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il ne s'agit pas de bâtir un système, je me borne à citer des faits et à signaler une influence. Il est certaines contradictions qui honorent, et je ne puis que m'applaudir d'avoir appelé l'attention du savant directeur de l'école des Chartres.

Afin que vous sachiez la valeur que l'on peut attacher au sujet de ma communication, je dois vous dire que des esprits élevés, des archéologues distingués favorisent la pensée que j'ai eu l'honneur de vous soumettre et la font progresser. Du reste, quel que soit le degré d'affirmation qu'il convienne de donner à l'influence dont j'ai eu l'honneur de vous entretenir, il se présente toujours une question devant les opposants: comment s'expliquent les ressemblances qui existent entre l'industrie étrusque et l'industrie gauloise?

Au sujet du mémoire de M. de Baye, M. Nicaise fait observer que la guerre a pu faciliter, dans la Gaule, l'introduction de la céramique étrusque; il cite, comme exemple, les croisades, qui ont apporté de si nombreux éléments aux arts du moyen âge.

M. de Baye répond que cette explication ne lui parait pas suffisante; certaines institutions, certains usages, tels que les sépultures par incinération, étaient communs aux Étrusques et aux Gaulois, et dénotaient des rapports constants entre les deux peuples.

M. de Caix de Saint-Aymour dit que l'ornement nommé grecque se retrouve dans l'extrême Orient, en Chine, au Japon, dans l'Inde, au Mexique. Il pense que, sans supposer un centre d'importation unique, il est beaucoup plus naturel de ne voir dans cet ornement qu'une combinaison de lignes décoratives qui se présente le plus naturellement à l'esprit des peuples primitifs.

M. l'abbé Bordé voit dans la grecque l'indication des relations entre les deux peuples gaulois et étrusque; M. Pierrard, une preuve probable de l'influence phénicienne.

M. Bucaille pense que la grecque, la combinaison la plus simple de la ligne droite et de l'angle droit, venait naturellement à l'esprit.

M. Morel donne quelques explications sur son Album archéologique, en cours de publication.

J'ai l'honneur de communiquer, dit-il, à la Société française mon Album archéologique, en deux volumes, conteé nant les dessins des objets composant ma collection, et qui sont le produit de quinze années de fouilles dans le département de la Marne. Nous espérons que ce recueil, que nous nous proposons de publier avec texte explicatif, sera plein de renseignements utiles pour ceux qui, à l'exemple du regrettable abbé Cochet, voudront un jour écrire l'histoire de notre Champagne souterraine. La première livraison est terminée, elle contient six planches représentant une centaine d'objets parmi les plus intéressants trouvés par nous dans le cimetière gaulois de Marson. Nous en offrons deux exemplaires à la Société afin qu'elle se rende compte de l'utilité de notre publication, de l'exactitude des dessins exécutés par notre dessinateur M. Gastebois, et que les presses de M. Barbat, lithographe à Châlons, ont si fidèlement reproduits.

Nous y joignons deux exemplaires du rapport sur les fouilles de ce cimetière, rapport qui, en 1874, a été de notre part le sujet d'une lecture à la Sorbonne. Nous espérons faire successivement paraître la description des sépultures de l'âge de la pierre, celles de l'époque du bronze,

des époques gauloise, gallo-romaine et mérovingienne. L'âge de la pierre nous montrera le produit des sépultures préhistoriques de Tours-sur-Marne dont vous avez entendu, hier, le rapport, par notre ami et collègue M. Nicaise; la station de la pierre polie, découverte par nous à Lignon, ainsi que les dessins des plus beaux types d'instruments de cette époque trouvés dans diverses localités du département.

L'âge du bronze nous fera voir la magnifique épée de Courtavant, avec ses accessoires; l'épée, jusqu'ici unique, trouvée à Salon, et des haches, couteaux, fibules, bracelets et autres instruments classés dans notre collection et dans celle de M. Nicaise.

