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1T SÉANCE DU MERCREDI 25 AOUT.

PRÉSIDENCE DE M. A. DE DION.

Siégent au bureau: MM. le colonel de Sailly, le colonel Virlet, le commandant Simon et G. de Felcourt.

M. de Vivès, remplit les fonctions de secrétaire.

Après avoir donné lecture de la dixième question ainsi

conçue :

Signaler les découvertes de gisements archéologiques des époques gauloise, gallo-romaine et mérovingienne faites depuis le Congrès tenu à Reims en 1861. Relater les lieux plus particulièrement explorés et faire connaître les plus remarquables parmi les objets trouvés.

M. le Président invite M. Joseph de Baye à faire connaitre le résultat de ses explorations du cimetière franc d'Oyes.

Mémoire sur la nécropole franque d'Oyes.

Le territoire de la commune d'Oyes, exploré depuis plusieurs années, a produit avec abondance des richesses archéologiques pleines d'intérêt. Les hommes de la pierre polie l'habitèrent; ils ont, en effet, laissé des traces frappantes de leur présence et de nombreux témoignages de leur civilisation. Un groupe considérable de grottes a été découvert. Ces grottes renfermaient un outillage, des

parures, des travaux qui apportent d'utiles renseignements. Ce point de notre Champagne a vu naître, dans les temps les plus anciens, l'usage du métal.

L'époque franque ou mérovingienne s'affirme par une nécropole très-importante. Sur une étendue de deux hectares environ, on rencontre à l'ouest du village un grand nombre de sépultures. Si on en juge par la présence des objets déposés dans les tombes, cette nécropole aurait pris naissance vers le commencement de l'invasion et se serait prolongée jusqu'à l'époque carolingienne.

Le christianisme a laissé des traces évidentes, plusieurs objets sont ornés de croix. Cette circonstance n'a rien de surprenant, puisque déjà au vi° siècle le monastère de Saint-Gond, situé à 800 mètres environ du cimetière franc, exerçait son influence civilisatrice sur la contrée.

Les tombes successivement examinées ont donné une foule d'objets très-variés qui contribuent beaucoup à faire connaître les mœurs, les habitudes des populations de cette époque.

LES TOMBES.

Les tombes qui contenaient les objets dont nous allons traiter, sont naturellement le premier sujet qui fixera notre attention. Elles étaient rangées dans un ordre régulier et dirigées vers le levant.

Ces tombes ne présentaient pas toutes un aspect uniforme. Elles offraient, au contraire, des variétés bien faciles à constater. Les cercueils en bois avaient été employés pour le plus grand nombre des sépultures. On retrouve fréquemment les clous et des traces de bois. D'autres en plus petit nombre avaient été pratiquées dans des cercueils en plâtre. Ces derniers se composent de plusieurs parties

soigneusement ajustées et formant un ensemble solide. Ils étaient pourvus d'un couvercle composé de la même matière. Celles qui ont été l'objet d'une attention spéciale sont munies d'une rainure qui règne sur toute l'étendue de la partie inférieure en longeant les parois. La rainure est perforée sur plusieurs points et communique ainsi avec le sol. On remarque sur les tombes de cette catégorie des ornements aux pieds et à la tête. Le sujet est généralement une sorte de roue en relief, que les archéologues considèrent comme une altération du monogramme du Christ, ou même comme le monogramme sous une forme modifiée, mais intentionnellement adoptée pour en dérober la connaissance aux profanes.

Cette catégorie de sépultures ne renferme généralement aucun objet. M. l'abbé Cochet, qui a visité une multitude de sépultures semblables, en avait fait la remarque il y a longtemps. Nous avons constaté une seule exception dans le cimetière d'Oyes.

Dans d'autres circonstances, la tombe n'offre plus un tout continu, elle se compose de parties détachées formant un chevet où repose la tète, et une sorte d'encadrement pour les pieds. La largeur de ces tombes est toujours beaucoup plus considérable à la tête qu'aux pieds.

On a trouvé aussi exceptionnellement une large dalle sur laquelle le corps était simplement étendu. Un autre mode de sépulture observé mérite également une mention; la tombe est simplement creusée dans la craie, elle forme un hémicycle à la tête, qui en remplit toute la capacité. Cette sépulture, comme les autres, est beaucoup plus étroite vers les pieds.

Ainsi que nous l'avons mentionné plus haut, les tombes sont régulièrement disposées. Elles remplissent à peu près tout l'espace consacré aux sépultures. Néanmoins, il y a

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