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Étudier la résidence royale de Ponthion en Perthois, son origine, son importance sous les deux premières races.

M. Pestre, architecte à Vitry-le-François, expose qu'il a levé un plan de ce qu'il suppose être l'emplacement de l'ancienne résidence de Ponthion. Il ne reste rien de cet édifice; la charrue a passé sur son emplacement. Il importe de chercher souterrainement les preuves de l'existence et de la dimension des constructions qui ont pu s'élever autrefois en ce lieu.

L'ancienne motte, au lieu dit le Château, a fourni la preuve de substructions importantes. Une première enceinte a été ainsi découverte, puis un mur, au-dessus duquel M. Pestre a rencontré une salle rectangulaire souterraine dont la voûte d'ailleurs n'a pas résisté aux coups de pioche. Quelques débris de poteries romaines ont été trouvés, ainsi que le fer d'une flèche.

Il y a une quinzaine d'années, une sépulture de l'époque mérovingienne a été rencontrée au même endroit ; cette découverte due au hasard n'a donné d'ailleurs aucun résultat.

M. Royer-Collard a la parole. Il lit un très-long rapport entrepris afin d'établir, d'après les témoignages des anciens historiens et d'après les chartes de l'époque carlovingienne, que la résidence royale de Ponthion, dont certains commentateurs ont contesté la situation en Perthois, était bien située au même lieu que la commune qui porte

encore aujourd'hui ce nom dans le département de la Marne.

Il relève notamment :

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Deux passages de Grégoire de Tours sur la captivité de Théodebert, fils de Chilpéric ler, et sur la captivité de saint Louvent; les assises tenues par Thierry IV en 726; la visite du pape Étienne III à Pépin le Bref, le 6 janvier 754, visite racontée tout au long par Anastase le Bibliothécaire, témoin de cette entrevue; la charte donnée à Ponthion pour l'église d'Argenteuil, par le roi Carloman (dom Bouquet, tome V, page 119); le séjour de Charles le Chauve en plusieurs occasions, séjour attesté par de nombreuses chartes qu'on trouve dans D. Bouquet; - le passage de Louis le Germanique, venant d'Alsace et allant à Châlons et à Sens, en 858 (annales de saint Bertin); - divers passages de Charles le Chauve, de Louis le Bègue, de Charles le Gros; le concile de Ponthion, tenu le 21 janvier 876; la donation de la terre de Ponthion par le roi Charles le Simple à la reine Frederenne, en 907, et la confirmation du legs fait par cette reine à l'abbaye de Compiègne, en 917, de cette même terre de Ponthion (D. Bouquet, tome IX).

(La première des chartes rappelées par M. Royer-Collard mentionne la situation de Ponthion au confluent de la Saulx et du Brusson.)

M. Royer-Collard cite encore la notice rédigée au XVIIIe siècle sur les différentes paroisses de l'élection de Vitry, par le président de Vavray, constatant que la paroisse de Ponthion payait encore à cette époque à l'abbaye du Val-de-Grâce, comme cessionnaire de l'abbaye de Compiègne, les deux tiers de ses dimes.

M. Royer-Collard pense que si les substructions trouvées à Ponthion par M. Pestre, ne répondent pas à l'impor

tance de l'ancien palais carlovingien, c'est que ce palais avait été détruit par Louis d'Outre-Mer, en 952; il aurait été reconstruit ensuite dans des conditions beaucoup plus modestes, par les seigneurs féodaux concessionnaires de l'abbaye de Compiègne, et en dernier lieu, au XVIIe siècle, par un magistrat de Vitry, M. Delaistre.

M. Barbat de Bignicourt désire présenter quelques observations qui n'infirmeront en aucune façon les témoignages historiques qui viennent d'être produits. Lui aussi pense que la résidence royale de Ponthion-en-Perthois ne pouvait être située ailleurs que sur les bords de la Saulx.

