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Dans les différentes localités où, avec une main d'œuvre convenable, on obtenait ces belles poteries, on ne fabrique plus aujourd'hui que des tuiles ou des poteries grossières. Cependant depuis quelques années, il s'est établi à Boureuiller une faïencerie, mais dont les produits sont assez communs.

La séance est levée à cinq heures.

1re SÉANCE DU MARDI 24 AOUT 1875.

PRÉSIDENCE DE M. DE LAURIÈRE, INSPECTEUR GÉNÉRAL.

Siégent au bureau

MM. de Caix de Saint-Aymour,

le comte de Serres et A. Nicaise.

La séance est ouverte à 9 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

La parole est à M. Perrier, pour donner lecture d'un discours que M. le comte de Mellet adresse du château de Chaltrait, où il est retenu par la maladie.

MESSIEURS,

Au moment où s'ouvre cette nouvelle session du Congrès archéologique de France, je vous demande la permission de jeter un rapide regard, quelque peu empreint pour moi de mélancolie, sur les temps qui ont précédé celui-ci, temps en partie déjà loin de nous, ainsi que sur les hommes éminents auxquels nos chères études doivent leur plus grand lustre, et qui malheureusement ne sont

plus. Dieu les a rappelés à lui; mais nous suivons leur glorieux sillon avec un mélange d'admiration et de regret.

Ne dois-je pas, Messieurs, commencer par nommer notre chef à tous, M. de Caumont, le maître illustre dont les préceptes et les exemples sont présents à toutes les mémoires, et dont les doctrines sur les monuments du moyen âge sont devenues un code contre lequel rien ne viendra prescrire? Pendant trente ans j'ai suivi ses leçons, pendant trente ans j'ai été l'un des témoins de ses travaux multipliés, de son exquise bienveillance et de ses plus aimables qualités. Mon esprit et mon cœur garderont gravé, d'une manière impérissable, le souvenir de leurs rapports avec lui.

Après et avec M. de Caumont je dois nommer, au point de vue qui nous occupe, M. Didron, notre éminent compatriote, si remarquable par ses recherches approfondies sur l'iconographie chrétienne, et dont le courage indomptable pour protéger nos monuments nationaux ne s'est pas ralenti un moment.

Plusieurs grands établissements scientifiques, fondés par lui, subsistent encore, et il était vice-président de la commission d'archéologie départementale fondée par le préfet de la Marne, M. Bourbon de Sarty, de regrettable mémoire. Alors florissait, dans toute la gloire de son éloquence, l'illustre comte de Montalembert, dont je n'ai point oublié la présence et le concours au Congrès archéologique de Troyes, et qui adressait si heureusement à M. de Caumont ce Te saxa loquentur qui a été gravé depuis par la reconnaissance publique sur la médaille frappée en l'honneur du fondateur des Congrès.

Si je me reporte aux divers concours de ce genre qui ont eu lieu dans le département de la Marne, il ne m'est point possible de passer sous silence le prélat illustre, le

grand théologien, le grand cardinal Gousset, fondateur de l'église Saint-Thomas de Reims, qui a bien voulu présider ces assemblées savantes toutes les fois qu'elles se sont tenues dans sa ville métropolitaine. En lui la bonté, la bienveillance la plus expansive égalaient les éminentes vertus. Sa mémoire est toujours chère aux populations rémoises, qu'il bénissait, accueillait et encourageait de son vivant.

La liste serait bien longue, Messieurs, de tous les archéologues d'une grande valeur qui ont disparu de ce monde, si nous la voulions parcourir en détail. Il faut nous borner, et deux noms seulement seront encore rappelés par moi l'un est celui de M. Félix de Verneilh, de l'auteur érudit du livre plein de faits et d'observations sur la cathédrale byzantine de Saint-Front, de Périgueux; archéologue éminent, enlevé par la mort dans toute la force de l'âge et du savoir. L'autre nom est celui de M. le vicomte de Cussy, cet homme à l'âme chevaleresque, au cœur d'une parfaite loyauté, qui fut le compagnon fidèle de M. de Caumont, et qui eut l'honneur de présider le Congrès scientifique de Tours.

