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lscheid, près de S Goar.

l'intimité de la famille, comme étant d'un usage plus facile. Aussi l'œnochoé recevait-elle les mêmes ornements que le cratère, qu'elle était appelée à remplacer. Hérodote rapporte (1. I et 1. IV) que, dans la fabrication du cratère, le marteau de l'ouvrier modelait autour des lèvres du vase des animaux ou des griffons qui s'avançaient en saillie; ces représentations fantastiques, nous les retrouvons sur l'œnochoé, quoiqu'à un moindre degré de perfection.

L'œnochoé substituée au cratère avait alors la place d'honneur, elle servait à faire des libations, et en cette qualité, elle était nécessairement couronnée. Du reste, saint Jérôme, ce savant si érudit, unit, pour l'ornementation, l'œnochoé, la coupe et le cratère.

Voici comment il s'exprime dans son commentaire sur ces paroles de l'Eccl.: Feci mihi scyphos et urceos in ministerio ad vina fundenda (c. 12): a Sive urceos, sive scyphos, sive crateres qui in ministerio ordinantur, auro gemnisque distinctos Salomonen habuisse credendum est. » L'œnochoé portait donc la même marque distinctive que le cratère et la coupe, et cette marque était la couronne, auro gemmisque distinctos.

Le mot oivoxón, que nous trouvons dans Hésiode, ne se reproduit pas dans la langue latine comme tant d'autres expressions grecques; il est remplacé par urceus, urceolus. C'est Budée qui l'affirme dans les explications du grammairien Phrynicus.

II.

En quoi consistaient ces couronnes?

Les couronnes des vases étaient ordinairement de la

même nature que celles qui ornaient le front des convives. La preuve en est dans ces paroles de Tertullien:

De coronis potatoris sui inornabitur calix (1. de Resurrect.). Le calice est orné des mêmes couronnes que porte celui qui le boit.

Dans le principe, c'était un simple diadème dont Bacchus est, dit-on, l'inventeur; c'était encore une branche de lierre, de myrte ou de vigne. Si les poëtes donnaient à Bacchus ou à ses adorateurs une couronne de vigne ou de lierre, le lierre aussi ornait la coupe de Théocrite, comme le pampre le calice de Prosperce.

Ces couronnes primitives, nous les retrouvons dans le cours de tous les âges. Néanmoins, dans l'intervalle, elles se compliquent, elles se transforment avec le progrès du luxe.

Sur le diadème nu, les anciens attachèrent des roses, ou même des feuilles de rose; et ils eurent ainsi la couronne sutile dont parle Martial:

Pinguescat nimio madidus mihi crinis amomo.
Lassenturque rosis tempora sutilibus (1. V).

Et Ovide:

Tempora sutilibus cinguntur tota coronis (1. V, Fast.).

D'autres fleurs remplacèrent successivement les roses, suivant le caprice et la mode du jour. Ces fleurs étaient souvent groupées en bouquets que l'on unissait avec du fil ou du jonc: Flores inserti et innexifilo ant scirpo (Tert.), et dont l'ensemble formait le sertum.

On fit même en l'honneur des trois Grâces, trois séries de fleurs, une série de roses, une serie de lis et une série de violettes et ces trois séries, attachées l'une à l'autre, composèrent, d'après Varron, les guirlandes antiques serta.

C'était ce qui était le plus en vogue du temps de Tertullien: « Et quod magis usui est, centenariis quoque rosis ex horto Mida lectis, et utrisque liliis et omnibus violis coronaris (De coron. mil.).

Dans d'autres temps ou d'autres régions, ces couronnes étaient faites indistinctement de toutes sortes de fleurs : Corona ex omnifariis floribus (Ath.), et de ces couronnes pendirent bientôt des lemnisques d'or: Cum lemniscis aureis (I.).

D'autre part, la couronne faite d'un rameau verdoyant, s'appela couronne plectile. Nous trouvons le mot dans Plaute.

Pro galea scaphium, pro insigni sit corolla plectilis (In Bacc.).

A Samos, cette couronne plectile était une simple branche de saule dont la mode dura jusqu'au temps de Pisistrate (Ath.).

Quand ce rameau faisait plusieurs fois le tour de la tête, c'était la couronne complectile.

Hederæ narcissique ter circumvoluto circulo.

Tortilium coronarum (Choremon in Baccho).

couronne chère aux Alexandrins (Ath., 1. XV). Plusieurs rameaux entrelacés donnaient la couronne nexile.

Tibi nexilibus

Turba coronis redimita venit (Senec. in Agamem).

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