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Des télégrammes et des lettres, en témoignage de sympathie, avaient été adressés de la France et de l'étranger au comité d'organisation par un grand nombre de disciples et d'amis du maître dont on fêtait la mémoire, pour les excuser de n'avoir pu se rendre à la solennité. Parmi ces messages, citons une dépêche, reçue par M. Douesnel, de M. le marquis de Chennevières, directeur général des Beaux-Arts, qui, de Bagnères-de-Luchon, envoyait aux habitants de Bayeux son adhésion sympathique pour leur manifestation, et adressait au statuaire Le Harivel-Durocher ses cordiales félicitations. M. G. Villers a lu aussi une lettre par laquelle le savant général comte Menabrea, ambassadeur d'Italie à Londres, s'unissait de cœur et d'esprit à tous les assistants pour honorer la mémoire de celui qui fut son ami. M. de Laurière a communiqué également un télégramme de M. l'abbé Balestra, membre étranger de la Société française d'Archéologie, qui envoyait les applaudissements les plus sympathiques de la Societé archéologique de la province de Come, à l'inauguration de la statue de l'éminent archéologue français.

Nous manquerions à tous nos devoirs si nous omettions de dire qu'une bonne part de tous ces hommages et de cette respectueuse sympathie s'adressait à une personne absente, à Mme de Caumont, dont personne n'ignore la généreuse participation aux œuvres fondées par son mari. Aussi, après la cérémonie d'inauguration, un grand nombre d'assistants se sont empressés de s'inscrire sur une adresse destinée à lui porter le témoignage de leurs sentiments.

Cette journée, qui laissera le souvenir le plus glorieux dans les annales de la ville de Bayeux, s'est terminée par un banquet-offert par l'administration municipale et présidé par M. Niobey, maire. Il réunissait plus de cent cinquante invités ou souscripteurs, parmi lesquels on remarquait, aux places d'honneur, Mgr l'évêque, M. le préfet, M. de la Sicotière, sénateur de l'Orne, M. Pilet des Jardins, député de Bayeux, M. le comte de La Loyère, M. le comte Du Moncel, M. de Glanville, M. Palustre, M. Delmas, sous-préfet, sir John Parker, M. le comte de Toustain et la plupart des notabilités qui assistaient à l'inauguration. Mais on y regrettait l'absence de M. Douesnel, que les fatigues de la journée avaient empêché d'occuper la place qui lui était réservée.

Vers la fin du banquet, des toasts ont été portés d'abord par M. Delmas, sous-préfet, remplaçant M. le préfet, obligé de se retirer avant ce moment, puis par MM. de Glanville, le comte de Toustain, Pilet des Jardins, Niobey, sir John Parker et G. Villers, jaloux d'adresser de nouveaux hommages à la mémoire d'Arcisse de Caumont et de remercier le comité des fêtes et celui de l'érection du monument pour l'œuvre patriotique qui venait de s'accomplir.

La poésie aussi, par les voix de MM. le comte de Pontgibaud, Julien Travers et G. Le Vavasseur, a apporté un brillant tribut d'hommages à cette enthousiaste manifestation. Tous les auditeurs ont surtout applaudi la pièce de vers d'allure humoristique, pleine de verve et d'originalité, lue par son auteur, M. G. Le Vavasseur, qui, en en termes heureusement coulés dans le moule des hémistiches, a su mettre en relief les éminentes qualités de cœur et d'esprit, la modestie et la bienveillance habituelles de notre illustre maitre, l'homme de bien et de savoir par excellence:

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Son cœur, vers le bon pauvre en secret attiré,
Avait joie à répandre un bienfait ignoré...

Son esprit, sans jamais le faire apercevoir,
Faisait discrètement l'aumône du savoir...

On a été heureux également d'applaudir le passage dans lequel l'auteur venge avec succès l'œuvre de M. Le Harivel-Durocher du reproche d'un certain vulgarisme de costume qu'ont pu lui adresser quelques critiques plus superficiels que sérieux.

Honneur, honneur à lui pour avoir respecté
L'air paternel du maître et sa simplicité.

Il n'entre pas dans le cadre que nous nous sommes tracé de parler plus longuement des fêtes et réjouissances des journées qui ont précédé et suivi celle du samedi, le grand jour de l'inauguration. Nous dirons seulement que la cavalcade historique représentant l'entrée de François Ier dans la ville et château de Bayeux, en 1532 (1), le festival

(1) Cette entrée de François Ier a été annoncée le mercredi soir, veille de la cavalcade, sur différents points de la ville, par la lecture du Mandement suivant, faite à son trompe par un hérault d'armes à cheval suivi d'une nombreuse et brillante escorte de cavaliers :

MANDEMENT

du vicomte maire à tous les bourgeois et manants de la ville et banlieue de Bayeux.

Nous Raphaël d'Escrammetot, escuyer, vicomte de Bayeux, à

tous ceulx qui ces lettres verront ou ouyront,

Salut,

Savoir foisons :

Que jeudi 18e jour d'avril 4532, hault et puissant seigneur

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