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mais si, par obéissance ou accident fortuit, il trotte une dizaine de pas, je gage, comme cavalier tout uniment, qu'il va se livrer à des contorsions inquiétantes.

Du reste, la dimersion du pied, dans une bête conformée à l'ordinaire, est toujours plus grande de la pince au talon, qu'entre les rives externes de la muraille des quartiers. Les axes des trois patins de la collection Morel mesurant, entre les becs d'avant et d'arrière, 102, 95 et 85 millimètres, contre 83 millimètres de largeur uniforme entre les oreilles, il n'y a pas lieu de prétendre que chevaux et bœufs, même de très-petite taille, s'en soient accommodés. Une garniture de cuir interposée ne remé'dierait pas davantage au défaut d'appui de la face plantaire, si nous avions à tirer parti du patin à croisillon, et je n'ai point à observer, je pense, qu'elle ne saurait agrandir le logement du pied !

Toutes ces ferrures, y compris celle que présentait M. Nicaise, sont du genre subot. Il y a grand nombre de sufflamen; il y a peut-être des garnitures de bout de timon, des garnitures de servante (sabot à semelle circulaire avec muraille cylindrique). Les anneaux de quelques pièces assez rares s'expliquent: soit par la nécessité de relier le support à des crochets ou collerons, soit par l'obligation de revêtir temporairement d'une garniture résistante, telle pièce de bois qui peut ou doit frotter le sol.

Ces patins, en fin de compte, ne sont point chacun solea de nouvelle espèce; mais j'espère qu'ils resteront, pour la plupart, partie d'une enrayure ou sufflamen, fort convenable pour le commun des roues, dont les jantes portent au plus 8 à 9 centimètres de largeur? On l'attachait à la roue et à la voiture; les anneaux des oreilles livraient passage à une corde, ou même à une chaîne, que j'ai

trouvée à Metz, sur un échantillon authentique (1) venu d'Alise-Sainte-Reine, composée pour les trois quarts de mailles étranglées, embrassant au mieux une paire de rais.

Quant au bec recourbé en anneau, il recevait, à n'en pas douter, la corde ou chaîne reliant notre sufflamen à quelque carrus de réquisition, ou même au carroballista d'un équipage des artilleries » passées !

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La communication de M. le colonel de Sailly est suivie d'une assez vive discussion à laquelle prennent part MM. Palustre et Nicaise. Suivant ce dernier, M. de la Forterie, secrétaire de la Société archéologique de la Gironde, aurait trouvé un squelette de cheval au pied duquel était encore l'hipposandale.

M. Counhaye, de Suippes, lit un mémoire sur les 7, 8 et 9° questions du programme.

Il a reconnu jusqu'à ce jour l'emplacement de trentesix tumuli. Il ne suppose pas que ces tommes ou tommelles, comme on les appelle dans le pays, soient des sépultures. Elles ont toujours été placées sur des points plus ou moins élevés, mais de manière à pouvoir communiquer l'une avec l'autre. On peut présumer qu'elles servaient à une sorte de télégraphie.

M. Nicaise fait connaître qu'il a fouillé plusieurs tumuli et que, dans chacun d'eux, à la base et au centre, il a trouvé des traces d'incinération, ce qui leur assignerait une autre destination que celle indiquée par M. Counhaye. Ce dernier répond que les sépultures sont placées le

(4) Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de la Moselle, 1868; sabot et chaine offerts par M. Gustave Sthème, membre de la Société.

plus souvent sur le sommet des collines ou sur leur versant nord-ouest; les corps présentaient différentes orientations, et cependant on rencontre partout les mêmes objets, les mêmes ornements.

M. Counhaye présume que ces sépultures n'indiquent pas l'emplacement de cimetières proprement dits, mais des inhumations faites à la suite de combats. Aux lieux où elles existent, on retrouve invariablement les traces de lignes de campement.

La séance est levée à 11 heures.

