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découvertes qui me sont inconnues, j'ai lieu de croire que les exemplaires trouvés à Oyes sont les seuls remarqués jusqu'à ce jour en Champagne.

Épées.

L'épée franque, très-rare, n'a été trouvée que dans trois tombes. Une de ces épées ne présente plus qu'un tronçon déformé. Il ne sera pas sans intérêt de mentionner que dans un cas particulier une sépulture contenait une épée, une hache et une lance à crochets. Le fourreau était en bois comme la poignée. L'extrémité du manche de l'épée était rivée sur un ornement en cuivre.

Flèches.

On a rencontré aussi un nombre assez considérable de flèches. Les dimensions et les formes varient considérablement. Elles sont toutes en fer et pourvues de douilles. Dans une sépulture, elles avaient été réunies en un petit groupe où plusieurs formes sont présentées. On retrouve même dans ce groupe des formes évidemment empruntées aux flèches en silex. L'une de ces flèches est à ailerons.

Pilum.

Il a été trouvé aussi deux pilums. Le pilum, comme on le sait, est formé d'une tige de fer terminée par un bouton à plusieurs faces formant un cône imparfait, terminé par une pointe. Nous l'avons trouvé, dans une circonstance, muni d'une hampe en bois consolidée par deux frettes de

différentes grandeurs. La hampe, comme on le présume, avait été décomposée par le temps, mais néanmoins il était facile d'en mesurer la longueur qui s'étendait, y compris la partie métallique, jusqu'aux pieds et au delà, puisque la pointe du pilum avait été introduite dans la craie formant la paroi de la tombe du côté des pieds.

Dans une autre circonstance, le pilum se trouvait en rapport avec un instrument en fer pourvu d'un anneau en cuivre. Cet instrument formait-il la monture du pilum? Il est difficile de le dire. Nous avons présenté un dessin de cet instrument à la Société des Antiquaires de France. Il a été unanimement considéré comme nouveau et inconnu, et il n'a été proposé aucune explication relative à son emploi.

Faut-il considérer comme des armes une foule de lames de petite dimension et pourvues d'un seul tranchant? Le nombre en est considérable. On peut les regarder comme des couteaux susceptibles, dans certains cas, de servir comme armes.

Boucliers.

La nécropole franque d'Oyes a donné plusieurs tombes qui offrent un plus grand intérêt à cause des objets qu'elles renfermaient. Ces quatre tombes étaient profondes. Elles avaient deux mètres environ. Les cercueils étaient en bois. Ces trois sépultures renfermaient chacune un umbo, et deux d'entre elles contenaient une petite lance placée dans des conditions identiques. En dehors de ces circonstances communes elles se particularisaient par des objets propres à chacune.

Dans la première, l'umbo reposait sur la poitrine du

sujet. Un fermoir d'aumônière se trouvait à la main droite. Du côté gauche, deux couteaux. Enfin, à droite, vers les pieds, se trouvait une petite lance. La hampe en était fort longue et l'excavation pratiquée pour recevoir le cercueil ne donnant pas l'espace suffisant pour la contenir, la pointe avait été introduite dans la craie et franchissait. ainsi la limite où se terminait le cercueil.

L'umbo, à sa partie inférieure, a 0-18 centimètres, et, mesure 009 centimètres de sa base au sommet, qui est couronné d'une sorte de bouton. Il était assujetti au bois par quatre clous rivés, à larges têtes. Le manipule fortement arqué affecte à peu près la forme d'un demi-cercle ayant un arc de 0-48 centimètres. Il était attaché au bouclier par quatre clous de la forme de ceux de l'umbo. La poignée proprement dite est forte; de plus, si on en juge par la dimension et la longueur des clous qui se trouvent à droite et à gauche, le bois était très-épais dans cette partie du bouclier.

Le fermoir d'aumônière ne sort pas des formes connues, il mesure 0m22 centimètres de long.

