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tout en fleurs de lis, en lions marchant à droite ou à gauche, dont la queue palmée est ramenée au-dessus du corps. Un carreau, particulièrement intéressant, représente une femme tenant dans chaque main un étendard. Comment faut-il interpréter ce carreau ? Les renseignements nous manquent. Une autre porte, deux tours et deux fleurs de lis. C'était les marques distinctives adoptées par Blanche de Chastille.

Lachy appartenait aux comtes de Champagne. On y a trouvé un petit écu en cuivre portant les armes des Brienne.

Montmirail.

Montmirail a donné un nombre très-considérable de carreaux ornés de sujets variés. Les uns portent des cerfs, des lièvres ou lapins, d'autres des coqs et des poules avec leurs poussins. Les échiquiers sont aussi nombreux. Certains modèles forment un ensemble complet avec quatre carreaux. Un grand nombre est armorié. Ils n'ont pu être tous étudiés jusqu'à présent. Il y a lieu de croire que plusieurs appartiennent à la famille de Vendôme. Il en est parmi eux qui portent une alliance de cette famille avec les Luxembourg.

L'étude des carreaux offre de grandes difficultés, car le potier qui les confectionnait, oubliait que le moule retourné altérait la disposition du dessin, de sorte que souvent une barre devient une bande et que la partie qui devrait être à droite se trouve à gauche.

Chantemerle.

Le village de Chantemerle possédait une abbaye où il a

été trouvé un grand nombre de carreaux. Un seul se trouve dans ma collection, mais il mérite d'être cité. Il porte un nom de potier :

MUSA, MUSART.

Il semble le plus ancien de la collection. Certains archéologues le font remonter au XIIe siècle. Il pourrait, en effet, appartenir à la fin de cette époque.

Saint-Gond.

Dix-huit carreaux proviennent de cette ancienne abbaye. Ils diffèrent de ceux dont nous venons de parler par le genre et la fabrication. Ils appartiennent probablement au xnre siècle. Il est certain qu'en remuant le sol on peut en trouver un nombre considérable, de plusieurs époques, car Saint-Gond, fondé à l'époque mérovingienne, a été plusieurs fois détruit et garde encore les traces de différentes époques. On y remarque, entre autres choses, une entrée du XIe siècle digne d'être conservée. Il y existe aussi des substructions très-considérables.

Parmi les carreaux de Saint-Gond, plusieurs portent des fleurs de lis, des animaux fantastiques ornés de fleurs de lis. Certains carreaux font partie d'un ensemble où seize de ces carreaux forment un dessin complet. Nous remarquons aussi des oiseaux becquetant l'épi de blé, mais le dessin est beaucoup plus grossier qu'à Viennele-Château.

Orbais.

Ces carreaux proviennent de l'ancienne abbaye d'Or

bais. Ils sont d'une excellente fabrication, plus soignée que celle des autres localités. Les carreaux de l'église de Fromentières paraissent avoir la même origine.

Parmi les dessins, nous remarquons des fleurs de lis d'un très-beau style, des têtes grimaçantes qui paraissent des caricatures, des chardons dont le dessin est remar quable et l'ornementation riche. On voit aussi un chevalier monté, armé et brandissant une pique. On y trouvait aussi la représentation d'une chasse. Dans certains carreaux la couleur et le verni rouge sont remplacés par le noir; cette particularité est propre aux carreaux de Fromentières et d'Orbais. Comme nous l'avons déjà dit, les carreaux de ces deux localités peuvent être considérés comme de la même fabrication. On peut les regarder comme du XIIIe siècle.

L'abbaye d'Orbais avait des carreaux armoriés en grand nombre. Ils répètent particulièrement deux armoiries. La première est jusqu'à ce moment restée sans détermination. La seconde porte l'écu de Louis de Bourbon, duc de Vendôme, premier abbé commendataire de l'abbaye d'Orbais (1520-1525). Il portait : « De Bourbon, le bâton de gueules chargé de trois lions d'argent. »

Baye.

Quarante carreaux proviennent du château de Baye. Ils appartiennent au XIIIe siècle. Certaines combinaisons de dessin forment un ensemble composé d'un grand nombre de carreaux. Parmi les sujets, on remarque des oiseaux becquetant un épi de blé. On voit également un évêque assis, la crosse à la main et la mître sur la tète. A sa gauche se trouve une fleur de lis. Ces carreaux proviennent vraisemblablement de la chapelle du château,

construite au commencement du XIIIe siècle sur le lieu où est né saint Alpin, évêque de Châlons.

Parmi les autres sujets, un ange thuriféraire est digne de mention.

Les carreaux armoriés présentent plusieurs armoiries différentes. La forme des écus semble se rapporter au XIIIe siècle. Pour le moment, l'écu portant des merlettes ne saurait être attribué certainement à une famille. Les deux autres, au contraire, peuvent être interprétés d'une manière certaine. Le premier porte les armoiries des Joinville D'azur à trois broyes d'or deux et un, au chef d'argent chargé d'un lion issant de gueules. » Le second est orné des armoiries des Brienne: « D'azur à un lion d'or semé de billettes de même. »

Il convient d'ajouter, pour donner plus d'autorité à cette interprétation concernant les deux carreaux que Félicité de Brienne, fille d'Erard, comte de Brienne, se maria:

1° En 1110, à Simon Ier du nom, seigneur de Broyes et de Beaufort, avec lequel elle fonda un monastère à Andecies, près Baye, où ils mirent des religieuses tirées de l'abbaye de Juilly;

2° A Jeoffroy III du nom, dit le Vieil et le Gros, sire de Joinville, sénéchal de Champagne, fils de Roger de Joigny, sire de Joinville et d'Aldéard de Vignory.

Il n'y a donc pas lieu de s'étonner de trouver ces deux armoiries à Baye. Cependant, si cette alliance remonte au commencement du XIIe siècle, il reste à expliquer comment les armoiries s'y trouvent reproduites lorsqu'à cette époque, selon l'opinion de beaucoup d'archéologues, les armoiries n'étaient pas encore fixées.

M. Emile Perrier donne ensuite lecture de deux notes de M. Remy.

25o question:

Signaler les anciennes cloches des églises du département.

L'église de Vernancourt, canton d'Heiltz-le-Maurupt, possède une cloche du poids d'environ quatre cents kilogrammes qui porte le millésime de 1553.

Elle eut pour parrain Pierre Vannetet, propriétaire du pays, puisqu'il a laissé son nom à une contrée voisine du village, et pour marraine Anne de Stainville, fille de Louis de Stainville, maréchal du Barrois, qui avait épousé Jean de Savigny, seigneur de Laimont, Vernancourt et autres lieux.

Les Stainville portaient : « D'or à la croix ancrée de gueules. >>

Les Savigny avaient pour armoiries : « D'or au lion de sable à fasce barbue. »

L'inscription ne comprend pas d'autre énonciation que la date, le millésime et le nom du parrain et de la marraine; et au-dessus un Christ en croix.

En 1748 on signalait une seconde cloche qui était peutêtre de l'âge de sa sœur, mais elle était fêlée, et Mgr de Choiseul, évêque de Châlons, en ordonna la refonte.

Celle qui lui succéda fut descendue et brisée à la Révolution.

Il est heureux qu'on se soit adressé à la nouvelle cloche qui était sans doute la plus forte; il nous reste une cloche qui, si elle n'est pas grosse, est au moins d'un âge respectable.

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