses apôtres tiennent aussi des palmes; des enfants sont montés sur un arbre, et un disciple étend ses vêtements sous les pas de Jésus. 10° Joseph d'Arimathie, Nicodème et deux autres disciples posent dans

1 Par une inattention inexplicable, la plupart des Chartrains voient, dans ce massacre des Innocents, une scène d'adultère; les trois personnages qu'ils font remarquer à tous les étrangers, sont tout simplement une pauvre mère qui embrasse son enfant qu'un soldat vient de couper en deux avec son glaive. Nous ne saurions dire toutes les sottes plaisanteries, toutes les dégoûtantes obscénités que nous avons entendu débiter à propos de cette scène évangélique : il y a des gens à qui il paraît fort piquant de pouvoir montrer un adultère parmi les sculptures de la Cathédrale.

un sépulcre neuf le corps sacré du Sauveur.

11° Les saintes femmes se rendent au sépulcre, et portent des vases pleins de myrrhe et de parfum; mais le Christ est ressuscité; le tombeau est vide, et un ange est assis auprès. Sous le sépulcre il y a trois soldats endormis. 12° Voici encore un anachronisme: Jésus lave les pieds de ses apôtres. 13° Jésus ressuscité voyage avec 14° Il soupe ici avec les mêmes

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les deux disciples d'Emmaüs.

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disciples et bénit le pain. 15° Les deux disciples sont revenus à Jérusalem et racontent aux apôtres qu'ils ont vu le Christ. 16° Jésus-Christ est allé avec ses apôtres sur la montagne des Oliviers et leur donne la mission d'enseigner toutes les nations.

Arrivé à ce point de l'histoire du Sauveur, l'artiste du XIIe siècle a cru devoir traiter d'une manière plus grandiose l'ascension de Jésus-Christ; il l'a sculptée au tympan de la porte latérale de gauche. Les apôtres, au nombre de dix (la place manquait pour en mettre douze), sont assis au premier étage du tympan; ils regardent en haut. Au-dessus d'eux, quatre anges descendent du Ciel, et semblent dire « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous en extase les yeux vers le ciel? » Dans le haut du tympan, JésusChrist monte vers son Père; ses pieds posent sur un nuage qui le dérobe à la vue de ses apôtres; il bénit de la main droite, et il est vêtu d'une tunique et d'un manteau fort riches et parfaitement drapés. Deux anges l'accompagnent 1.

La voussure de cette porte latérale est ornée d'un calendrier de pierre, c'est-à-dire des douze mois de l'année et des douze signes du Zodiaque; c'est comme un hommage rendu au souverain Maître des temps. Les mois sont suivis des signes correspondants du Zodiaque; mais qu'on le remarque bien, il n'y a ici ni bévues, ni transpositions, comme on l'a imprimé si souvent; seulement le sculpteur n'ayant place que pour dix signes, il a mis les deux autres à la voussure de la porte latérale de droite, où ils n'ont, il est vrai, aucun sens. Voici l'ordre dans lequel les signes et les mois sont

1 Quand nous disons que le sujet de ce tympan est l'ascension du Sauveur, nous suivons l'interprétation qui nous paraît la plus plausible, et nous n'ignorons pas les sérieuses objections que l'on peut nous faire. Quelques archéologues voient dans ce sujet la descente aux lymbes; d'autres s'abstiennent de prononcer.

rangés; il faut toujours commencer en bas et monter jusqu'à l'amortissement de l'ogive. Au premier cordon et à droite, on trouve Janvier et le Capricorne, Février et le Verseau, Mars (et les Poissons transportés à la porte de droite); à gauche, on a : Avril et le Bélier, Mai et le Taureau, Juin (et les Gémeaux également placés à la porte de droite). Au second cordon et à gauche: Juillet et l'Ecrevisse, Août et le Lion, Septembre et la Vierge; à droite Octobre et la Balance, Novembre et le Scorpion, Décembre et le Sagittaire 1.

Les douze mois de l'année sont presque tous figurés par les travaux champêtres qui s'y exécutent; il n'y a d'exception que pour Janvier, Février et Décembre. Décrivons-les en peu de mots. Janvier, c'est Janus à deux têtes sur un même corps; l'un est triste et barbu; l'autre est imberbe et gai. La tête barbue figure l'année qui va finir; la tête jeune personnifie l'année qui commence. Ici Janus coupe un petit pain; une coupe de vin est posée sur la table devant laquelle il est assis. Février est un homme couvert d'un manteau et d'une pelisse fourrée; il se chauffe devant un feu. Mars se présente sous la figure d'un vigneron qui taille sa vigne. Avril est un personnage couronné de fleurs et tenant en main les deux branches d'un petit arbre fleuri. Mai est figuré par un paysan qui fait paître son cheval. Juin fauche son pré. Juillet se montre sous la figure d'un moissonneur. Août est un batteur en grange. Septembre est figuré par un vigneron qui foule le raisin, et par un vendangeur. Octobre fait la cueillette des fruits.