L'époque gauloise, qui occupe une si grande place dans nos découvertes, principalement dans les environs de de Châlons, nous montrera successivement le cimetière de Pleurs, qui nous a donné des fibules et des torques si admirables; ceux de Bergère-les-Vertus, du Mesnil, de Bussy-le-Château, de Courtisols, Lépine, Prosnes, Ognes, qui nous ont fourni une si belle suite d'objets variés, ceux de Connantre et Corroy, avec leurs longues épées et leurs umbos de boucliers en fer, ceux de Vatry, Wargemoulin, celui de Somsois, qui vit nos débuts et inaugura notre carrière archéologique, et enfin celui de Somme-Bionne, ui nous révéla le guerrier inhumé sur son char, une des découvertes les plus rares et les plus intéressantes qui ait été faites sur le territoire de la Gaule, ainsi que vous pourrez en juger par la description que nous essaierons de vous en donner.

L'époque gallo-romaine vous fera voir les produits si riches des cimetières de Poix, du Meix-Tiercelin, Corbeil, Gourgançon, Linthes, la Verpillière, commune de SaintChéron, Reims, Pleurs, et surtout Conflans-sur-Seine, qui

a livré une ample moisson de céramique variée, tant pour notre collection que pour celles de M. Alfred Werlé, de Reims, et du Musée de Saint-Germain.

L'époque franque ou mérovingienne nous montrera le cimetière de Brébant avec son angon, son bouclier, ses haches, ses cercueils de pierre et ses boucles d'oreilles en or; celui de la Verpillière, avec son agrafe de manteau, aussi en or, ceux de Somme-Vesle, de Pleurs, Connantre et surtout Saint-Loup, qui à lui seul nous a donné plus de cent vases de formes différentes et une infinité d'armes et d'instruments, surtout des boucles de ceinturons en bronze et d'autres en fer avec damasquinerie en argent.

Enfin, Messieurs, l'album que nous plaçons sous vos yeux, n'est que le résumé fidèle de notre collection que nous n'essaierons pas de vous décrire; vous savez que c'est par centaines qu'elle compte les vases, les armes et autres objets de chaque époque; vous avez pu, du reste, en juger, puisque vous m'avez fait l'honneur de venir la visiter.

Si notre travail et le soin que nous avons mis à classer notre collection, obtiennent l'approbation du zélé directeur et des membres si compétents de la Société française d'Archéologie, nous serons amplement payé de nos peines, et ce sera pour nous la plus précieuse des récompenses.

M. le colonel de Sailly, directeur d'artillerie, au sujet de la 16 question: Quelles sont les voies romaines reconnues en tout ou en partie? est amené à parler des hipposandales, et introduit dans la science une opinion nouvelle, en les considérant comme ayant servi non à la ferrure des chevaux, mais bien à enrayer les roues des voitures.

Sur les ferrures dites hipposandales.

I.

Lorsque les immenses plaines ondulées et crayeuses du voisinage immédiat de Châlons disparurent pour quelques semaines, au printemps de 451, sous la plus effroyable tempête de cavaliers qui fut jamais, aucune des ouailles d'Alpinus, le grand évêque, ne s'occupa de m'apprendre si les chevaux de bataille du Patrice d'Occident, doublant leurs étapes à la rencontre du roi des Huns, étaient arrivés, oui ou non, chaussés de cette solea prétendue? sur laquelle les antiquaires de l'Europe raisonnent sans relâche et sans succès avéré.

A quatorze siècles de distance, je prétends réparer cet oubli des Gallo-Romains du terroir, en examinant la chose par le menu, comme archéologue d'instinct ou centaure de profession; et si votre indulgence, Messieurs, ne me fait point défaut, j'espère, dût mon audace s'amortir par l'expression réfléchie de mes convictions personnelles, j'espère, dis-je, que maintes ferrures bizarres, classées jusqu'ici, en vertu de textes anciens que j'examinerai s'il le faut, sous les noms d'hipposandales (íññov suvdálov), bousandales, et même hippopodes (inоmódos) et soleæ, tomberont désormais au rang de sufflamen.

En général, ces sabots ou chaussures se composent : soit d'une semelle pleine, soit d'une semelle percée d'une ouverture plus ou moins elliptique, soit enfin d'un croisillon de barres en fer plat. Des pinçons de hauteurs diverses; deux oreilles latérales, armées, le plus souvent,

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