2 SEANCE DU 24 AOUT.

PRÉSIDENCE DE M. IE BARON DE VERNEILH.

Siégent au bureau: MM. Eugène Perrier, Gréau et de Cougny.

Après la lecture du procès-verbal, M. Palustre, qui n'assistait pas au commencement de la dernière séance, demande à faire quelques observations sur la part trop considérable, suivant lui, accordée à l'influence étrusque dans le développement de l'art gaulois. «Notre sol, dit-il, n'a pas été exclusivement peuplé par l'est et le sud-est, mais encore, et à une époque beaucoup plus reculée, par le sud-ouest. Tout porte à croire, en effet, que les Ibères ont précédé chez nous toute autre population. Certains modes de sépultures appartiennent évidemment à cette

nation, dont la langue seule peut donner raison de plusieurs noms de ville, inexpliqués jusqu'à ce jour. »

La parole est ensuite donnée à M. Morel, pour la lecture d'un mémoire sur les fouilles du cimetière Gaulois de Somme-Bionne.

Découverte de Somme-Bionne (MARNE).

GAULOIS SUR SON CHAR ET OBJETS ETRUSQUES.

Dans les premiers jours du mois de décembre 1873, des ouvriers étant occupés à fouiller le cimetière gaulois de Somme-Bionne, situé sur une éminence, à une égale distance des sources de la Bionne et de la Tourbe (arrondissement de Sainte-Menehould), ont découvert, à trois cents mètres au sud de la route, en un lieu appelé l'Homme-Mort ou la Tomelle, une large fosse remplie de terre noire et renfermant les restes d'un guerrier inhumé avec son char. Ce guerrier avait à son côté droit une longue épée, tranchante des deux côtés, reposant dans un fourreau en bronze du côté extérieur et en fer de l'autre, avec terminaison en trèfle.

A son côté gauche se trouvait un long poignard en fer à dos droit, ainsi que trois traits carrés, longs de près d'un mètre, portant encore des traces d'emmanchure.

Cinq gros anneaux de bronze avec agrafe du même métal étaient placés autour du corps. Cette agrafe représente deux chevaux affrontés à têtes de chimères. Une partie d'une autre attache en fer, ornée de deux boutons de bronze, avec terminaison en corail, a été aussi trouvée

vers la même région, Le squelette avait à la main droite un anneau d'or, aux pieds une œnochoé en bronze, un bandeau d'or, un vase brisé en terre rouge, et une coupe italo-grecque peinte.

Au-dessus des pieds du squelette se trouvait une petite. galeric qui avait été creusée pour recevoir le timon du char, et à la suite une cavité beaucoup plus large dans laquelle on avait déposé tous les harnais des chevaux. C'est là que nous avons nous-même recueilli six terminaisons demi-circulaires en bronze et en fer, destinées, sans doute, à consolider le bout du timon; deux mors de chevaux en fer, avec anneaux de bronze; une dizaine d'anneaux de différentes grosseurs; six phalères, dont quatre finement gravées et découpées à jour comme de la dentelle, et enfin des fragments d'ornements en bronze, aussi découpés à jour et revêtus de petits clous de bronze, indiquant qu'ils avaient été attachés sur des lanières de

cuir.

LA FOSSE.

Elle était taillée dans la craie, et mesurait 285 de long sur 180 de large et 115 de profondeur. Les deux cavités parallèles qui avaient été creusées pour recevoir les roues du char mesuraient 140 de long sur 050 de large et 030 de profondeur. La petite galerie, ménagée à l'extrémité de la fosse pour placer le timon du char, n'avait que 070 de longueur sur 010 de largeur. La cavité dans laquelle étaient déposés les harnais des chevaux, venait ensuite, et mesurait 140 de long sur 030 de large et 0-35 seulement de profondeur.

Un fossé circulaire d'un mètre de large et de 16 mètres de diamètre entourait la fosse. Ce fossé, naturellement

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