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d'un temps qui sera bien plus utilement employé à la discussion des questions de notre programme. Avant de terminer, toutefois, je tiens à acquitter une dette de reconnaissance, au nom de la Société française d'Archéologie, dont je suis heureux d'être ici l'interprète, en remerciant tous ceux qui, à un titre quelconque, ont bien voulu nous prêter leur concours, soit pour l'organisation, soit pour la tenue de ce Congrès.

A Votre Grandeur revient tout d'abord, Monseigneur, l'expression de notre respectueuse gratitude, pour l'honneur que vous nous avez fait en venant présider à l'inauguration de nos travaux et diriger la discussion qui va s'ouvrir sur des questions qui ont été, de la part de Votre Grandeur, l'objet des plus sérieuses et des plus savantes études.

L'administration municipale de cette ville a bien voulu offrir au Congrès une généreuse hospitalité, et mettre à notre disposition cette belle salle où nous sommes en ce moment réunis; qu'elle en reçoive nos plus sincères remerciments.

Merci encore à la Société des Sciences et Arts de la Marne, à son digne président, qui nous ont prêté un si cordial et si actif concours pour la rédaction de notre programme et pour la solution des questions qui y sont posées.

Merci enfin à vous, nes chers et dévoués collègues, qui, en votre qualité de secrétaires généraux et de trésorier du Congrès, avez préparé et organisé cette session, dont le succès, je le dis avec bonheur, est désormais assuré. Six mois durant, vous fûtes à la peine, soyez aujourd'hui à l'honneur.

Ce discours terminé, M. Émile Perrier, secrétaire général, communique les excuses de M. le général Douay,

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retenu au loin par les besoins du service, ainsi que celles de M. le comte de Mellet, que la maladie a empêché de se rendre au Congrès.

Puis la Société compte ses morts illustres, plus nombreux cette année que jamais: Mgr Losana, évêque de Biella, en Italie; M. Bovy, ancien maire de Marseille; M. Savy, père, président de la Société d'agriculture de la Marne; M. le docteur Cattois; M. de Blois; M. l'abbé Cochet, surtout, dont le nom reste attaché aux plus brillantes découvertes. M. le secrétaire général fait ensuite connaître, en quelques mots, les ouvrages offerts au Congrès. En voici la liste:

De M. Auguste Denis :

1° Recherches historiques sur la petite ville de Suippes. Notes et documents inédits.

2o Essai sur la numismatique de la Champagne, représentée aujourd'hui par le département de la Marne.

De M. John E. Price F. S. T., honorary secretary of the London, and Middlesex archeological Society:

Roman antiquities illustrated by remains recently discovered on the site of the nationál safe deposite company's premiser, Mansion-House, London.

De M. C. Roach Smith:

The rural Life of the Shakespeare.

De M. Alfred John Dunkin, de Dartfort, Kent:

43 brochures, intitulées: Mines archéologiques, pour l'histoire de Kent.— Radulphi, abbatis de Coggeshal, opera quæ supersunt, curante Alfredo Johanne Dunkin. 1852.

De M. de Cougny :

1• Excursion en Poitou et en Touraine; Lettre à M. de Caumont.

2o Un volume du Bulletin monumental (1874).

3° Un volume, compte-rendu des séances générales du Congrès archéologique tenu à Châteauroux, en 1873.

De M. le chevalier J. da Silva :

Deux livraisons du Bulletin des architectes et des archéologues de l'association royale portugaise. Lisbonne, 1874 et 1875.

M. Lebeuf, ancien habitant du département, envoie d'Avranches une caisse d'objets antiques, recueillis dans la Marne une brique, trouvée au Mont-Aimé, portant l'inscription TAPRONIA, et divers autres objets gaulois avec des inscriptions en caractères inconnus, etc.

Enfin M. Morel offre le premier fascicule de l'album qui résume toutes ses recherches dans le département de la Marne.