La lance, dans la forme la plus simple et sans ornement, n'a que 025 centimètres de la naissance de la douille à l'extrémité de la pointe.

Les couteaux, mal conservés, du reste, ne méritent aucune mention.

Dans la seconde tombe, l'umbo était placé sur la tête, mais il en était séparé par une couche de terre de 0-50 centimètres d'épaisseur. Cet unbo présente 017 centimètres de diamètre à sa base, il est élevé de 0m 11 centimètres environ. Il adhérait au bois par cinq larges clous à têtes plates. Le manipule est rectiligne, il a 0m42 centimètres de longueur. Quatre clous l'assujettissaient au bouclier, et la main s'appliquait sur une poignée de 010 cen

timètres de long. Au-dessus des pieds se trouvait un coquillage univalve, vulgairement appelé porcelaine; l'ouverture longitudinale est bien conservée, on en voit parfaitement les denticulations.

La lance, pareille à la première, occupe exactement la même position.

L'umbo franc ne se présente pas, comme on le voit, sous une forme unique et invariable. Sa dimension variait également avec la stature du combattant. Il était une sérieuse arme défensive, comme l'indiquent les clous et l'épaisseur des bois. A en juger par la longueur des manipules, il pouvait avoir de 0-52 à 0-55 centimètres de diamètre dans les spécimens dont nous parlons. Il est de toute évidence que le bord s'étendait un peu au delà du clou qui fixait l'extrémité du manipule; la solidité l'exigeait ainsi. Les fragments de bois restés adhérents à l'umbo et au manipule ne permettent pas de douter qu'il ne fût en bois et non en osier.

Les boucliers gaulois différaient donc beaucoup des boucliers francs, il est à peine utile de le dire. Les premiers, plus grands, souvent en osier, étaient pourvus d'un umbo qui paraît avoir été un ornement plutôt qu'une arme défensive. Les seconds, au contraire, de forme ronde et petits, en bois et garnis d'un umbo en fer, offraient une grande solidité et constituaient une arme résistante. La monture variait, puisque nous trouvons, d'un côté un manipule courbe, et de l'autre un manipule rectiligne.

Il y a lieu de supposer que le bouclier, dans la forme que nous lui connaissons dans la nécropole d'Oyes, était aussi en usage dans d'autres régions. Il se rapproche de ceux trouvés à Charnay, en Bourgogne. L'unique manipule, mentionné dans un mémoire de M. Baudot, est rectiligne, comme l'un de ceux que j'ai trouvés moi

même. Cette ressemblance pourrait-elle autoriser à considérer la même arme comme étant en usage chez différentes peuplades barbares? La conclusion serait peut-être hardie. Il faudrait des faits plus nombreux. La présence de cette arme peut n'être que le résultat d'un fait isolé; de plus, les peuples en lutte s'inspirent mutuellement dans leurs moyens de défense, et alors les faits ne revêtent plus un même caractère originaire.

La troisième tombe contenait un umbo d'une nuance différente. Les têtes de clous sont en cuivre, ainsi que le bouton qui termine le cône de l'umbo. L'incurvation du manipule n'est pas aussi considérable que dans le premier dont il a été parlé.

Une quatrième tombe contenait aussi un umbo et une portion de son manipule.

Enfin, une autre tombe a donné des fragments de manipule.

Monnaies.

Les monnaies recueillies dans le cimetière franc d'Oyes sont en petite quantité. Trois sont gauloises, les autres sont romaines.

Les Mérovingiens n'ont fabriqué que de la monnaie d'or et d'argent, et ils n'ont jamais fabriqué de monnaies de cuivre. La monnaie usuelle sous leur domination était la monnaie romaine en cuivre. Cette dernière continua de circuler dans toute la Gaule, et servait pour les petites transactions, conjointement avec les monnaies d'or et d'argent, sous les chefs franks et burgondes. On s'explique ainsi comment les monnaies mérovingiennes font si complétement défaut. Plusieurs sont frustes, mais évidem

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