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pieds. Cependant, il y avait des variations; une tombe, entre autres, contenait six vases sortant, comme on va le voir, des conditions ordinaires.

Avant de terminer l'exposé des observations faites dans la nécropole d'Oyes, je pense devoir signaler spécialement à l'attention du Congrès cette sépulture qui s'est présentée dans des conditions exceptionnellement intéressantes. La tombe n'avait que 060 centimètres de profondeur. L'excavation avait été pratiquée dans les dimensions ordinaires, bien qu'elle fût destinée à un enfant. Les pieds du sujet, déposé dans un cercueil en bois, étaient dirigés vers le levant. Le cercueil ne remplissait pas toute l'excavation qui avait été ménagée pour le recevoir; six vases étaient rangés à droite du cercueil et en dehors.

Ces six vases étaient disposés dans l'ordre suivant: une coupe en verre était placée aux pieds, à droite. Cette coupe a 011 centimètres de diamètre à l'ouverture et 005 centimètres de hauteur, elle n'est pas ornée.

A la hauteur des genoux, on trouvait un grand vase en bronze, renfermant un vase en terre rouge, sans ornements. Les deux vases étaient placés de champ, car l'espace manquait pour les poser à plat. Le vase en bronze, de forme ovale, a 0m25 centimètres de longueur et 0-22 centimètres de largeur. Un rebord renversé d'un peu plus de 002 centimètres, régnant autour, est orné d'une rangée de perles repoussées: Ce vase reposait sur un cercle de cuivre de 0-13 centimètres de diamètre qui avait été soudé avec l'étain. Les traces de la soudure restent visibles sur le cercle et sur le vase en bronze. Le vase en terre rouge, bien conservé, n'a pas d'ornements. C'est un plat de 014 centimètres de diamètre, rappelant la forme gallo-romaine. Vers la ceinture, une bouteille en verre. Un second plat en terre rouge se trouvait à la hauteur des

vertèbres dorsales. Il mesure 0m15 centimètres de diamètre et 0-06 centimètres de hauteur; la partie inférieure est ornée de dessins disposés sur quatre lignes, et paraît appartenir à la transition. Enfin un vase noir plus soigné que la masse ordinaire.

Le sujet accompagné de ces vases était un enfant de dix à onze ans. Une grande abondance de charbon se trouvait aux pieds. Des perles étaient répandues sur toute l'étendue du corps et paraissaient avoir été adhérentes aux vêtements. Sur la poitrine se trouvaient trois fibules, une grande et deux petites. La grande était placée sous le menton, et les deux autres plus bas, à droite et à gauche. Deux morceaux d'ambre étaient sous la tête, l'un d'eux avait été travaillé. Un morceau de cristal de roche suspendu par un fil de fer était au-dessous de la tête. Enfin un passe-lacet et un style en argent complétaient le mobilier funéraire.

Les silex travaillés se sont rencontrés aussi çà et là dans les sépultures d'Oyes. Certains archéologues, à l'occasion des silex trouvés dans de pareilles circonstances, ont pensé pouvoir affirmer que l'usage des instruments en pierre s'était prolongé jusqu'à l'époque. franque. La question re manque pas d'intérêt et préoccupe spécialement les archéologues en ce moment.

De vifs applaudissements accueillent la communication de M. de Baye, et M. de Cougny adresse à son auteur, au nom du Congrès, les plus chaleureux remerciments.

M. Pierrard, à propos du mémoire de M. de Baye, fait remarquer que les lances pourvues de crochets se développant de chaque côté au-dessus de la douille, dénotent un système de lances appelées sparum et relaté dans le dictionnaire de Rich.

L'honorable membre admet comme très-possible que les tribus franques aient mis intentionnellement des flèches en pierre dans leurs tombeaux, bien qu'elles ne se servissent plus que d'armes en bronze; en effet, ces peuples avaient conservé un véritable culte pour la pierre et pour les ustensiles en pierre; la présence d'armes en silex ne serait donc qu'une manifestation de la déférence que ces peuples avaient pour la pierre. Nous avons, du reste, encore un exemple de cette religion du souvenir, dans l'instrument en silex dont se servent les Juifs pour la circoncision.

M. de Baye dit que la question est très-controversée; il pense que les silex trouvés appartiennent à l'âge de la pierre. Qu'ils aient été introduits avec intention ou par mégarde dans les sépultures franques, ce qu'il importe d'affirmer, c'est l'origine ancienne des silex.