La parole est ensuite donnée à M. Nicaise sur la première question du programme, ainsi conçue :

Quels sont les principaux points du département de la Marne où il a été reconnu des stations ou des ateliers des différentes époques de la pierre ?

MESSIEURS,

Le département de la Marne, qui possède de nombreux gisements de silex pyromaque, devrait montrer à l'observateur beaucoup de stations ou ateliers des époques de la pierre.

Jusqu'aujourd'hui cependant, bien que les trouvailles isolées y soient très-nombreuses, on n'y a découvert que peu de stations ou d'ateliers, et ces gisements appar

tiennent tous à l'époque de la pierre polie. On a trouvé cependant aussi çà et là un certain nombre d'instruments datant d'une époque antérieure, tels que des haches du type de Saint-Acheul.

Nous mentionnerons, et par ordre d'importance, les nombreuses grottes de la vallée du Petit-Morin, taillées dans la craie; celles de Saran, découvertes déjà au nombre de trois, taillées également dans la craie, et situées à l'est, sur le coteau de ce nom, près d'Épernay.

M. Isidore Godart a déjà donné communication de cette dernière découverte au Congrès tenu à Châlons-surMarne en 1855.

La grotte de Mizy, située près du Port-à-Binson, et que nous appellerons grotte-dolmen, car elle forme une véritable cella construite avec des blocs de silex meulière.

Les mémoires de la Société d'agriculture de la Marne, année 1861, ont donné sur ce gisement, qui constituait un ossuaire, une étude dont M. le docteur Remy, de Mareuil-le-Port, est l'auteur.

Mentionnons aussi les puits-sépultures de Tours-surMarne, type inconnu pour l'époque de la pierre, et que nous allons étudier avec vous.

Un puits de cette nature a été découvert par les travaux exécutés pour l'établissement du chemin d'Orléans à Châlons, dans le flanc d'un coteau situé près du village de Coolus.

Un des ouvriers, témoins de cette découverte, m'a fait connaître qu'au fond de ce puits, dont il avait pu constater la forme, se trouvait une tête de sanglier munie de ses défenses, et des pierres polies de différentes formes et couleurs. Tous ces objets ont été jetés aux déblais. Comme ceux de Tours-sur-Marne, ce puits était en forme de silo.

Les ateliers de la pierre découverts jusqu'aujourd'hui dans le département sont :

1° L'atelier de la Vieille-Andecy, situé non loin des grottes de Coizard, près de l'emplacement occupé autrefois par l'abbaye de la Vieille-Andecy.

Cet atelier, découvert par M. Joseph de Baye, lui a fourni un nombre considérable d'instruments ébauchés et de rejets de fabrication. Il y a trouvé aussi, nous le croyons du moins, un certain nombre d'instruments terminés.

2o L'atelier découvert par M. le docteur Aubrion, à Villeneuve-lès-Charleville, à vingt kilomètres de Sézannes. Ce gisement, a donné à son inventeur de nombreux instruments à tout état de fabrication, et quelques vestiges d'une époque antérieure, notamment deux pointes du type de Moustiers.

M. de Mellet a trouvé aussi aux environs de la Charmoye un atelier qui a fourni de nombreux objets à sa collection.

« J'ai trouvé ici à Chaltrait, m'écrivait M. le comte de Mellet, à la date du 5 octobre 1873, deux admirables types de haches de Saint-Acheul, et à deux kilomètres et demi d'ici, entre Chaltrait et la Charmoye, je suis tombé sur un champ de trois cents mètres en carré qui fut le lieu d'un atelier de l'âge de la pierre polie, et où j'ai recueilli plusieurs miliers de rebuts de racloirs, haches, flèches, en mauvais état. »

Nous avons nous-même découvert au pied du MontAimé, à la base du versant qui regarde le coteau de la Madeleine, les vestiges d'un atelier considérable. Mais, malgré de longues et minutieuses investigations, nous n'avons pu, dans un espace de cinq cents mètres carrés au moins, trouver autre chose que des rejets de fabrication. Tous ces débris sont en silex, d'un noir souvent

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