Mais la situation de l'ancienne maison royale est-elle bien définie? c'est là un point qui laisse à l'orateur des doutes nombreux. Du plan fourni par M. Pestre, il résulterait que cette ancienne résidence royale qui abrita tant de rois et de personnages illustres, qui vit un concile dans ses murs, qui reçut la visite d'un pape et fut témoin de l'hommage de la noblesse de France à Charles le Gros, en 885, n'aurait eu que les proportions mesquines du petit castel que M. de Frédy, dernier propriétaire du château de Ponthion, possédait en 1790 et qui fut détruit pendant la révolution! Ce plan donne aux constructions totales une longueur de 35 mètres environ sur une largeur de 20 mètres. Est-il possible que l'emplacement révélé par ces substructions soit bien celui de l'ancienne résidence royale?

M. Barbat de Bignicourt pense avec M. de Dion que les traditions et l'histoire sont souvent en contradiction avec l'archéologie et surtout la réalité des faits.

D'après l'orateur, les rois de nos premières races étaient en quelque sorte nomades. Ils se transportaient avec leur suite, leur famille, dans certaines résidences qui étaient

plutôt des métairies que des châteaux. Là, point de ces gros murs, que l'absence des moyens de destruction actuels en temps de guerre ne rendait pas nécessaires. Tout au plus de grandes salles et de vastes constructions se faisant suite les unes aux autres et offrant à des colonies de plusieurs centaines de personnes, hommes d'armes, prêtres, laïques, femmes, enfants, tous les avantages de l'habitation rurale.

En admettant même qu'au temps de Pépin le Bref, une construction plus solide que les autres se soit élevée en ce lieu, cette construction n'était qu'une des parties de la villa de Ponthion. Certains-lieux dits prouvent par leurs noms (notamment la Terre-d'Enfer, corruption de quelque dénomination relative à la maréchalerie) que des constructions de diverses natures, mais fort étendues, existaient là. C'est peut-être de ce côté que devraient se diriger les fouilles.

L'orateur fait remarquer que les constructions de Ponthion, aujourd'hui encore, sont en bois, et qu'aux époques romaine et franke, il devait déjà en être ainsi, qu'il n'est pas étonnant alors qu'on ne retrouve aucun vestige de l'ancienne habitation de nos rois à Ponthion. Le petit château de M. de Frédy était lui-même en bois. Le lieu est bas, plat, la contrée excellente comme qualité de terre; deux petites rivières l'enserrent, et la forteresse de l'ancien Vitry, située à deux lieues de là sur un mamelon élevé, prouve encore que la résidence de Ponthion n'a jamais été un château, une forteresse dans l'acception ordinaire du

mot.

La parole est ensuite donnée à M. Leblan, sur la 23o question, ainsi concue:

Existe-t-il dans le département de la Marne des églises antérieures au XI° siècle ? Existe-t-il des églises à date certaine ?

Nous avons l'honneur de présenter au Congrès un travail sur Saint-Remi de Reims, et l'examen des dessins nous amène naturellement à nous demander:

Quels sont les âges différents des constructions de l'église Saint-Remi de Reims?

Saint-Remi contient-il trois époques principales de constructions? l'une ogivale, l'autre romane, et une autre antérieure encore, qui appartiendrait à l'art carlovingien.

Ou bien ne contient-il que deux àges seulement, l'un ogival et l'autre roman?

En un mot, y a-t-il dans la basilique qui nous occupe des constructions antérieures à celles exécutées en vue de la grande consécration de 1049?

Il est peut-être bon de s'arrêter sur cette date, car elle sert de base à l'histoire du monument.

Cette date est indiscutable. Le pape Léon IX consacra l'église Saint-Remi le 2 octobre de l'année 1049. Le lendemain il y ouvrit un concile. Vingt évêques, cinquante abbés et un grand nombre d'ecclésiastiques distingués y prirent part.

Quelle était l'église de la grande consécration? c'est ce que la dissection du monument actuel nous apprendra.

Prenons le monument tel qu'il se présente aujourd'hui, avec son portail limité par ses deux clochers, sa grande nef avec ses bas-côtés, son transept, son chevet, et retran

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