La parole est ensuite donnée à M. Auguste Denis sur la 11o question.

Quelles sont les découvertes de monnaies anciennes, à quelque époque qu'elles appartiennent, faites dans le département de la Marne depuis 1861?

Signaler et décrire celles de ces monnaies

qui sont remarquables, rares ou inédites, notamment celles qui se rattachent à la numismatique de l'ancienne province de Champagne.

« La découverte la plus importante, signalée depuis longtemps dans notre département, dit-il, est celle qui fut faite par des ouvriers terrassiers, en 1862, à Vertus : ils

mirent à découvert un vase contenant plus de 500 médailles romaines, en or, du haut-empire, la plupart d'une conservation parfaite avec des revers de la plus grande rareté. »

Ces ouvriers vendirent par lots, à Paris, Épernay, Châlons, Reims, le produit de leur découverte. Les médailles que M. Denis a eues entre les mains, étaient aux effigies de Faustine mère, de Geta, Julia Domna et Trajan. Elles sont passées dans les cartons de M. Hoffmann, marchand de médailles à Paris.

A Vertus ont encore été trouvées, par MM. Le Beuf et Denis, quatre monnaies de Renaud, évêque de Meaux. Elles appartiennent aujourd'hui à M. Eugène Deullin, d'Épernay.

En 1867, 6,000 petits bronzes antiques furent trouvés à Saint-Mard-sur-le-Mont; ces monnaies étaient aux effigies de Gallien, Constantin, Tétricus. Elles étaient mal conservées.

En 1870, à Bergères-lez-Vertus, découverte d'une médaille, à l'effigie de Flavien, et, au revers, de Mars victorieux. Cette pièce, cotée 500 francs dans les catalogues, appartient à M. Duquenelle, numismatiste rémois.

La même année, à Vitry, découverte d'un denier de Carloman (collection Charvet, au Pecq-Saint-Germain).

En 1873, à Saint-Memmie-lez-Châlons, découverte par M. Peignot, de monnaies d'or des rois de France, Jean-leBon, Charles V, Charles VI, et Charles VII. « Je possède, dit M. Denis, quelques-unes de ces monnaies sortant de l'atelier de Châlons-sur-Marne. »

Même année, à Épense, découverte de 360 blancs des rois Charles VI et Charles VII, avec une pièce d'or de Charles VII, frappée à Sainte-Menehould. A l'exception de la médaille d'or qui appartient à M. Deullin, d'Épernay,

la totalité de cette collection de monnaies a été acquise par M. Anatole de Barthélemy.

En 1874, des ouvriers travaillant pour le compte de la compagnie de l'Est ont mis à jour, à Guignicourt, 50 monnaies gauloises. La compagnie en a gratifié nos musées et nos sociétés savantes. M. Denis en dépose sur le bureau un spécimen. Cette monnaie représente d'un côté un œil ouvert, vu de profil; de l'autre un cheval au galop avec une rouelle ou disque entre les jambes.

On a longtemps attribué ces monnaies aux Trévires; M. de Saulcy les a restituées aux Remi.

Même année, à Trépail, découverte de 300 médailles, moyens bronzes, aux effigies de Constantin, Maximin, Gallien, Constance Chlore. Un lot fut vendu à Reims; l'autre lot a été acquis, partie par M. Denis, partie par la Société d'Agriculture de la Marne.

Au mois de mars dernier, découverte à Heiltz-l'Évêque d'environ 12 à 1,500 petits bronze romains du II° siècle de l'ère chrétienne. Ces monnaies sont encore la propriété de celui qui les a trouvées.

Enfin, au commencement du mois d'août, à Reims, rue Libergier, on a trouvé, renfermées dans un vase de cuivre. à long col, environ 2,600 monnaies romaines, allant d'Héliogabale à Gallien, mais ne renfermant aucun type rare ou précieux au point de vue de la numismatique.

M. Denis, qui s'occupe en ce moment à revoir un travail qu'il a composé sur les sceaux de la province de Champagne, donne connaissance au Congrès de divers sceaux qu'il a découverts, entre autres celui de l'ancien bourreau de Châlons.

Après l'intéressante communication de M. Denis, on aborde la 12° question ainsi conçue :

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