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puis aux siècles de Louis XIV, de Louis XV et de l'architecture religieuse de nos jours. M. Leguennec termine en développant successivement ces trois propositions-que l'architecture gothique a sa source dans la foi religieuse,-qu'elle porte dans tous ses détails l'empreinte profonde de la foi et qu'elle ne peut servir qu'au culte catholique. Tel est en résumé le plan que M. l'abbé Leguennec s'est tracé et qu'il a suivi dans son cours. La Société félicite M. Leguennec, par l'organe de son directeur, sur le plan qu'il a couçu, et sur la manière distinguéc dont il a rempli la tâche qu'il s'était imposée.

M. l'abbé Duval a la parole pour lire un mémoire sur la chapelle des Machabées et sur la partie du cloître qui la liè à la cathédrale.

Une discussion, à laquelle prennent part plusieurs membres, s'engage sur les caractères architectoniques de la chapelle des Machabécs qui tire son nom d'une danse Macabre anciennement sculptée au-dessus de la porte. On examine la question de savoir s'il conviendrait de sacrifier ce monument pour déga ger la cathédrale.

A

M. de Clinchamps fait remarquer que la chapelle des Machabées remonte au XIV. siècle. Les monuments de cette époque sont rares en Picardie et méritent d'être conservés. Il ajoute qué par sa position elle ne masque point la cathédrale. M. Rigollot fait observer qu'il n'a jamais été sérieusement question de détruire la chapelle des Machabées.

Sur la proposition de M. de Caumont, qui résumé la discussion, la Société émet le vœu que, dans le cas où la proposition de démolir cette chapelle serait faite, elle fût rejetée ; cette proposition est adoptée à l'unanimité.

Quelques membres pensent qu'il conviendrait d'établir aux Machabécs un musée, dans lequel on transporterait tous les tombeaux qui sont cachés derrière les boiseries de la cathédrale.

Cette opinion, qui ne donne d'ailleurs lieu à aucune délibé ration de l'assemblée, fournit à MM. Duval, Garnier et Duthoit, l'occasion de présenter quelques renseignements sur deux des tombeaux dont il a été question dans la séance du matin ; l'un est celui d'un évêque Roland, l'autre celui du chanoine Thomas-de-Savoie, que M. Duthoit a pu dessiner. On est enfin certain de l'emplacement d'un troisième tombeau, mais il a été impossible de le visiter.

M. l'abbé Duval demande ce qu'il serait convenable de faire pour dégager les tombeaux que cachent les boiseries,

M. Le Serrurier fait remarquer que l'autorité ecclésiastique peut seule prendre des mesures à cet égard.

La Société émet le vœu que cette autorité fasse tout ce qui conviendra pour mettre en évidenee des monuments aussi intéressants sous le rapport de l'art et de l'histoire.

M. Goze présente à la Société un plan d'autel, dans le style du XIIIe siècle, que M. de Caumont l'avait prié de dessiner. M. de Caumont adresse les remerciments de la Société à M. Goze, qui a mis la plus grande obligeance à composer ce juli dessin.

M. l'abbé Goard lit un rapport sur l'excursion faite hier à la cathédrale (V. la page 320).

M. Bouthors donne lecture du procès-verbal de la séance administrative d'hier soir (V. la page 554).

D'après les délibérations prises dans cette séance, on procède à la distribution des médailles d'argent décernées par la Société. M. de Caumont rappelle que, depuis plusieurs années, M. Barraud fait au séminaire de Beauvais des cours d'archéologie, qui sont toujours suivis avec le plus vif intérêt. Cette année, ses leçons ont été publiques. Outre les élèves de la maison, on y voyait un grand nombre d'ecclésiastiques respectables et de laïques distingués: M. l'évêque de Beauvais lui

même suivait le cours avec une bienveillance marquée. Ainsi se développe dans le clergé de Beauvais la connaissance et le goût des arts, surtout de l'art chrétien ; et les jeunes ecclésiastiques émportant avec eux dans les paroisses les vrais principes de la science archéologique, deviennent les restaurateurs intelligents et les conservateurs des précieux monuments dont la garde leur est confiée.

M. de Caumont s'avance vers M. l'abbé Barraud, et lui remet, aux applaudissements de la Société, la médaille qui lui est décernée. M. Barrand remercie la Compagnie, et ajoute que si son cours a présenté de l'intérêt, il le doit au plan tracé par M. de Caumont, dont il a suivi l'ouvrage imprimé.

Une médaille est également décernée à M. Graves de Beauvais, pour sa savante statistique monumentale du département de l'Oise. M. Graves, forcé de retourner à Beauvais, n'est pas présent; la médaille lui sera envoyée.

Deux autres médailles sont décernées; l'une à M. Cheussey, architecte du département de la Somme, pour les soins qu'il a apportés à la conservation et à la réparation des monuments anciens de ce département ;

L'autre à M. Traxler, architecte de la ville d'Arras, à qui l'on doit la reconstruction du beffroi de cette ville et la découverte de plusieurs monuments architectoniques anciens.

On proclame les mentions honorables accordées à MM. Vanclemputhe, architecte de l'Aisne ;

Vast, fils, d'Amiens;

Lemaske, conservateur des monuments de l'Aisne ;
Caudron, statuaire à Paris

;

Et Duthoit, statuaire à Amiens.

M. de Caumont prend ensuite la parole: il remercie au nom de la Société toutes les personnes qui ont pris part à ses travaux dans la ville d'Amiens ; et les autorités qui ont bien voulu

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mettre à sa disposition le beau local où elle a tenu ses réunions : il ajoute que nulle part les discussions archéologiques n'ont présenté plus d'intérêt que dans la ville d'Amiens où la Société des antiquaires et les membres les plus éclairés du clergé ont si puissamment secondé ses efforts.

Il déclare close la session générale annuelle pour 1839.

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NOUVELLES ARCHÉOLOGIQUES.

On

Destruction des allées couvertes de Briquebec. annonce que les allées couvertes situées près de Briquebec, l'un des monuments celtiques les plus curieux et les plus imposants de la Basse-Normandie, viennent d'être brisées par les entrepreneurs de routes.

Tout le monde pensait que, situées dans une forêt de l'Etat, ces belles pierres, ces immenses dolmens, auraient dû être à couvert de semblables atteintes, et que les gardes de la forêt auraient su faire respecter cette propriété de l'Etat ; il n'en a point été ainsi.

De semblables destructions sont déplorables, lorsque le Gouvernement fait ses efforts pour les empêcher; et nous devons gémir de cette espèce d'anarchie qui règne dans nos administrations. N'avons-nous pas vu, dans plusieurs circonstances, le génie militaire détruire impitoyablement et sans nécessité, des édifices remarquables, au moment où le ministre de l'Intérieur recommandait avec instance de les conserver? La destruction des allées couvertes de Briquebec, en présence et sans doute avec la permission des employés forestiers qui dépendent du ministère des finances, sont une nouvelle preuve du peu d'ensemble avec lequel les mesures conservatrices sont recommandées ou exécutées en France.

Voyage de M. Renouvier en Italie.-M. J. Renouvier, de Montpellier, a fait un voyage en Italie et recueilli d'importantes observations archéologiques : nous espérons publier prochainement plusieurs articles de ce savant archéologue dout la Société Française a souvent apprécié le talent d'observation et l'élégante rédaction.

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