1 On le sait, les signes du zodiaque ne correspondent qu'imparfaitement avec les mois; les vingt premiers jours de chaque mois ont un signe différent des dix ou onze jours qui suivent. Or, au Moyen-Age, on prenait indifféremment l'un ou l'autre de ces deux signes pour chaque mois. Ainsi au porche nord les signes et les mois sont placés dans le même ordre qu'ici. Mais dans la verrière des bas-côtés méridionaux du chœur, les signes sont mis dans l'ordre que nous suivons exclusivement aujourd'hui, c'est-à-dire que l'on trouve : Janvier et le Verseau, Février et les Poissons, Mars et le Bélier, Avril et le Taureau, Mai et les Gémeaux, Juin et l'Écrevisse, Juillet et le Lion, Août et la Vierge, Septembre et la Balance, Octobre et le Scorpion, Novembre et le Sagittaire, Décembre et le Capricorne.

Novembre abat des glands pour ses porcs. Décembre enfin est représenté par un homme qui festine devant une table bien servie; une servante lui apporte des mets. Dans presque tous les grands monuments du Moyen-Age, les mois sont figurés de la manière que nous venons de les décrire. Nous signalerons les variantes. dans notre Monographie générale.

Après l'Ascension, le sculpteur du porche en vient à son sujet principal, le triomphe ou la glorification de Jésus. Nous l'avons déjà dit, ce sujet occupe le tympan et la voussure de la porte royale, les parois et les chambranles de cette même porte et des deux portes latérales. Jésus-Christ y a pour cortège céleste les quatre évangélistes, les douze apôtres, les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse, les anges, les prophètes et une foule d'autres saints et de saintes. Faisons-les passer successivement sous les yeux de nos lecteurs.

Dans le tympan de la porte centrale, Jésus-Christ triomphant est représenté au centre d'une gloire ovoïdale, assis sur un trône; un escabeau, personnification de la terre, est sous ses pieds; il a la barbe courte et les cheveux longs et plats; il donne au monde la grâce et la science: la grâce avec la main droite qui bénit, la science avec le livre qu'il tient à la main gauche 1; il est vêtu d'une double tunique et du manteau royal.

Jésus est entouré des quatre animaux évangéliques, ailés comme le veut l'iconographie chrétienne: à la droite du Christ, l'homme et le lion; à sa gauche, l'aigle et le taureau. L'aigle seul est nimbé; le lion et le taureau tiennent le livre des évangiles ouvert; l'homme et l'aigle tiennent des banderolles, aujourd'hui presque entièrement brisées. Voici l'explication de ces attributs mystérieux, telle que la donne Durand de Mende, dans son Rational, livre I, chapitre 3: Saint Matthieu est représenté par un homme, parce » qu'il s'occupe spécialement dans son évangile de l'humanité du » Sauveur; aussi commence-t-il son récit par sa généalogie ter>> restre. Saint Marc est figuré par le lion qui rugit dans le désert; car il parle en détail de la résurrection, et son évangile est celui » du jour de Pâques. Aussi le lion, dit-on, réveille ses petits le

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Iconographie Chrétienne, par M. Didron, page 255,

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>> troisième jour après leur naissance. Saint Marc commence son évangile par ces mots : La voix de celui qui crie dans le désert. >> Saint Luc a pour emblême le bœuf, qui est un animal propre >> aux sacrifices: cet évangéliste traite surtout de la passion du » Christ. Saint Jean a l'aigle, parce qu'il s'élève jusqu'à la divinité » de Jésus-Christ, tandis que les autres marchent avec le Dieu» Homme sur la terre. >> Au-dessous de Jésus-Christ, sont placés, réunis trois par trois dans une niche trilobée, les douze Apôtres; ils semblent converser deux à deux, ils sont debout et tiennent en main des livres ou des banderolles; ils ont les pieds nus posés sur des tapis. A la suite des Apôtres, à droite et à gauche, on voit un saint personnage vêtu comme eux, mais les pieds sont chaussés.

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La voussure est ornée de trois cordons de statuettes. Le premier est composé de douze anges émergeant des nuages: deux portent des livres, deux tiennent des banderolles, deux relèvent un pan de leur manteau, et six ont dans leurs mains le signaculum Dei, que M. Gilbert a pris pour des astrolabes. Les vingt-quatre Vieillards de l'apocalypse remplissent le second et le troisième cordon quatre sont debout et nimbés, vingt sont assis sur des trônes; ils sont tous vêtus d'une double robe et d'un riche manteau, avec des couronnes sur la tête et tenant en main des instruments de musique pour chanter aux noces de l'Agneau, et des coupes d'or remplies de parfums qui figurent les prières des saints 1. Les instruments de musique sont d'un travail exquis et fort curieux; on y reconnaît la harpe, le violon, la lyre, le monocorde, la guitare, etc. - Dans l'amortissement ogival du troisième cordon, deux anges tiennent une large couronne destinée à Jésus-Christ.

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Après les évangélistes, après les apôtres et les saints Vieillards, le divin Sauveur voit s'élever, sur les parois de ce porche qui lui est consacré, les statues colossales des saints personnages qui ont été associés à sa gloire dans le ciel. Ils sont au nombre de dixneuf; mais il est impossible de leur donner un nom; à peine y peut-on soupçonner saint Pierre. Parmi les rois et les reines y

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