Page images
PDF
EPUB

tien, de prendre des dispositions immédiates, pour nous conserver ces monuments, si vous ne voulez qu'un jour, de plus en plus délabrés, ils n'aillent rejoindre la vierge du Breuil et le lustre de Mareuil, dans le cabinet d'un amateur.

M. l'abbé Balestra, ayant rappelé de quelle importance peuvent être les fouilles faites en Italie, fait au Congrès la proposition suivante, qui est prise en considération :

« Le Congrès prie M. le chevalier Gabriel Castellini de vouloir bien continuer les fouilles qu'il a entreprises dans sa propriété dite Macerie della morte. »

Comme aucune communication ne reste plus à faire. M. Émile Perrier, secrétaire du Congrès, proclame la liste des récompenses.

MM.

Médailles d'argent.

Joseph de Baye (médaille à l'effigie de M. de Caumont); Morel, id.;

Auguste Nicaise, président de la Société d'agricul ture;

Buhot de Kersers, à Bourges, pour sa Statistique monumentale du département du Cher.

MM.

Médailles de bronze.

L'abbé Chapiteau, curé de Saint-Loup, à Châlons, pour la bonne restauration de son église.

« Cette médaille de bronze, dit le lauréat, en la recevant, sera d'or dans mes mains. »

Auguste Denis, pour ses recherches en numismatique. Pestre, architecte à Vitry-le-Français, pour ses travaux archéologiques.

Leblan, architecte à Reims, pour ses dessins d'architecture.

Avant de prononcer la clôture du Congrès, M. de Cougny remercie chaleureusement tous les membres présents du sympathique et bienveillant concours qu'ils n'ont cessé de lui prêter durant tout le cours de la session, et dont il a été profondément touché. Il remercie ensuite la ville de Châlons de la généreuse hospitalité qu'elle a offerte au Congrès. Mais il a le regret d'annoncer qu'un conflit administratif, où se sont trouvés engagés, lui semblait-il, et sa dignité personnelle et les devoirs de la charge qui lui a été confiée par M. de Caumont, l'a mis dans la pénible nécessité de donner sa démission de directeur, en même temps que de membre de la Société française d'Archéologie.

La séance est levée à 4 heures 50 minutes.

DE NOTRE-DAME DE MONTIERS

EN ARGONNE

PAR M. CH. REMY

AVANT-PROPOS

I.

L'abbaye de Montiers en Argonne n'a obtenu, que nous sachions, en ce qui concerne son histoire, ni dans les siècles passés ni depuis sa destruction en 1792, autre chose que quelques courtes mentions, et encore la plupart erronnées, dans les ouvrages qui traitent spécialement de la Champagne.

Il nous a donc fallu recourir aux titres originaux qui sont déposés aux archives départementales, et dont le fonds est assez complet, grâce à la précaution prise par les administrateurs du district de Vitry-le-François, qui se sont fait livrer en temps utile tout ce qui a été trouvé en cette abbaye lors de sa suppression; les dépôts particuliers nous ont aussi fourni quelques documents intéressants.

Quelle a été l'importance de cette maison au point de vue de la splendeur religieuse ou de l'éclat des lettres? Il n'entre pas dans notre pensée de lui composer, sans preuves, une auréole; c'est plutôt au point de vue des bienfaits qu'en a retirés la contrée environnante sous

le rapport de l'agriculture et du bien-être, que nous comptons étudier son histoire dans le cours des six siècles de son existence.

Nous n'avons point à plaider la cause de l'utilité des moines au moyen âge, cette démonstration est déjà faite par de plus autorisés que nous. Nous n'avons pas non plus à donner les raisons de leur institution, à esquisser leurs rapports avec la société civile et religieuse; s'ils furent les piliers de l'Église catholique, ils furent aussi les conservateurs des sciences, des lettres et des arts, et la civilisation leur est redevable de bien des éléments qui eussent sombré sans eux dans les invasions des Barbares et dans les guerres intestines.

Amateur de ce qui se rapporte à l'histoire du département de la Marne, et, dans un cercle plus restreint, des lieux où nous avons passé nos jeunes années, nous aimons à rechercher l'influence que ce monastère a exercée sur le pays.

Dans nos précédentes recherches nous avons constaté de nombreuses relations entre les seigneurs de Charmont et de Possesse et l'abbaye de Montiers; aussi avons-nous eu l'idée de rassembler les documents relatifs à ce monastère. Nous avons trouvé, outre le cartulaire, plus de cinq cents titres relatifs, pour la plupart, à la propriété territoriale, tels que donations, confirmations, reconnaissances, acquisitions, bulles des papes, inventaires, baux, mémoires, pièces de procédure, etc., du XIIe au XVIIIe siècle, dont nous avons essayé de tirer quelques notes historiques.

Le cadre d'une simple étude ne nous permet pas de donner à ce travail les développements qu'il comporte; nous nous contenterons donc de suivre la marche des principaux événements, en réservant pour les pièces justifica

tives les sommaires des titres qui sont passés entre nos

mains.

Quant à la liste des abbés nous la donnerons d'après le Gallia christiana, tout en nous aidant, pour certaines rectifications, des documents entre nos mains.

L'agriculture et tout ce qui s'y rattache ont fait, grâce aux religieux, des progrès inconnus avant eux : que de défrichements de forêts, que de mises en valeur de terres incultes !

On peut suivre sur les titres de l'abbaye la fondation, sous le nom de granges, de la plupart des fermes, des domaines et même des hameaux et des villages encore existants ou dont les noms se retrouvent sur le plan cadastral des communes, ou dans les anciens terriers.

Les seigneurs, quoique puissants alors et quelquefois oppresseurs, ne pouvaient tirer de leurs domaines qu'un revenu insuffisant: la guerre était leur principale occupation.

A l'époque des croisades, un grand mouvement est imprimé aux maîtres du sol comme à leurs serfs. Après le départ des uns et des autres, quel fruit produira la terre? qui cultivera le sol? qui défrichera ces immenses forêts?

Les seigneurs ont vu le péril, ils ont aussi vu le remède.

Quelques communes ont déjà acheté plutôt que reçu gratuitement leur affranchissement; les Neuves Villes (novæ villa) surgissent en masse à cette époque; des chartes leur ont été concédées au prix d'une redevance paraissant faible pour chacun des habitants, mais rapportant, en résumé, aux seigneurs, plus de revenus qu'ils n'en avaient jamais tiré du travail inintelligent de leurs serfs.

« PreviousContinue »