Ce sont là, Messieurs, quelques-uns des chefs qui ont dirigé et encouragé, dès le début, la croisade de retour. aux édifices du moyen âge, qui lui ont donné une vive et féconde impulsion, et qui ont été suivi, dans cette carrière, par bien des soldats jaloux de s'associer à ces puissants efforts, de contribuer à remettre en honneur les glorieux legs de nos pères, trop longtemps dédaignés par la postérité.

Je viens, Messieurs, de jeter quelques lauriers sur le souvenir des vaillants hommes qui furent nos maîtres et nos amis. Mais, si je donne de vifs regrets à leur retrait de ce monde, je le fais non-seulement sans décou

ragement, mais avec confiance dans l'avenir. Nous marchons toujours, grâce à Dieu, nous continuons même à courir dans la carrière, et si je suis le témoin des années qui ne sont plus, je le suis aussi de celles qui s'écoulent dans le présent, et je constate les efforts qui se font dans le sens du progrès. Nous ne sommes pas indignes de nos illustres devanciers. Ne voyons-nous pas, de tous les côtés et sur tous les points, les études se poursuivre, les investigations se multiplier? Partout on fouille le sol, on interroge le passé, on scrute les archives, on demande, on cherche la vérité, et de nombreux succès viennent récompenser le labeur.

Pour ceux d'entre vous, Messieurs, qui appartiennent au diocèse de Châlons-sur-Marne, combien doivent-ils se féliciter d'avoir pour père spirituel et premier pasteur, un prince de l'Église qui unit une science profonde aux plus saintes vertus, qui fut une des illustrations de la faculté de théologie de la Sorbonne, et qui fait donner aux élèves de son grand séminaire une forte et scientifique éducation.

Il est, Messieurs, une science nouvelle, qui s'est fait jour depuis un certain nombre d'années, qui va tous les jours augmentant son domaine, et dont il n'était point autrefois question dans les Congrès. Vous avez tous nommé ces études qui embrassent les époques préhistoriques, études pleines d'attrait, mais aussi pleines de périls, si on ne s'y livre pas avec prudence et si on s'abandonne à l'esprit de système, ou aux spéculations que peuvent enfanter des esprits sans contrôle et sans frein. Nous aborderons cette science, Messieurs, nous lui donnerons nos premières séances, nous recueillerons les faits. constatés dans le département de la Marne, nous admirerons l'étendue et la richesse des découvertes et les efforts généreux faits pour les mettre en valeur. Et puis, nous

nous livrerons à l'examen des autres branches de l'archéologie nous continuerons paisiblement à nous initier aux beautés de nos vénérables basiliques, de nos églises de Notre-Dame de Reims, de Notre-Dame de l'Épine, de Saint-Remy de Reims, de Notre-Dame en Vaux de Chàlons et de tant d'autres. Nous entourerons de nos admirations tant et de si illustres témoignages de la foi et du génie de nos pères.

Courage donc, Messieurs; abordons le programme de nos travaux, et cimentons par des études faites en commun, les sentiments de vive sympathie dont sont animés les uns pour les autres les membres de ce Congrès.

M. de Laurière donne ensuite communication d'une étude biographique sur M. de Caumont, due à la plume du chevalier Da Silva, architecte de Sa Majesté le roi de Portugal, membre étranger de la Société française d'Archéologie, dans laquelle l'auteur rend un éclatant hommage à la mémoire et aux importants travaux du fondateur des Congrès. En terminant, M. de Laurière rappelle que la ville de Bayeux, avec le concours de tous les archéologues français, se prépare à élever une statue au plus illustre de ses enfants.

Parmi les ouvrages déposés sur le bureau, il faut signaler: Sépultures gauloises de Marson, texte et album par M. Morel; divers ouvrages de M. l'abbé Boitel; Notice sur la Haute-Mère-Dieu, par M. C. Remy.

L'ordre du jour appelle la discussion sur la 9° question: A-t-on découvert des objets appartenant à l'époque étrusque ou s'en rapprochant? La parole est à M. J. de Baye.

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