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Margerie sous le nom de bras de saint Blaise. Il se trouve en ce moment à l'évêché. Les religieux de Margerie, de l'ordre de Cluny, le possédaient avant la révolution. M. l'abbé Deschamps, vicaire général, en a fait l'ouverture et y a trouvé, dans un loculus en bronze, un petit os provenant d'une main; le loculus porte gravée une inscription en caractères grecs du moyen âge. D'après cet indice, on peut supposer que la relique a été rapportée d'Orient par un seigneur croisé. Voici le texte de l'inscription tel qu'il a été lu par le savant helléniste, M. Miller (de l'Institut):

Λειψάνου τῆς αγίας μάρτυρος Μάρης.

(Mápas, abréviation de Mupivñs): « Relique de la sainte martyre Marine. » Marine et Marguerite sont deux noms de la même sainte. M. l'abbé Balestra observe que Mápñs peut être aussi bien l'abréviation de Mápyapitñs. Des savants, consultés par M. l'abbé Deschamps, ont été d'avis que le reliquaire lui-même était d'origine byzantine.

M. Denis parle d'un autre reliquaire en forme de bras, qui existe à l'église cathédrale de Langres.

M. l'abbé Lucot connait également à l'église cathédrale de Langres une relique insigne, venue de l'Orient, en 1207; c'est le chef du saint martyr Mammès. Il est entouré d'un bandeau d'argent sur lequel on lit l'inscription :

Αγιος Μάμας.

M. Denis exprime le vœu que les pierres tombales de l'église de Saint-Memmie soient conservées lors de sa prochaine reconstruction.

Le Congrès s'associe à ce vœu.

M. Nicaise signale un retable du xv° siècle, dont il possède un fragment qui a excité l'admiration des connaisseurs. Ce retable en pierre avait été doré. Il figurait une suite d'arcatures sous lesquelles étaient représentées des scènes de la Passion du Christ.

Ces arcatures s'étaient formées d'élégants enroulements de branches et de feuilles de vignes habilement découpées au milieu desquelles grimpent de petits personnages dont le costume, à défaut du style du retable, suffirait à dater le monument. Cette œuvre paraît émaner du ciseau qui a sculpté les nombreux détails de notre admirable église de Lépine, et il montre que ces artistes ouvriers savaient aussi bien plier la pierre que le bois aux caprices de leur imagination. D'autres fragments du même retable sont entre les mains de différentes personnes.

M. l'abbé Balestra donne la description d'une immense fresque de Bernardino Luini, dans l'église degli Angeli, à Lugano. Cette église est coupée en deux parties par une grande cloison qui va du haut en bas de l'édifice et qui sépare le chœur de la nef. Les fidèles suivent les cérémonies à travers trois arcades percées dans cette cloison. C'est au-dessus de ces trois arcades et dans la partie la plus haute de la cloison que se trouve la fresque de Luini. La disposition de la scène, les types des personnages, et principalement celui du centurion, présentent la plus frappante analogie avec ceux du retable de Mareuil-en-Brie. L'on peut voir là une preuve de l'unité des traditions chrétiennes, même dans le domaine des choses purement artistiques, dans des contrées fort différentes.

M. l'abbé Lucot revient sur le retable de Coligny dont il a été question dans la deuxième séance du 25 août. L'on a signalé la délicatesse des sculptures; mais l'attention n'a été appelée que sur les sujets principaux dans

la description très-intéressante qui nous en a été donnée. Il serait utile de faire remarquer la série des petits sujets disposés autour de l'ogive qui encadre la grande scène du crucifiement; ces petits sujets représentent les sept sacrements par lesquels nous recevons les grâces dont la mort de Jésus-Christ est la source. Dans la plupart de ces scènes, le sacrement est administré par un évêque.

M. Palustre demande ce qu'est devenu un retable d'argent donné au XIIIe siècle à l'église de Saint-Memmie, d'après l'inscription qui se lit autour de la pierre tombale de l'abbé Robert, décédé en 1223. Il serait bon, dit-il, de rechercher à quelle époque a disparu une œuvre d'art aussi remarquable, qui a dû laisser quelque souvenir dans le pays.

M. Joseph de Baye a la parole sur la 28° question (carrelages émaillés).

Carreaux émaillés.

Les carrelages émaillés étant l'objet d'une mention dans le programme, je vous signalerai ceux qui se trouvent dans ma naissante collection, exclusivement composée de produits champenois.

Champaubert.

Soixante carreaux proviennent de Champaubert. Ils appartiennent à deux fabrications distinctes. Les plus remarquables sont ornés de personnages grimaçants, qui paraissent être des bouffons ou des fous. D'autres représentent un cerf et des animaux fantastiques. On

voit aussi une tête d'homme et une tête de femme de profil, enfin la représentation du soleil.

Les carreaux armoriés portent l'écu de France. Deux autres portent les armes de la famille des Hangest, seigneurs de Montmort. Le premier, écusson d'homme, portant les armoiries des Hangest avec le lambel. Cet écu est d'un style plus ancien comme dessin que les carreaux qui se trouvent encore au château de Montmort. Louis de Hangest, auteur de la branche des seigneurs de Montmort et de Moyencourt, portait le lambel, car il avait deux frères.

Le second, écusson de femme, portant accolées les armes des Hangest et d'autres armes avec un burelć.

Au XVIe siècle, Louise de Hangest, dame d'Arzilhières, Dampierre, Blaise, Hauteville, Landricourt, épousa Jacques de Grandpré, seigneur de Hans qui portait : « burelé d'or et de gueules» et comme cadet des GrandPré, il pouvait briser d'un cotice. Cette explication proposée n'est pas d'une certitude absolue.

Montmort.

Sept carreaux viennent du château de Montmort. Six de ces carreaux portent en losange les armes des Hangest « D'argent à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'or.» Ces carreaux sont de la Renaissance, d'un dessin correct et soigné. Ce sont les armoiries de Jeanne. de Hangest, fille unique de Joachim de Hangest, tué en 1536, et héritière de sa fortune et de ses titres. C'est elle qui, veuve de Maillé de Brézé et de Claude Daguerre, fit construire de 1577 à 1580 le château de Montmort tel qu'il existe aujourd'hui.

La seigneurie de Montmort passa vers l'an 1492 à la

famille de Hangest. On voit encore dans l'église de Monmort la sépulture de cette famille.

Le septième carreau de Montmort est orné des lettres C et L. C'est le monogramme du maréchal de Créqui. Ce carreau est du XVIIe siècle.

Vienne-le-Château.

La collection des carreaux provenant de Vienne-le-Château se compose de soixante-douze spécimens. Plusieurs représentent des oiseaux becquetant un épi de blé. Cette figure allégorique se trouve souvent dans le carrelage des églises. Le dessin complet de ces sortes de carreaux se complète par un ensemble de quatre.

Plusieurs de ces carreaux portent des noms de potier :

COLINS ME FIST.

DE HAINAUT.

et d'autres noms illisibles, le temps ayant altéré les lettres. D'autres carreaux de la même localité sont ornés de chevaliers montés et en armes, portant l'écu à la main et tournoyant. On remarque aussi un cerf qui faisait probablement partie d'une chasse. Enfin un de ces carreaux est orné d'un semis de fleurs de lis.

Lachy.

Quarante carreaux proviennent de la chapelle de l'ancien château de Lachy. Il ne reste plus de cet ancien château fort, que des ruines. La chapelle a conservé encore quelques murs et des ouvertures qui accusent le XIII siècle.

L'ornementation des carreaux de Lachy consiste sur

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