Château-sur-Epte, et une tour octogone à Gisors. Les tours cylindriques de Conches et de Tournebu sont un peu postérieures. Les donjons ronds des environs de Paris étaient, au reste, assez variés de forme. Celui de Maurepas était cantonné de quatre contre-forts portant des échauguettes; dans celui de Châteaufort, ces contre-forts, de six mètres de large, étaient de véritables tourelles de flanquement; la tour d'Etampes est quadrilobée; celle de Houdan et celle de Gamaches en Ponthieu sont rondes, avec quatre tourelles saillantes également rondes. Ce n'est qu'à partir de Philippe-Auguste que ces formes variées ont été abandonnées, et que toutes les tours ont été construites sur un plan simplement circulaire. Une fois inaître de la Normandie, ce prince construisit des donjons pour tenir en bride les principales villes de cette province. Les grosses tours rondes de seize et de quatorze mètres de diamètre qu'il a élevées à Gisors, à Rouen et à Verneuil, sont fort reconnaissables par la similitude de leurs formes. Il faut peutètre y ajouter les tours de Vernon et de Lillebonne. Qu'il me soit permis, en terminant, de revenir sur une pensée exprimée en commençant. L'étude des châteaux de la Normandie est loin d'être épuisée. Après M. de Caumont, qui a ouvert la voie par ses laborieuses recherches, après d'autres qui l'ont glorieusement suivi, il reste encore beaucoup à faire. La première époque, celle des mottes et des retranchements en terre, est pleine d'obscurités; il n'a paru de travail d'ensemble ni sur la législation féodale des châteaux en Normandie, ni sur le système défensif de la province sous ses anciens ducs; enfin la comparaison des châteaux normands avec ceux qui leur étaient opposés, nous réserve encore bien des observations intéressantes. Je serais heureux si, en vous signalant quelques-unes des lacunes de l'archéologie militaire du moyen âge, j'avais pu vous inspirer le désir de les combler, ne doutant pas que de nouvelles recherches soit sur chaque château en particulier, soit sur l'ensemble des forteresses normandes, n'amènent de nouveaux progrès dans une partie de l'archéologie momentanément un peu délaissée. A la suite de cette intéressante communication, M. l'abbé Lebeurier présente quelques observations. Il croit qu'en dehors des nécessités de la défense, la création des châteaux forts a été la conséquence de l'organisation administrative qui s'est développée sous l'influence de la royauté. Les bailliages et les vicomtés, autour desquels se sont groupés dans chaque ressort les fiefs relevant du roi, ont été bientôt le siége d'autant de places fortes, et il importe d'en tenir compte dans l'examen de la question soumise à la Société. M. le Président donne ensuite lecture de la seconde question: Expliquer les bas-reliefs supérieurs de l'hôtel du Bourgtheroulde, qu'il demande à traiter verbalement, le temps lui ayant manqué pour écrire le mémoire qu'il se proposait de présenter à la réunion (1). Jusqu'ici, dit M. Léon Palustre, l'attention paraît s'être portée d'une manière à peu près exclusive sur les bas-reliefs qui décorent la partie inférieure de l'hôtel du Bourgtheroulde, et qui représentent, comme chacun sait, l'en (1) Ce mémoire paraîtra prochainement en forme de plaquette. Outre les six petits bois empruntés à l'édition de Pétrarque, de 4545, il donnera la reproduction héliographique des quatre basreliefs encore existant à l'hôtel du Bourgtheroulde. trevue de François Ier et de Henri VIII, au camp du Drapd'Or. Les bas-reliefs supérieurs, cependant, méritent aussi un sérieux examen, qu'on ne saurait leur refuser plus longtemps. E. de la Quérière, dans sa Description des maisons de Rouen, t. I, p. 185, désigne par ces mots les six panneaux successifs auxquels nous faisons allusion : « Basreliefs symboliques et mystiques d'une très-belle exécution. » Plus loin, p. 197, il se demande s'ils ne représentent pas les principales scènes de la réception et de l'entrée de François II dans Rouen. Le second volume (p. 215) contient une description plus détaillée des mêmes sujets, mais l'explication fait toujours défaut. Il était réservé à M. Palustre de révéler le sens caché de ces magnifiques sculptures, et voici comment le hasard l'a servi dans cette circonstance. Armé d'une puissante lorgnette, il examinait, l'an passé, le quatrième bas-relief, en commençant par