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donnent les enduits coloriés qui couvrent une partie de la surface comprise entre la pénétration des voûtes et la corniche actuelle.

Ces murs des bras de croix ont aussi été construits à deux reprises différentes, comme ceux de la grande nef; la partie inférieure est faite de petits moellons carrés, taillés, posés avec régularité, tandis que la partie haute est construite de blocaille non taillée, non réglée dans sa pose.

Il y a donc aussi surélévation; mais cette surélévation est dans une proportion bien plus grande que celle analogue de la nef. Cela s'explique.

Si, lors du mouvement qui s'est opéré après l'an 1000, un progrès s'est accompli dans l'art de construire, les maîtres ès-œuvres abordaient les difficultés résultant de la pénétration d'un comble dans un autre, tandis qu'avant l'an 1000 ils l'évitaient, en adossant dans toute leur hauteur les parties secondaires contre la partie principale.

D'où le Saint-Remi de 1049 offrait, comme aspect général, un grand corps recouvert d'un comble dans lequel venaient aboutir en pénétration ceux un peu moins élevés des bras de croix.

Tandis que dans le Saint-Remi primitif, un même grand corps en étendue, mais moins élevé, puisqu'il s'arrétait à la démarcation produite par la surélévation, était couvert d'un comble continu sans qu'il y eût pénétration aucune, les combles des bras de croix venant s'adosser au corps principal, en contre-bas des corniches.

D'où il résultait que la différence de niveau entre les corniches du corps de l'église et celles des bras de croix du Saint-Remi de 1049 était moins grande que celle corpondante du Saint-Remi primitif.

Ce qui est encore expliqué par la différence qui existe

entre la hauteur à laquelle sont placées les fenêtres pleincintre de la grande nef, d'avec celles correspondantes des bras de croix, dont le tracé seul se voit aujourd'hui, noyées qu'elles sont dans les modifications de 1170.

De l'examen de ce qui précède, il ressort clairement que nous avons dans Saint-Remi trois édifications, différentes de programme, de style et d'époque.

Le Saint-Remi actuel doit, en leur entier, à Pierre de Celles (1170), l'abside, les deux premières travées de la nef, ainsi que toutes les voûtes et le revêtement général de toutes les autres parties.

Le Saint-Remi antérieur doit de même, en leur entier, à Thierry et à Hincmar (1041 à 1049), le clocher sud, la petite chapelle adossée au côté midi du bras sud de la croix, la surélévation des murs de la grande nef, celle des bras de croix, ainsi que les arcatures qui ornent les arcs des galeries supérieures.

Il reste donc à connaitre l'époque où furent édifiés les murs de la grande nef et ceux des bras de croix jusqu'à la naissance de leur surélévation.

Nous ne pouvons leur assigner une date certaine; mais l'examen des éléments de moulures et de sculptures qu'ils comportent nous fait sûrement apprécier qu'ils sont antérieurs à l'an 1000.

En effet, si l'on compare ces éléments à ceux connus, classés, et dont la date est certaine, on ne peut douter que l'on n'est en présence d'un monument d'art non classé, sans équivalent connu, et par conséquent de date bien antérieure à l'an 1000.

Et comme point de comparaison, nous nous contentcrons de désigner les moulures et les sculptures de l'église de Montier-en-Der, qui fut érigée de 992 à 998, époque de la consécration, faite par l'évêque Guybinus.

XLII SESSION.

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Notons que cette église de Montier-en-Der était fille de l'abbatiale de Saint-Remi de Reims, et qu'elle a dû être élevée d'après les principes adoptés par les religieux bénédictins.

Eh bien les chapiteaux qui appartiennent à cette époque déjà bien ancienne de 992, sont romans de caractère. Ils sont surmontés d'un tailloir, tandis que ceux de Saint-Remi sont seulement recouverts d'un abaque.

Aux bases des colonnes de Montier-en-Der, l'on voit la griffe apparaitre; à Saint-Remi, il y a absence de ce signe caractéristique.

