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Devait aussi faire partie de la ceinture une petite tringle de fer, à laquelle est fixé un bouton de bronze trèsgracieux. Ce bouton a une tige à son extrémité, d'un centimètre de hauteur, dans laquelle la base plate est encastrée. La tête de ce bouton affecte la forme d'un cône, elle est ciselée et ornée de trois filets en relief, entremêlés de deux rangs de perles; son extrémité est recouverte d'une calotte de corail retenue par un rivet ciselé en forme d'une croix de Saint-André. Un bouton semblable, qui a été retrouvé, était peut-être fixé à l'autre extrémité de la tige de fer.

L'ANNEAU D'or.

Il n'y a en Gaule, dit César, que deux classes qui comptent et qui aient de l'influence: les druides et les chevaliers. Anciennement l'anneau d'or se portait en signe d'autorité. A Rome l'anneau d'or n'était pas le signe exclusif des chevaliers, les sénateurs le portaient aussi comme eux. Ceux des chevaliers, à la bataille de Cannes, étaient en or, et c'est en comptant les anneaux qu'on reconnut le nombre de ceux qui étaient morts.

Ces anneaux étaient ordinairement garnis d'une pierre gravée qui servait de cachet.

Celui qui a été retrouvé au doigt du guerrier est tout simple et ressemble à une alliance de forte dimension. Le travail n'est point parfait, car on y voit encore des traces de martelage.

L'OENOCHOÉ.

L'œnochoé, comme son nom l'indique, était un vase de table contenant le vin destiné à alimenter la coupe. Ce

XLII SESSION.

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vase est en bronze à bec trefflé et relevé; il imite la cruche actuelle, mais d'une façon plus élégante; son anse est rivée et porte à sa partie supérieure, reposant sur les bords, deux animaux fantastiques, sortes de levrettes affrontées et séparées, montrant en arrière deux cornes naissantes. La partie inférieure se termine par une palmette surmontée de doubles spirales entremêlées, disposées symétriquement par paires et opposées les unes aux autres en sens inverse (1).

L'extérieur de cette anse présente trois moulures creuses, celle du milieu moins large que les deux autres; elles se profilent en quatre côtes saillantes ayant pour but d'affermir la main qui se sert de l'objet ; en dedans cette anse est unie et arrondie.

L'œnochoé de Somme-Bionne, comme celles qui ont été découvertes jusqu'ici, présente des traces de dorure; elle est assez bien conservée, sans toutefois être parfaitement intacte.

Le savant conseiller de Liége, M. Schüermans, a prouvé surabondamment, dans ses opuscules sur des objets étrusques découverts en Belgique, que l'onochoé est d'origine étrusque et, par conséquent, grecque; nous ne reviendrons pas sur les nombreuses preuves qu'il a si bien exposées. Nous l'admettons d'autant plus volontiers que la coupe qui accompagnait l'onochoé de Somme-Bionne est évidemment étrusque, comme il nous sera facile tout à l'heure de le prouver.

Cette forme de vase, à bec relevé, considérée aussi par

(4) Au congrès de Paris, M. de Longpérier avait déjà constaté que la spirale, inconnue en Phénicie, se retrouvait principalement sur les vases à bec relevé de caractère tout étrusque.

M. de Longpérier comme étrusque, ne s'est retrouvée en France qu'en trois endroits différents: celle de Bourges, celle de Pouan, au musée de Troyes, et celle d'Aubernac, actuellement au musée du Louvre.

Nous ne connaissons pas celle de Bourges; elle doit faire partie de quelque collection particulière, car elle n'existe pas au musée de cette ville, ainsi que nous nous en sommes assuré auprès de M. le Conservateur (1). Celle du musée du Louvre nous a paru un peu plus petite que la nôtre. Celle de Pouan a absolument les mêmes dimensions que celle dont nous nous occupons: les dessins de cette dernière, portés sur le deuxième opuscule de M. Schüermans aussi bien que sur le portefeuille archéologique de Gaussen, sont très-inexacts et lui donnent des proportions plus que doubles. Frappé de ces proportions qui nous paraissaient gigantesques, nous nous sommes adressé au savant conservateur du musée de Troyes, M. le chanoine Coffinet, qui a bien voulu nous adresser les renseignements suivants:

« La hauteur de l'onochoé de Pouan, prise à la partie dominante de l'anse, est de 25 centimètres. Prise à l'extrémité du goulot, cette hauteur est de 29 centimètres 4 millimètres. Ces mesures sont très-exactes, je viens de les relever sur le vase même dans notre musée.

« Voici tout ce que je sais relativement à cette décou

verte.

(4) M. Schüermans, dans son quatrième opuscule sur la découverte d'Eygenbilsen, dit que cette œnochoé, dont l'anse manquait, figurait à côté de celle de Pouan avec cette mention:

Style étrusque antérieur à l'ère chrétienne. » (Commission de l'exposition universelle de 4867, présidée par M. de Longpérier.)

« Au mois d'août 1842, le sieur Jean-Baptiste Buttat était occupé à extraire de la grève, dans la contrée des Prates, près le chemin de Pouan au Martroy. Son outil ramena d'abord des fragments d'os humains, des lames de fer oxydées, puis des bijoux et ornements divers en or. Ces derniers objets figurent dans notre musée. On suppose qu'ils ont fait partie de l'armure soit de Théodoric, roi des Wisigoths, qui périt dans la bataille livrée contre Attila en 451, soit d'un chef militaire, qui portait le nom d'Héva.

«Le 23 juin 1843, un ouvrier travaillant dans le même endroit où furent trouvées les armes susdites, donna un coup de pioche sur notre œnochoé et la mit aussi au jour. J'en fis l'acquisition en 1844. A cette époque, je n'étais pas encore conservateur du musée de Troyes; en 1860, j'en fis cadeau à cet établissement.

« De ce que le vase a été découvert dans le même lieu que les armes, il ne s'ensuit pas qu'on doive lui attribuer une origine mérovingienne. Théodoric ou Héva ont pu se servir d'un ustensile domestique bien antérieur à l'époque de leur existence. Ces guerriers ne se faisaient pas scrupule de s'emparer, pendant leurs invasions, de tout ce qui leur tombait sous la main et surtout de ce qui leur plaisait.

En 1867, j'envoyai à l'Exposition universelle cette œnochoé. Elle y fut très-remarquée. Elle est décrite au livret sous la rubrique suivante :

« Vase trouvé à Pouan, au même endroit où furent recueillies les armes de Thédéoric. Style étrusque antérieur à l'ère chrétienne.

« Je n'ai pas ouï dire qu'on ait trouvé un bandeau d'or en même temps que les objets sus-indiqués.

« Les renseignements fournis par le portefeuille de

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