la gauche, lorsque ses regards tombèrent sur cette courte inscription: Fama vincit mortem. Engagé par ce début, il parvint à lire aussi, très-distinctement, sur le panneau suivant : Tempus vincit..... Il n'en fallut pas davantage pour le mettre sur la voie d'une solution longtemps cherchée, et il se souvint immédiatement de l'influence exercée en France, au xvi° siècle, sur les arts, par certaines poésies italiennes, particulièrement par les six livres des Triomphes de Pétrarque, dont toute l'économie se résume dans ces quelques mots : Amor vincit mundum, Pudicitia vincit amorem, Mors vincit pudicitiam, - Fama vincit mortem, - Tempus vincit famат, — Divinitas seu eternitas omnia vincit. Après avoir triomphé de l'homme dans sa jeunesse, l'amour, suivant Pétrarque, est subjugué à l'âge mur par la raison, que le poëte nous dépeint sous le nom de Chasteté. Puis vient la mort qui anéantit tout notre être, en sorte qu'il ne resterait rien de nous si la renommée ne sauvait notre nom de l'oubli. Mais le temps lui-même dévore les plus grands souvenirs, et tout disparaît devant l'éternité de Dieu, en qui seul est notre dernière espérance. La vérité, qui n'était encore que soupçonnée, acquit bientôt pour M. Palustre un haut degré de certitude, lorsque ouvrant une édition de Pétrarque, publiée à Venise par Gabriel Giolitto, en 1545, il aperçut, en tête de chacun des livres des Triomphes, un petit bois finement exécuté, qui était la reproduction de ce qu'il avait remarqué à l'hôtel du Bourgtheroude. M. Palustre fait passer ce curieux volume sous les yeux des membres de la Société, et la similitude des bas-reliefs et des gravures excite vivement la curiosité de tous. Ces vieilles gravures présentent d'autant plus d'intérêt qu'elles permettraient même, au besoin, la restitution des deux premiers bas-reliefs de l'hôtel de Bourgtheroude, qui sont presque entièrement frustes aujourd'hui. Des remerciements très-vifs sont adressés, au nom de la Société, par M. de Glanville, à M. Léon Palustre, pour cette intéressante communication. Lecture est ensuite donnée de la quatrième question ainsi conçue: Rechercher le véritable auteur des vitraux de Saint-Vincent de Rouen, sur laquelle M. Léon Palustre demande à faire quelques observations. Il a été depuis longtemps frappé, dit-il, de la ressemblance qui existe entre certains vitraux de Saint-Étienne, de Beauvais, et ceux de Saint-Vincent, de Rouen, et il croit pouvoir attribuer les uns et les autres aux mêmes artistes. La publication d'une intéressante monographie (L'Église de Saint-Vincent, de Rouen, par Paul Baudry. Description des vitraux. Rouen, Métérie, 1875), due à la plume exercée de l'un de ses collègues présents dans cette enceinte, n'a fait que le confirmer dans cette opinion. A la page 93 (description du vitrail de Saint-Jean-Baptiste), nous lisons en effet : « Des tillets disposés en avant et sur le côté de la salle du festin, à l'extérieur, offrent le millésime 1525, entre deux monogrammes que nous croyons ètre l'un L. P., l'autre E. L. P., et qui pourraient appartenir à la famille Le Pot, dont plusieurs représentants se distinguèrent à Beauvais, au xvIe siècle, comme peintres verriers, et dont l'un, Jean Lepot, mourut en 1563. Ces monogrammes se rapporteraient au nom de JEHAN LEPR... que porte la verrière allégorique. » Et plus loin, page 104 (Vitrail des Œuvres de Miséricorde): « Sur les deux arcades, séparées par un pilastre arabesque, on a découvert les initiales I. L. P. et E. L. P., qui paraissent être les mêmes que celles inscrites sur la verrière de SaintJean-Baptiste. » La description de M. Paul Baudry est très-exacte, seulement M. Léon Palustre ne saurait admettre, en aucune manière son interprétation. Il comprendrait, à la rigueur, que le monogramme I. L. P. puisse être traduit par Jean Le Pot, mais cette explication, néanmoins, se trouve en contradiction flagrante avec l'inscription du vitrail allégorique qui porte en toutes lettres JEHAN LEPR... et qui, pour tout connaisseur, est évidemment de la même main. De plus, elle ne donne aucunement le sens de cet autre monogramme E. L. P., qui est partout accolé au premier. « Voici pour la lettre, si je puis m'exprimer ainsi, dit M. Palustre, mais il resterait encore à prouver que Jean Le Pot ait jamais été un peintre verrier, ce qui est fort contestable. Dans sa Notice sur Saint |