Et enfin, si l'on examine attentivement la sculpture de Saint-Remi, des chapiteaux, on sent bien que l'on se rapproche de l'art romain, ce qui nous confirme dans la pensée que nous avons dans le Saint-Remi de 1049, une église antérieure qui appartient peut-être à l'an 852, époque où Hincmar fit exécuter d'importants travaux.

1re SÉANCE DU 28 AOUT.

PRÉSIDENCE DE M. ÉMILE PERRIER.

:

Siégent au bureau MM. l'abbé Balestra, de Mellet et Givelet.

M. Paul Royer-Collard remplit les fonctions de secrétaire.

M. Counhaye dépose sur le bureau une fresque qu'il a trouvée en faisant des fouilles au lieu dit le Beau-Camp,

territoire de Suippes. Ce fragment, de forme irrégulière, mesure environ 37 centimètres de hauteur sur 32 de largeur, il représente une bacchante tenant une coupe et un thyrse; il paraît provenir d'une ancienne villa romaine. La discussion est ouverte sur les questions 24, 26 et 27.

Signaler les anciennes verrières, les objets mobiliers remarquables, les retables, statues, tableaux, etc.

M. l'abbé Lucot signale, dans l'église cathédrale de Châlons, quelques fragments de vitraux qui lui paraissent remonter au XIIe siècle. Ils se trouvent placés dans le collatéral sud, dans les deux premières fenêtres à partir du transept.

M. Palustre pense que les vitraux du chœur de la cathédrale ne sont pas antérieurs au milieu du XIIIe siècle. Les plus beaux vitraux de Châlons, notamment ceux de Saint-Alpin, sont du xvi.

M. l'abbé Lucot signale encore, d'après M. l'abbé Champenois, certains vitraux de l'église Notre-Dame comme remontant au XIIe siècle, à une époque antérieure à la destruction de l'église (1157). Ils représentent la Nativité de Notre-Seigneur, l'Adoration des Mages, la Fuite en Égypte, en six médaillons circulaires qui ont été entourés par M. Didron d'un encadrement de style moyen âge. On peut voir ces vitraux au fond de la chapelle placée immédiatement avant celle de Saint-Joseph.

M. l'abbé Balestra rend compte de l'examen qu'il a fait des vitraux de l'église Saint-Abundio, à Cosme. Dans la partie inférieure des fenêtres du chœur, il a trouvé, sous la protection des toiles d'araignées, des vitraux qui

remontent évidemment au XIIe siècle. Ces vitraux be représentent aucun sujet; les uns présentent une teinte verte comme les verres à bouteilles; les autres sont colorés de fortes belles teintes bleues, jaunes et rouges, marmorisées par l'effet du temps. Leur surface est légèrement ondulée. Ils sont d'une grande épaisseur, taillés grossièrement sans le secours du diamant, et enchâssés dans de fortes mailles de plomb.

M. Joseph de Baye signale les émaux de l'église dù Gault. Ils remontent à la fin du XIIo ou au commencement du XIIIe siècle et ils ornaient probablement un évangéliaire. Ils ont été enchâssés dans la boiserie du tabernacle, et l'un d'eux a été malheureusement entaillé pour faire place à une charnière.

M. Palustre décrit deux reliquaires en forme de bras, de la première moitié du XIIIe siècle, enrichis de losanges et de fleurs de lis au repoussé, qu'il a examinés la semaine dernière dans l'église d'Oyes, en compagnie de M. Joseph de Baye.

M. Nicaise a rencontré aussi, dans la sacristie de l'église de Margerie, un reliquaire en forme de bras. Ce reliquaire est en bois de chêne, revêtu d'une feuille d'argent battu au marteau. Au milieu et à la partie interne du bras, se trouve une ouverture en forme de carré long, recouverte d'un verre enchâssé dans une armature métallique; par cette ouverture, on aperçoit les reliques. La feuille d'argent qui revêt le reliquaire est fixée par des clous à têtes rondes, ornés de pierres précieuses en forme de cabochons. La plupart de ces pierres ont disparu. Sur la feuille d'argent sont gravés à la pointe des ornements qui caractérisent bien la fin du XIIe siècle, et qui concourent à l'intérêt de l'ensemble du reliquaire.

M. l'abbé Lucot dit que ce reliquaire était connu à

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