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leçon, en y laissant cependant encore quelques légères inexactitudes. 1. En voici une copie très-exacte, toutefois sans les abréviations de l'original; c'est le clocher qui parle :

je fu. jadis. de plomb. et. boys. construit..
grant. hault. et. beau. de somptueux. ouvraige..
jusques. ad . ce . que. tonnerre. et, oraige..
ma. consume. degate. et. detruit..

le jour. sainte. anne. vers six. heures de nuyt..
en. lanee. mil. cinq. cens. et. six.
je. fu. brule. de. moly. et. recuyt.
et. avec.. moy. de grosses. cloches six
après . messieurs. en . plain. chappitre. assis..
ont. ordonne. de... pierre. me. reffaire.

.

a grant. voultes.. et. pilliers. bien. massifs
par . jehan . de beausse .. macon . qui . le sut . faire.
lan dessu dist. apres.. pour. leuvre. faire.
assouar firent. le. vint. quatrieme. jour..

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du moys de. mars. pour le premier.. affaire...
.
premiere. pierre. et. aultres. sans .. ce. jour.......
et. en avril. huitiesme.. jour. expres...
rene. dilliers.. evesque. de... regnon...
pardist. la vie ... au . lieu. du. quel
feust. erard, mis ....... par . postulacion.

en. ce temps. la. que avoys. nicessite.

...

apres.

avoit des gens. qui pour moy lors veilloient.

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du bon . du . cœur. feust. yver . ou . este..

dieu . le . pardont. et. a. ceulx . qui, sy . employent.

1506.

Le quatrième étage est une grande salle octogone, éclairée par huit grandes baies ogivales, à meneaux flamboyants et culs-de

1 Annuaire de 1845, page 381.

lampe assez bien fouillés; des festons trilobés sont suspendus aux voussures des arcades; toute cette ornementation a été refaite en 1839. Il renferme deux grosses cloches fondues, en 1840, par MM. Cavillier, habiles fondeurs des environs d'Amiens. Voici les noms, la circonférence et le poids de ces cloches:

1° MARIE, sonnant le sol, porte 6 mètres 65 centimètres de circonférence, et pèse environ 6,000 kilogrammes.

2° JOSEPH, porte 5 mètres de circonférence, et pèse 2,350 kilogrammes 1.

Le cinquième étage renferme les cloches fondues en 1845 par MM. Petitfour, et suspendues sous la direction de M. Chicot. Ces cloches sont trop petites pour une cathédrale comme celle de Chartres ce sont des voix féminines données à des géants.

1° ANNE, donnant le ré, porte 4 mètres 48 centimètres de circonférence, et pèse 2,040 kilogrammes.

2° ELISABETH, porte 4 mètres 2 centimètres de circonférence, et pèse 1,510 kilogrammes; elle donne le mi.

3 FULBERT, porte 3 mètres 63 centimètres de circonférence, et pèse 1,095 kilogrammes; il sonne le fa.

4° PIAT, porte 3 mètres 34 centimètres de circonférence, et pèse 870 kilogrammes; il donne le sol, octave aigu du bourdon 2.

Cet étage est percé de huit baies ogivales à meneaux flamboyants et à frontons aigus. Les moulures qui encadrent ces baies sont profondément refouillées et décorées avec de grâcieuses guirlandes de fleurs, de feuillages et de branches terminées par des figures grotesques ou des animaux fantastiques: le tout est taillé et évidé dans la masse avec beaucoup d'art; presque tous ces ornements, fort endommagés par l'incendie de 1836, ont été refaits en 1839.

Une riche et large galerie, avec une balustrade à compartiments flamboyants, règne tout autour de cet étage. Aux quatre angles de la galerie s'élèvent un élégant clocheton garni de niches, de fron

1 Pour plus de détails, voyez l'intéressante Notice historique sur la sonnerie, pages 29-32.

2 Voyez l'Annuaire de 1846, pages 332-334.

tons, de pinacles, de crochets, etc. Ces clochetons se rattachent au corps du clocher par des arcatures festonnées qui portent des monstres et des chimères. Les niches contiennent chacune une statue colossale. Il y a douze statues, dont l'une représente saint Jean-Baptiste, et les autres figurent des apôtres 1. Ces statues sont beaucoup inférieures à celles des mêmes apôtres qui ornent le porche méridional. Ici, les physionomies, au lieu d'être ferventes et sérieuses, sont devenues exagérées et bizarres; l'art du XVIe siècle redescendu sur la terre n'est plus inspiré; il a perdu sa noblesse et sa beauté chrétiennes; le style est maigre et tout humain. Les apôtres ici représentés sont vêtus d'une longue tunique et d'un manteau. Tous sont accompagnés d'attributs qui les distinguent; ils ont tous les pieds nus 2; et tous sont barbus, à l'exception de saint Jean. Mais jetons un coup-d'œil sur chacune de ces statues. Le premier clocheton à droite offre : 1° saint Jean-Baptiste; il est vêtu d'une tunique de peau relevée sur le genou, à ses pieds l'Agneau divin, qu'il indique du doigt en disant Ecce Agnus Dei; ces mots sont écrits sur le lambel qu'il tient dans sa main gauche. 2° Saint André; dans sa main gauche il tient un livre ouvert, et de sa droite il porte un bras de sa bonne croix, dont l'autre bras est debout sur ses pieds; des cordes relient les deux bras. 3° Saint Jean l'Evangéliste; à ses pieds on voit l'aigle tenant un encrier au bec, et une plume dans une de ses serres. Les statues du second clocheton représentent: 1° saint Paul tenant un livre entr'ouvert dans sa main gauche, et une épée dans sa droite. 2° Saint Thomas foulant aux pieds un affreux démon qu'il tient enchaîné; il porte un glaive dans sa main droite et un énorme volume dans sa main gauche 5.

