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en les examinant, il est possible de reconstituer sur certains points la physionomie de l'homme à l'époque néolithique. La multiplicité des instruments en roches étrangères atteste tout à la fois une grande recherche et des relations lointaines.

ARMES.

La hache figure au premier rang. Il est évident qu'elle devait avoir un emploi important dans l'usage ordinaire de la vie. Il serait difficile de lui donner une destination exclusivement guerrière. Les pointes de lances sont considérées comme des armes.

Les différentes variétés de flèches constituent un ensemble de projectiles. Ces flèches, finement travaillées, étaient-elles vulgarisées dans leur emploi? il y a bien des difficultés pour l'admettre. Que de temps, que de peine pour préparer ces projectiles qui sont de véritables bijoux! Les archéologues les ont souvent considérés comme des objets de luxe, des marques de distinction plutôt que comme des armes ordinaires.

Les flèches à tranchant transversal, si nombreuses, dont l'existence était l'objet d'un doute pour les archéologues français, grâce à leur présence dans nos stations, ont fixé l'attention des étrangers. Leur emploi est désormais reconnu. Bien plus, les savants du nord les considèrent comme un type caractéristique et les emploient pour dater certains gisements: témoin la découverte qui a été faite récemment dans l'ile d'OEland. Tout le monde sait que les flèches à tranchant transversal étaient fixées à une armature dont on a retrouvé plusieurs fois les traces.

Le couteau-lancette était vraisemblablement employé

comme projectile. Les tranchants en sont très-aigus et pouvaient causer de profondes blessures.

Les casse-têtes étaient formés avec la partie inférieure des cornes du cerf. Ces instruments pouvaient servir pour l'attaque et pour la défense, dans les combats. Ils étaient également employés pour la chasse.

ORNEMENTS.

Les colliers composés de grains de craie ou en pétoncle, étaient des ornements répandus. Plusieurs fois des grains très-délicats en schiste et en nacre formaient comme une résille sur la tête. Les dentales étaient employées aussi comme parure. Des coquillages appartenant aux espèces fossiles et d'autres à des espèces vivantes étaient percés et attachés comme il semble sur plusieurs points du corps. Certaines coquilles fluviatiles de la contrée même n'étaient pas dédaignées. On y trouve des anodontes en grande quantité. Les vertèbres de poissons, des grains composés avec des ossements creux, formaient des colliers d'un genre plus rare. Les dents des animaux étaient percées et portées comme parure ou comme souvenir. Les dents de cochon, si on en juge par la position où elles ont été trouvées, étaient disposées en ceinture. Les bélemnites étaient aussi utilisées comme ornement. On les perforait pour les suspendre, on les divisait, on les polissait pour les rendre transparentes. Il y a lieu de croire qu'on en fabriquait aussi des grains de collier, car nous en avons vu des ébauches. L'améthyste et le cristal de roche ont été trouvés dans les sépultures. Ils constituent des grains grossièrement travaillés, mais ils ont subi néanmoins une perforation et un certain polissage. Une particularité pro

voque l'attention, ce sont des rondelles détachées du crâne et percées d'un ou de deux trous et portées comme amulettes.

DEMEURES.

Les grottes qui servirent d'habitation étaient creusées dans la craie; ce ne sont plus, comme aux époques précédentes, des grottes naturelles utilisées comme abri. Ces grottes sont le travail de l'homme et pratiquées dans des terrains choisis et aux meilleures expositions. Les traces de fréquentation se remarquent non-seulement aux entrées, mais sur les parois, sur l'aire de la grotte. Souvent les murs sont rayés de mille manières et dans toutes les directions, comme on le remarque sur les murs extérieurs dans les endroits très-fréquentés.

L'intéressante question du troglodytisme à l'époque de la pierre polie se pose en présence de nos grottes. Je me contente d'en faire la mention.

SEPULTURES.

La sépulture des morts était l'objet d'un grand soin parmi les tribus qui habitaient les rives du Petit-Morin. On se tromperait beaucoup si l'on s'imaginait que le mode de sépulture était uniforme. Le soin, l'attention se reconnaissent dans toutes les sépultures, mais le mode en est varié. Les sépultures que nous pourrions appeler sépultures de famille, à cause du mélange des sexes et des âges, étaient généralement pratiquées dans une couche de cendre ou de terre pulvérisée. Des dalles brutes s'étendaient

sous le corps. Des pierres placées sous la tête et sous les pieds les soutenaient. Les corps, toujours disposés avec une grande régularité, reposaient autour de la grotte selon le nombre. Des instruments accompagnaient le corps. Les haches particulièrement étaient dressées le long de la paroi entre les divers sujets. Mais lorsque la hache était seule, sa place privilégiée était au sommet de la tête. Souvent les instruments avaient été déposés dans la main droite.

Nous avons remarqué plusieurs fois des ossements brûlés dans les sépultures dont nous parlons. Ils occupaient toujours le premier rang sur l'aire de la grotte. Cette particularité n'autoriserait-elle pas à supposer que le sujet était mort dans une contrée éloignée et avait été transporté après avoir subi une incinération. On pourrait encore supposer qu'il avait été apporté dans une migration.

D'autres sépultures présentaient les corps amoncelés les uns sur les autres, mais dans une succession régulière. Les mêmes soins, les mêmes attentions se rencontraient. C'est dans ces sépultures, où tous les sujets étaient exclusivement adultes, que les haches se trouvaient en plus grand nombre. Ces grottes sépulcrales avaient été creusées avec moins de soin. On y voit un travail précipité, impérieusement imposé par les circonstances. Dans ces sortes de sépultures, on ne remarque aucune trace de fréquentation. Il y a lieu de le croire, tous les sujets avaient été déposés simultanément après quelques luttes sanglantes.

Des archéologues se sont demandé si la grotte artificielle ne serait pas une altération du dolmen imposée par la nature du sol champenois dépourvu de ces vastes roches qui servaient à élever les dolmens. Sans vouloir trancher la question, nous pouvons néanmoins faire

observer que très-fréquemment les grottes elles-mêmes étaient obstruées par une énorme pierre qui aurait fourni un élément au dolmen lui-même.

MAGASINS.

Certaines grottes, qui n'offrent aucun des caractères distinctifs de la grotte sépulcrale et de la grotte habitation, paraissent avoir été destinées à servir de magasins. Il y a tout lieu de le croire et de nombreuses raisons autorisent à le penser.

REFUGES.

Plusieurs fois, à des distances assez considérables du groupe principal des grottes, on retrouve des excavations en forme de puits communiquant avec des chambres reliées entre elles par des galeries. Ces souterrains qui durent être pratiqués pour rechercher les filons de silex dans la craie, furent fréquentés dans la suite et utilisés comme refuges pendant les dangers de la guerre.

RELIGION.

La sépulture donnée avec tant de soin aux morts traités avec honneur et avec la plus délicate attention, atteste une croyance, elle affirme le grand dogme de l'immortalité. Ces figures, dont nous avons parlé en mentionnant les arts exercés chez nos tribus, sont, il n'en faut par douter, l'image de la divinité. Elles offrent des traits de ressem

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