conserver une grande solidité, donnant ainsi la sécurité contre les éboulements et les attaques. Les dispositions de la seconde entrée sont telles aussi qu'elles rendaient l'accès et la sortie assez difficiles pour éviter les surprises. Dans l'intérieur les mêmes soins, les mêmes attentions se répètent. Les parois sont généralement régulières. La voûte elle-même est traitée avec les précautions nécessaires pour lui assurer la solidité et un aspect agréable. Des étagères, des cloisons, des siéges sont pratiqués dans la craie vive. L'industrie s'accuse aussi dans le confectionnement des instruments. Les manches de haches sont très-souvent traités avec soin et avec goût. Ce n'est pas un travail grossier; il en est que nos habiles artisans ne désavoue raient pas. La céramique certainement est loin de révéler l'art du potier arrivé à ce perfectionnement que nous admirons à d'autres époques. Néanmoins le travail s'affirme, on voit poindre certaines combinaisons en vue de la solidité. Il existe une certaine préoccupation en vue de l'ornement; enfin on voit que l'homme s'ingénie. Si de l'architecture primitive, inspiration de la nécessité, nous nous élevons à ce que nous pourrions appeler les beaux arts, nous trouvons ces sculptures représentant des haches, dans l'état où elles devaient être nécessairement pour être employées comme instrument. Ces essais grossiers offrent néanmoins de l'intérêt et indiquent que l'inspiration personnelle avait sa large part, puisque ces sculptures et sont loin de représenter un type unique offrent dans chaque cas un sujet spécial. La hache n'a pas été le seul objet de l'inspiration des sculpteurs de nos stations; la figure humaine, plus ou moins fidèle, a été aussi représentée. Ces sculptures n'étaient pas évidemment destinées à figurer l'étre humain simplement et dans son état ordinaire. Il y avait là un autre but; on doit le supposer, On voit, une autre pensée apparait. Ce n'est pas seulement un produit de l'imagination, il y a une inspiration a religieuse; des archéologues distingués n'hésitent pas à l'admettre. INSTRUMENTS. La multiplicité des instruments est aussi une indication qui démontre une certaine activité. Les instruments étaient en bois, en os, en silex et autres matières minérales. Les grottes ont fourni de nombreuses traces de bois, mais généralement décomposé par le temps et réduit en une poudre impalpable. Dans une circonstance, à Villevenard, la partie ligneuse formant le manche d'une hache avait laissé des traces bien visibles sur l'aire de la grotte où l'on pouvait suivre la projection du manche. Dans d'autres, le bois ne présentait plus qu'une masse informe. Les instruments en os avaient mieux résisté à l'influence destructive du temps. Ils sont relativement assez nombreux et témoignent souvent d'un usage prolongé. La variété des formes autorise à conclure à la multiplicité des occupations. Nous ne citerons aucun d'entre eux, vous les avez vus et pouvez les juger. Les instruments en silex, beaucoup plus nombreux que les précédents, parce qu'ils sont pour ainsi dire indestructibles, jouaient un grand rôle chez les tribus préhistoriques. Ils sont très-variés, on en trouve qui portent la marque d'un usage certain et prolongé. Ce n'est plus le mobilier réduit du sauvage, il y a un véritable outillage attestant des occupations multiples. Il serait long de les citer tous. Ce n'est pas ici le lieu, mais néanmoins, XLII SESSION. 14 en les examinant, il est possible de reconstituer sur certains points la physionomie de l'homme à l'époque néolithique. La multiplicité des instruments en roches étrangères atteste tout à la fois une grande recherche et des relations lointaines. ARMES. La hache figure au premier rang. Il est évident qu'elle devait avoir un emploi important dans l'usage ordinaire de la vie. Il serait difficile de lui donner une destination exclusivement guerrière. Les pointes de lances sont considérées comme des armes. Les différentes variétés de flèches constituent un ensemble de projectiles. Ces flèches, finement travaillées, étaient-elles vulgarisées dans leur emploi ? il y a bien des difficultés pour l'admettre. Que de temps, que de peine pour préparer ces projectiles qui sont de véritables bijoux! Les archéologues les ont souvent considérés comme des objets de luxe, des marques de distinction plutôt que comme des armes ordinaires. Les flèches à tranchant transversal, si nombreuses, dont l'existence était l'objet d'un doute pour les archéologues français, grâce à leur présence dans nos stations, ont fixé l'attention des étrangers. Leur emploi est désormais reconnu. Bien plus, les savants du nord les considèrent comme un type caractéristique et les emploient pour dater certains gisements : témoin la découverte qui a été faite récemment dans l'ile d'OEland. Tout le monde sait que les flèches à tranchant transversal étaient fixées à une armature dont on a retrouvé plusieurs fois les traces. Le couteau-lancette était vraisemblablement employé comme projectile. Les tranchants en sont très-aigus et pouvaient causer de profondes blessures. Les casse-têtes étaient formés avec la partie inférieure des cornes du cerf. Ces instruments pouvaient servir pour l'attaque et pour la défense, dans les combats. Ils étaient également employés pour la chasse. ORNEMENTS. Les colliers composés de grains de craie ou en pétoncle, étaient des ornements répandus. Plusieurs fois des grains très-délicats en schiste et en nacre formaient comme une résille sur la tête. Les dentales étaient employées aussi comme parure. Des coquillages appartenant aux espèces fossiles et d'autres à des espèces vivantes étaient percés et attachés comme il semble sur plusieurs points du corps. Certaines coquilles fluviatiles de la contrée même n'étaient pas dédaignées. On y trouve des anodontes en grande quantité. Les vertèbres de poissons, des grains composés avec des ossements creux, formaient des colliers d'un genre plus rare. Les dents des animaux étaient percées et portées comme parure ou comme souvenir. Les dents de cochon, si on en juge par la position où elles ont été trouvées, étaient disposées en ceinture. Les bélemnites étaient aussi utilisées comme ornement. On les perforait pour les suspendre, on les divisait, on les polissait pour les rendre transparentes. Il y a lieu de croire qu'on en fabriquait aussi des grains de collier, car nous en avons vu des ébauches. L'améthyste et le cristal de roche ont été trouvés dans les sépultures. Ils constituent des grains grossièrement travaillés, mais ils ont subi néanmoins une perforation et un certain polissage. Une particularité provoque l'attention, ce sont des rondelles détachées du crâne et percées d'un ou de deux trous et portées comme amulettes. DEMEURES. Les grottes qui servirent d'habitation étaient creusées dans la craie; ce ne sont plus, comme aux époques précédentes, des grottes naturelles utilisées comme abri. Ces grottes sont le travail de l'homme et pratiquées dans des terrains choisis et aux meilleures expositions. Les traces de fréquentation se remarquent non-seulement aux entrées, mais sur les parois, sur l'aire de la grotte. Souvent les murs sont rayés de mille manières et dans toutes les directions, comme on le remarque sur les murs extérieurs dans les endroits très-fréquentés. L'intéressante question du troglodytisme à l'époque de la pierre polie se pose en présence de nos grottes. Je me contente d'en faire la mention. SÉPULTURES. La sépulture des morts était l'objet d'un grand soin parmi les tribus qui habitaient les rives du Petit-Morin. On se tromperait beaucoup si l'on s'imaginait que le mode de sépulture était uniforme. Le soin, l'attention se reconnaissent dans toutes les sépultures, mais le mode en est varié. Les sépultures que nous pourrions appeler sépultures de famille, à cause du mélange des sexes et des âges, étaient généralement pratiquées dans une couche de cendre ou de terre pulvérisée. Des dalles brutes s'étendaient |