:

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1 On sait qu'au Moyen-Age on regardait les Apôtres comme les tours de l'Église. (Voyez la Monographie de Bourges, page 152.)

* La nudité des pieds est un signe généralement adopté par les artistes chrétiens pour désigner Dieu et ses envoyés; langage symbolique qui exprimait l'exclusion de toute idée basse, la promptitude de l'obéissance, mais surtout le mépris de toute crainte humaine.

* Presque toujours saint Thomas est représenté avec l'équerre, quelquefois avec la règle ou le roseau. Le démon enchaîné et le glaive qu'il tient ici sont une allusion à ce passage du Miroir historial :

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3° Saint Simon caractérisé par la scie de son martyre. Le troisième clocheton renferme dans ses trois niches : 1° saint Jacquesle-Mineur appuyé sur une massue. 2° Saint Jacques-le-Majeur avec son chapeau, son bourdon et ses coquilles de pélerin; de plus, il tient dans sa main gauche un énorme chapelet. 3° Saint Philippe avec sa croix de roseau. Enfin le dernier clocheton nous offre : 1° saint Barthélemy avec son couteau. 2° Saint Pierre, le chef du collège apostolique; dans la main droite il porte un livre ouvert; et de sa gauche il tient la clef, symbole de sa puissance spirituelle. 3° Saint Matthieu avec une lance et un livre ouvert; à ses pieds, on voit un ange, tenant une banderolle sur laquelle est écrit: S. Matthæus.

Le sixième étage se compose d'une grande salle octogone percée de deux portes et d'une lucarne carrée. On y a construit deux petites chambres pour les guetteurs. La cheminée est bouchée, sans doute depuis l'incendie de 1674 allumé dans le clocher-neuf, par l'imprudence des guetteurs, et que rappelle une inscription gravée sur une pierre scellée au mur occidental, près de la porte. Voici cette inscription :

OB VINDICATAM SINGVLARI DEI MVNERE

ET A FLAMMIS ILLESAM HANC PYRAMIDEM

ANNO 1674 NOVEMB. 15 PER INCVRIAM VIGILV
HIC EXCITATO AC STATIM EXTINCTO INCENDIO
TANTI BENEFICII MEMORES SOLEMNI POMPA
GRATIS DEO PRIVS PERSOLVTIS DECANVS
ET CAPITVLVM CARNOTENSE HOC POSTERI=
TATI MONVMENTVM POSVERE.

Au-dessus de la porte orientale, mais à l'extérieur, on lit une autre inscription composée du second verset du psaume 126° :

NISI DOMINVS CVSTODIERIT

CIVITATEM FRVSTRA VIGILAT

QVI CVSTODIT EAM.
F. FOVCAVLT.

L'Apôtre commande au démon qui habitait l'idole de la détruire sans nul délai... l'idole se fondit comme la cire; mais le pontife du temple brandissant un glaive se jeta sur l'apôtre qu'il perça. » (Lib, 1x, cap. 66.)

Autour de la chambre des guetteurs, règne une large galerie qui est ornée de la plus belle balustrade qui existe en France; outre ses ravissantes découpures on y verra huit frontons aigus et huit clochetons ornés de crochets, de feuillages, de figures de fantaisie, de chimères, de dais, de pinacles, de gargouilles allongées, etc. Cette galerie sert d'observatoire aux guetteurs; pendant la nuit, d'heure en heure, ils sont obligés d'en faire le tour pour découvrir les incendies qui se manifesteraient soit dans la ville, soit dans les villages voisins. Au moyen de lunettes fort ingénieusement combinées et posées sur l'appui de la balustrade, ils déterminent le lieu précis du sinistre, s'il éclate au loin.

Enfin l'on arrive au septième étage du clocher après avoir monté 378 marches. C'est une lanterne de forme octogonale, percée de 16 arcades à tympans trilobés, et surmontées de frontons triangulaires. C'est là qu'est suspendue la cloche du timbre et du tocsin. Cette cloche, qui a été fondue en 1520, pèse environ 5,000 kilogrammes, et porte 6 mètres 16 centimètres de circonférence. Elle présente sur deux lignes circulaires l'inscription suivante, en caractères gothiques :

Facta od signandos solis luneque labores
Evehor ad tante culmina celsa domus
Annus erat Christi millesimus adde priori
Quingentos numero bis quoque junge decem
Illo quippe anno quo francus convenit anglum
Perpetuaque simul discubuere fide.

Puis on trouve, placés entre une image de la Sancta Camisia et un écusson frappé d'un dauphin, ces mots :

Petrus Sanyet me fecit.

La flèche se termine par une pyramide octogonale en écailles imbriquées, et dont les arêtes sont hérissées de crosses végétales. Cette pyramide, endommagée en 1690 par un coup de vent furieux, fut rétablie l'année suivante par Claude Augé, sculpteur lyonnais; en même temps elle fut surélevée d'un mètre 30 centimètres. Pour couronner la nouvelle pyramide, Augé fit fondre un beau vase en bronze garni extérieurement de serpents entrelacés; le vase pèse

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